Bordeaux Métropole : les maires s’installent


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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 29/05/2020 PAR Romain Béteille, Clément Bordenave

Tous les conseils municipaux ne se sont pas déroulés, à l’évidence, exactement de la même manière partout. À Gradignan, par exemple, le maire sortant Michel Labardin (divers droite, sans étiquette), dont la liste a été réélue après sa victoire le 15 mars avec 72,41% des voix, a choisi de prendre un peu l’air. Ce premier conseil municipal de « reprise » s’est déroulé dans un parc, devant la mairie et le château de Laurenzanne, dans une ambiance champêtre. Il comprend 35 élus (renouvelé à 50%), tous installés pour l’occasion sur des tables d’écoliers, dont quatre d’opposition. À Talence, le conseil municipal s’est tenu le même jour, salle François Mauriac, à huis-clos et, comme dans beaucoup de cas, retransmis en direct. C’est le maire sortant, Emmanuel Sallaberry, qui rempile après avoir obtenu 53% des voix et une abstention de 63,13%, la liste divers gauche d’Isabelle Rami étant arrivée deuxième avec 39,24% des voix. Le nouveau conseil compte 43 conseillers dont 9 d’opposition et 16 adjoints.

À Eysines, c’est aussi la maire sortante, Christine Bost (PS) qui a été réélue ce mercredi 27 mai au théâtre Jean-Villar, pour un troisième mandat. En sortant un peu des frontières, citons quelques exemples singuliers de la démocratie girondine. À La Réole, on a choisi de rester virtuel. Ce jeudi 30 avril, c’est via l’application zoom que le conseil municipal s’est tenu, avec une démission surprise, celle de la cheffe de file de l’opposition, Aline Martin, qui avait réuni 27,3% des suffrages au premier tour. Le maire sortant, Bruno Marty, a en revanche été réélu sans surprise, et a promis que le prochain conseil serait physique. À Saint-Aubin, ce lundi, c’est un autre coup de théâtre qui a cette fois vu le premier adjoint Arnaud Ovide (huit voix sur quinze) ravir la place de maire à la tête de liste Philippe Rucelle, qui a démissionné. 

Lormont dans la continuité

Retour en métropole. Ce mercredi soir, le maire sortant de Lormont, Jean Touzeau, a été réélu avec 29 voix contre 35, au sein de la grande salle du complexe Brassens-Camus, aménagée en carré géant pour l’occasion. Avec une particularité lors du vote : cette fois, c’est l’urne qui est venue aux conseillers et non l’inverse, évidemment aidée par une paire de jambes volontaire. Au 1er tour le 15 mars dernier, le maire sortant, qui se présentait pour un quatrième mandat, avait obtenu 61,9% des voix pour 30,33% des suffrages exprimés face à Mathieu Bordenave (divers droite), Julie Rechagneux (RN, 20,47%) et Monica Cazanova (NPA), les trois autres candidats en lice. Dix adjoints ont été élus, tous membres de la liste de Jean Touzeau, avec une abstention de la candidate NPA et l’absence de vote du côté du RN. À la sortie, écharpe sur le dos, Jean Touzeau savoure sobrement une victoire « sans grand suspense. On a un très beau groupe et une belle majorité municipale avec beaucoup de diversité ». 

Lormont élection 2020

Premier adjoint depuis 1983 et maire depuis 1995, l’élu socialiste s’est félicité de la non remise en cause de sa légitimité, même si l’élue RN y est tout de même allé de son commentaire, soulignant que « l’abstention ne nous permet pas d’être fiers ».  « Quand on voit la faiblesse des résultats des opposants, on se dit que se présenter de façon individuelle n’avait pas forcément beaucoup de sens », continue le maire sortant. Les priorités de Lormont ont été désignées à travers quatre « pôles » (au lieu des dix délégations classiques pour le mandat précédent) : « ville durable, ville vivante (qui comprendra notamment les projets participatifs par quartier), ville inclusive et enfin ville épanouie », des pôles dans lesquels on retrouvera les délégations classiques, mais qui n’existent, selon Jean Touzeau, que pour répondre à un objectif : « favoriser de transversalité.

