Le cercueil de Montaigne caché dans les sous-sols du musée d’Aquitaine ?


musée Aquitaine
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/11/2018 PAR Romain Béteille

Une histoire mouvementée

C’est une découverte qui pourrait (re)faire date. En octobre dernier, de nouvelles observations ont été effectuées à l’intérieur d’un caveau implanté dans les sous-sols du musée d’Aquitaine, juste en dessous du cénotaphe restauré de Michel de Montaigne. En perçant deux trous et en implantant une caméra filaire à l’intérieur de ce caveau, on y a découvert un cercueil en bois avec une plaque en cuivre doré portant le nom de Michel de Montaigne, l’illustre penseur auteur des Essais. Aux côtés de cette plaque, on a pu discerner la présence de restes humains, « notamment un crâne et une mandibule », ce qui permettrait de supposer que les restes de l’auteur reposeraient bien à l’intérieur de ce caveau fermé hermétiquement.

Le cercueil de Michel de Montaigne a bien été installé dans la chapelle du couvent des Feuillants à Bordeaux, à l’emplacement même du musée d’Aquitaine en 1593, après sa mort dans son château en Dordogne en 1592. En 1802, le couvent est remplacé par le lycée, le cénotaphe et le cerceuil sont installés dans la chapelle du lycée, incendiée en 1871. Après cet incident, les restes de Montaigne sont transportés temporairement au dépositoire du cimetière de la Chartreuse et à nouveau déplacés dans la nouvelle faculté de lettres et de sciences, à l’emplacement de l’ancien couvant. Le tombeau a été placé quasiment à l’aplomb du cénotaphe et n’a jamais été ouvert depuis. En mars dernier, le cénotaphe a officiellement été restauré et installé à l’intérieur du musée d’Aquitaine. La récente découverte de la tombe et de restes d’ossements amène pour l’instant plus de questions que de réponses, pour arriver à déterminer s’il s’agit bien de la dépouille de l’essayiste. Le directeur du musée, Laurent Védrine, a ce vendredi détaillé les étapes nécessaires avant de, peut-être, pouvoir répondre à cette question. « Il y aura une première phase de constitution d’un vrai dossier documentaire. On a beaucoup de choses à retrouver dans les sources d’archives, qu’elles soient métropolitaines, départementales et nationales, pour resituer un peu le contexte de ce couvent des feuillants. Ce sera une enquête archéologique, il y aura constitution d’une équipe pour nous accompagner et d’un comité scientifique ».

Travaux multidisciplinaires

Hélène Reveillas, archéoanthropologue au centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole, en a dévoilé un peu plus sur les étapes essentielles de cette potentielle future découverte, qui devra d’abord passer par d’importantes études d’archives afin de connaître tous les mouvements du squelette au cours du temps. « On a un cercueil avec une plaque, mais on ne sait pas encore ce qu’il y a à l’intérieur », a affirmé la spécialiste. « L’analyse des restes humains va se faire comme pour n’importe quelle sépulture, en essayant de déterminer l’âge, le sexe ou les éventuelles pathologies. On va faire, parallèlement, des analyses ADN, ce qui sous-entend qu’il faut qu’on puisse avoir un échantillon de comparaison d’un descendant, qu’il reste encore à trouver. L’élément qui va être essentiel, ça va être l’ADN. Sa conservation sur les ossements dépend de plusieurs paramètres qui peuvent varier en fonction des conditions de conservation ».

Des recherches ont d’ailleurs débuté pour tenter de trouver ce descendant, mais ces dernières sont encore balbutiantes et préfigurent déjà d’importantes études généalogiques nécessaires. Les recherches étant encore balbutiantes, on ne devrait pas obtenir de réponse concrète avant de nombreux mois. Mais les chercheurs concernés promettent de nouvelles mises à jour régulières sur l’avancement des travaux au travers d’un blog, initialement conçu dans le cadre du financement participatif de la restauration du cénotaphe, achevée en janvier 2017. On laissera le mot de la fin à une blague entendue à deux pas du caveau des (potentiels) restes de Montaigne : « pour une fois qu’on est contents de tomber sur un os ! ». Aux chercheurs déterminer désormais à qui ces derniers appartiennent.

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