Michel Barnier : « Je veux être le ministre d’une agriculture de pays »


Le dossier de l'avenir des produits dits d'origine, autrement dit des indications géographiques (AOC,AOP,IGP) a été largement ouvert dans le cadre du Salon de l'Agriculture, avec le témoignage du pruneau d'Agen s'exprimant dans un clip video du CECA.

Andrea Schmitz

Michel Barnier : "Je veux être le ministre d'une agriculture de pays"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/05/2008 PAR Gilbert Garrouty

Ce dossier des produits « sous signes de qualité » (l’expressionest parfois discutée) revêt une importance primordiale pour l’Aquitaine en raison de leur rôle économique, social et territorial. C’est ce qu’ont souligné Dominique Graciet, Jean-Pierre Reynaud, et Alain Rousset à l’ouverture de ces assises dont c’était le 10e anniversaire, le président de l’Aquitaine posant la question des OGM, comme le fera plus tard Guy Saint-Martin. L’on a ensuite bénéficié de l’intéressant éclairage d’Egizio Valeschini, économiste à l’INRA, qui attirait notamment l’attention sur le fait « que ce qui a de la valeur, c’est l’information sur le produit ». Aussi met-il en garde sur « l’insuffisante attention à la mise en marché pour le consommateur ». Constat à rapprocher du micro-trottoir de la vidéo qui fait ressortir l’ignorance du chaland. « Appellation d’Origine Protégée, protégée de quoi? » interroge une cliente de super marché.

Redonner de la différence
De plus « les différentiels s’atténuent entre les produits sous indication géographique et les produts standards ». La grande question est donc « comment retrouver de la différenciation ». Egizio Valeschnini suggère que l’on réponde aux attentes sociétales, en créant un label environnemental, en répondant aux questions des OGM, ou à la relation aliment santé. La question du goût lui paraît toutefois risquée pour être mise en avant. Pour Jean-Marie Sermier, rapporteur du projet de loi de 2006, les producteurs se trouvent en présence de cahier des charges « à faire vivre » de façon à ce que les indications d’origine collent au marché. Il n’en reste pas moins, a souligné le député du Jura, « que l’on est engagé dans une bataille avec les marques ».Le président de l’INAO Michel Prugue ne semble pas toutefois souhaiter tout bouleverser « les produits n’auraient pas vécu des décennies si le consommateur n’en avait pas voulu ». Il s’agit d’un « système moderne car reproductible ailleurs ». « Il permet le développement de certains types d’agriculture, donc de maintenir de l’activité dans certains secteurs ». Néanmoins, estime Michel Prugue, il faut se poser la question de la lisibilité des signes. D’autant que Serge Gay (Auchan) confirme qu’il est difficile de savoir si AOC et IGP sont attractives pour la clientèle. Michel Prugue entend aussi replacer le débat dans le contexte international de façon que « l’on ne dise pas qu’il s’agit-là d’une stratégie de pays riches ». Sans oublier toutefois que le principal bassin de consommation est l’Europe.

Alain Rousset et Michel Barnier au salon de l'agriculture d'Aquitaine


Barnier: le modèle français
De son côté Michel Barnier, au cours d’une intervention assez brève dans le cadre de son marathon girondin, a apporté de l’eau au moulin des tenants des indications géographiques soulignant son action au plan européen (préparation du livre vert) estimant que les indications d’origine « font la fierté, la marque du modèle alimentaire français ». Le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il va lancer une campagne de promotion de notre politique aux Etats-Unis, précisant que « dans certains Etats on y trouve de l’intérêt ». Elargissant la réflexion, Michel Barnier a souligné que le débat va s’intensifier au plan européen entre ceux qui veulent rénover la PAC et ceux qui veulent la détruire ».Il ne veut pas de l’idée anglo-saxonne d’une simple zone européenne libre échange. « J’ai beau être un libéral, je ne pense pas que le seul choix du marché soit suffisant. On ne doit pas affaiblir la première politique de l’Europe. » Michel Barnier voit dans les indications d’origine « une stratégie à la fois moderne et traditionnelle ». Et d’ajouter: » je veux être le ministre d’une agriculture de pays. Nous ne nous battons pas seulement pour une économie, mais pour une forme de société. Je ne me résoudrai jamais à ce que l’agriculture française soit industrialisée ».

Gilbert Garrouty

photos aqui: Gilbert Garrouty et Andrea Schmitz 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! SPÉCIAL > Nos derniers articles