Les priorités, c’est avant tout la continuité, prendre en compte une ville et un territoire qui se transforment petit à petit. Je pense notamment au renouvellement urbain de Carriet, à la reconstruction de la piscine municipale ou à des projets structurants concernant le bâti de la ville. On apportera également une attention aux espaces publics et au cheminement doux, on entre désormais dans une phase de recherche qualitative des aménagements ». L’autre chantier qui risque d’occuper l’élu, c’est l’Opération d’Intérêt Métropolitain sur la rive droite, revenue sur le devant des débats politiques peu avant l’épidémie. « Elle est plus que jamais d’actualité. C’est une opération qui doit permettre de rééquilibrer la rive droite, qui n’a ni université, ni pôle santé, qui rencontre toujours des difficultés de franchissement et sur laquelle nous devons accélérer le développement économique. On a fait une partie du chemin puisque notre point de départ, c’est la ZUP, mais il faut encore faire un grand pas en avant ». Le prochain rendez-vous du conseil municipal sera l’occasion d’aborder un sujet sensible : le vote des taux de fiscalité qui, le maire l’a promis, ne devraient pas bouger. 

Cenon un brin agité

Sur la même rive, Cenon a aussi, ce jeudi, organisé le premier conseil municipal de sa mandature, et autant dire que les élus y ont mis les formes. « J’ai une pensée pour tous les habitants de Cenon touchés par le coronavirus », a débuté en préambule du premier conseil, délocalisé pour l’occasion au Rocher de Palmer, le maire de Cenon fraîchement élu Jean-François Egron. Le contexte sanitaire dans lequel s’est déroulé le premier tour cristallisait visiblement encore la colère de l’opposition qui l’a fait savoir au terme du vote des conseillers municipaux, qui a vu Jean-François Egron revêtir l’écharpe tricolore avec 27 voix contre 8. Fabrice Moretti, tête de liste d’ »Ensemble pour Cenon », a profité de sa prise de parole pour souligner le caractère « illégitime » de cette élection, rappelant qu’il avait déjà déposé un recours au tribunal administratif de Bordeaux.

Cenon élection 2020

Après les formalités protocolaires, fortement ralenties par la mise en place des gestes barrières, les délibérations étaient nombreuses. L’ordre du jour avait prévu entre autres le vote des indemnités des élus municipaux et le vote des différents délégués et responsables siégeant lors de syndicats mixtes, intercommunal et dans différentes commissions. En tout, ce sont un peu moins d’une trentaine de délibérations qui ont été votées, durant ce premier conseil particulièrement long puisqu’il a duré un peu moins de quatre heures, durant lesquelles l’opposition n’a pas manqué de prendre la parole chaque fois que l’occasion lui en était donnée. Au terme de la soirée, Jean-François Egron a tenu à rappeler les priorités de la ville de Cenon. « Nous avons deux axes principaux, dans un premier temps, celui de la jeunesse, avec par exemple la création de maisons de quartier. Le deuxième axe sera celui de l’environnement avec la création, entre autres, de pistes vélo sécurisées, mais aussi le réaménagement des différents parc et squares ».

Le Bouscat tranquille

Au Bouscat, le maire sortant réélu (avec 29 voix sur 35), Patrick Bobet, également actuel président de Bordeaux Métropole, a choisi de passer l’épisode de l’écharpe. Avec une opposition moins véhémente, il a précisé dans son discours introductif que le programme de sa liste serait sûrement « réajusté à la lumière des conclusions de la crise et des leçons qu’on en tire. On comprend bien que la population a besoin d’information et de participation, on en fera encore plus de ce côté. En termes financiers, il est probable qu’on aura des investissements retardés ». Le conseil municipal, qui a duré environ une heure et demie, a également été l’occasion de voter les indemnités des élus et du maire mais aussi de rendre hommage à son premier adjoint, le centriste Joan Taris, auquel « cette élection est dédiée », décédé en janvier 2018. « La qualité d’élu n’est pas à géométrie variable selon le groupe auquel on appartient », poursuit le maire. « Je sens une envie de travailler ensemble », a rajouté le maire sortant, qui a avoué, quelle qu’en soit l’issue, vouloir voter pour le maire de Bordeaux au poste de président de la métropole.

municipales 2020

La municipalité a donc élu dix adjoints (administration/urbanisme, éducation, action culturelle, finances, jeunesse et sports, espace public, relation usagers/ressources humaines, innovation sociale/logement, associations/animations et mobilité/police) et cinq conseillers délégués (transition énergétique, commerce, sport, affaires juridiques et politique séniors). Le vote des délégations s’est fait à main levée avec six absentions. Les prochains conseils municipaux se succèderont tous les quinze jours au Bouscat. Le prochain aura lieu le 9 juin, il sera notamment question d’un « bilan économique », évidemment chamboulé par l’épidémie.

Incertitudes

Si les communes évoquées, sans surprises (sauf exceptions) ont réélu leurs maires, il en reste tout de même quelques-unes pour qui le suspense est encore de mise. À Saint-Médard-en-Jalles, par exemple, le maire sortant Jacques Mangon a annoncé une union avec l’adversaire autrefois virulent à son égard Stéphane Bessière (sans étiquette) en vue du second tour, pour lequel il est en ballotage favorable après avoir obtenu 37,98% au premier tour. Stéphane Bessière, lui, était arrivé troisième avec 17,13% des voix, juste derrière la liste divers gauche menée par Stéphane Delpeyrat (27,93%). À Bègles, le candidat écologiste Clément Rossignol-Puech doit encore confirmer (49,68%) face à un échiquier divisé (sept listes au premier tour), tout comme Franck Raynal (45,41%) à Pessac (cinq listes au premier tour) ou Alain Anziani (42,33%) à Mérignac (huit listes au premier tour). Ce vendredi, le maire sortant a trouvé un accord avec la candidate écologiste, Sylvie Cassou-Schotte : le maire sortant accueillerait huit colistiers et la candidate serait la numéro 2 de la liste. Les listes de Thierry Millet (DVD) et Bruno Sorin (LREM) restent en lice.

L’une des grandes inconnues qu’il reste encore à trancher, c’est bien évidemment Bordeaux. Ce mercredi, le candidat LREM Thomas Cazenave (12,69%) a confirmé le maintien d’une liste pour le second tour, alors que la victoire du maire sortant Nicolas Florian (34,56%) s’était jouée dans un mouchoir de poche (96 voix d’écart) avec la liste écologiste/gauche de Pierre Hurmic (34,38%). Le quatrième larron, Philippe Poutou et sa liste anticapitaliste, avait obtenu 11,67% des voix. La campagne, qui va évidemment se dérouler dans des conditions singulières jusqu’au 28 juin (pas de meetings ni de rencontres), des nouvelles propositions et une consultation en ligne sur le volet économique pour Pierre Hurmic, par exemple. La quadrangulaire aura donc bien lieu, et la campagne à venir devrait révéler les ambitions sous une forme altérée.


Les maires élus au premier tour sur la métropole : 

Ambès – Kévin Subrenat (50,04%)

Bassens – Alexandre Rubio (DVG, 72,12%)

Bouliac – Dominique Alcala (DVD, 63,44%)

Blanquefort – Véronique Ferreira (DVG, 55,68%)

Cenon – Jean-François Egron (LUG, 52,18%)

Eysines – Christine Bost (DVG, 65,97%)

Gradignan – Michel Labardin (DVD, 72,41%)

Le Bouscat – Patrick Bobet (DVD, 59,01%)

Le Haillan – Andrea Kiss (LUG, 58,66%)

Le Taillan-Médoc – Agnès Versepuy (DVC, 70,33%)

Lormont – Jean Touzeau (DVG, 61,96%)

Martignas-sur-Jalle – Jérôme Pescina (50,42%)

Parempuyre – Béatrice De François (DVG, 51,37%)

Saint-Aubin-de-Médoc – Christophe Duprat (DVD, 74,75%)

Saint-Louis-de-Montferrand – Josiane Zambon

Saint-Vincent-de-Paul – Max Colès (55,55%)

Talence – Emmanuel Sallaberry (DVC, 53,04%)


Les maires en ballotage : 

Ambarès-et-Lagrave – Nordine Guendez (DVG, 30,63%)

Artigues-près-Bordeaux – Anne-Lise Jacquet (DVD, 37,94%)

Bègles – Clément Rossignol-Puech (DVG, 49,68%)

Bordeaux – Nicolas Florian (DVD, 34,55%)

Bruges – Brigitte Terraza (DVG, 47,40%)

Carbon-Blanc – Alain Turby (35,15%)

Floirac – Jean-Jacques Puyobrau (LUG, 48,61%)

Mérignac – Alain Anziani (DVG, 42,33%)

Pessac – Franck Raynal (DVD, 45,41%)

Saint-Médard-en-Jalles – Jacques Mangon (DVC, 37,98%)

Villenave d’Ornon – Patrick Pujol (DVD, 48,37%)

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