Bègles adopte l’urbanisme « raisonné »


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2018 PAR Romain Béteille

Urbanisme : Le coup de frein

C’est une tendance de fond qui s’est emparée des maires de la métropole bordelaise, et Bègles n’échappe pas à la règle. « On souhaite maîtriser l’urbanisme pour ne pas dépasser le rythme actuel du Programme Local de l’Habitat, qui fixe le seuil de construction à 320 logements par an. Bègles doit conserver son aspect « village » et rester une ville dynamique. Elle a bénéficié de l’effet tramway et LGV. En 2018, il y a autant d’habitants qu’en 1968, soit près de 28 000. En gardant ce rythme, nous devrions être environ 35 000 dans cinq ans ». L’attractivité de la métropole n’est donc pas démentie par Clément Rossignol Puech, mais ce dernier affirme quand même avoir sérieusement réduit (comme, par exemple, Mérignac, ou Saint-Médard-en-Jalles), la frénésie urbanistique. En un an, j’ai réduit et refusé des projets de plus de 1000 logements. Nous sommes pourtant l’une des cinq villes de la métropole les plus dynamiques en termes de constructions de logements, mais on ne peut pas raser une ville pour en refaire une… ». En moyenne, la ville de Bègles a refusé 17 projets sur 20 présentés depuis janvier. Elle concentre ses nouvelles constructions sur des zones de projets prédéfinies, notamment celle des 50 000 logements autour des axes de transports. Reste que cette tendance n’était pas forcément celle de son prédecesseur. « On était à plus du double de ce chiffre de 320 logements par an l’année dernière. Ce n’était pas tenable. Je souhaiterais imposer, en dehors des zones de projets, un R+1 au maximum à Bègles », confie l’élu vert.

Cet urbanisme maîtrisé a cependant un risque majeur : repousser toujours plus loin les 20 000 nouveaux habitants qui arrivent chaque année en Gironde (dont environ 10 000 hors de la métropole bordelaise). « La ville n’est plus capable de suivre du côté des services et des équipements publics. Nous sommes jusqu’en R+4 le long de la route de Toulouse et en R+2 au niveau du tramway, mais nous voulons éviter une mutation trop rapide ». Pour le vice-président de Bordeaux Métropole délégué à la nature (ça ne s’invente pas…), ses 27 autres collègues maires doivent aussi assumer leur part dans la lutte contre cet étalement urbain menaçant. « Je ne veux pas faire le travail des 27 autres maires. Quand on accueille une ligne de tramway, il faut accepter de densifier ». Bègles tente pourtant de respecter un objectif concret : elle est actuellement à environ un tiers de logements sociaux (28%) et un tiers d’accession à la propriété dans son ratio de construction de nouveaux logements. C’est aussi là que l’on a vu les premiers modèles d’habitats participatifs (La Ruche) fleurir dans le département. En attendant, le dynamisme économique ne freine pas, lui : la Cité Numérique et le parc Newton devraient créer 3000 nouveaux emplois dans les deux ans sur Bègles.

Des transports maîtrisés

Pour tenter de garder cette sacro-sainte « qualité de vie » chantée à tous les clochers, le levier des transports est aussi important pour le maire écologiste. Reste que pour lui, l’enjeu principal pour rendre la mobilité plus vivable, c’est de jouer sur l’usage de la voiture. « On raisonne à usage constant mais il faut développer le co-voturage de manière beaucoup plus forte. Washington, c’est quarante kilomètres de voieries qu sont réservées aux aires de co-voiturage. Avec la mise à deux fois trois voies de la rocade, les élus avaient voté pour qu’une troisième voie soit réservée au co-voiturage et aux transports en commun, je n’ai depuis pas vu l’ombre d’une avancée au niveau de l’Etat sur ce sujet ». Pour Clément Rossignol Puech, les nombreuses aires existant déjà en Gironde ne suffisent pas, il faudrait un plan ambiteux de la métropole sur ce sujet, plus proche de ce qui a été fait avec le tramway que le deuxième plan vélo voté en décembre 2016. Et pourquoi pas « faire des voies réservées avec un péage positif », interdire les poids lourds aux heures de pointe ou créer un péage pour la circulation de transit ?La ville réfléchit de son côté à créer ses propres aires de co-voiturage, et une contractualisation avec plusieurs parkings de supermarchés serait à l’étude.

L’élu vert est également favorable, sans grande surprise, à la taxe carbone, pas forcément très populaire au moment ou la loi d’orientation sur les mobilités passe encore de main en main. Au niveau local, Bègles a cependant une ambition politique forte : devenir la première ville intégralement à 30km/h en Gironde, « probablement d’ici 2020. Toutes les voieries résidentielles sont étroites, mais c’est officiellement limités à 50. L’objectif c’est de tout passer à 30km/h ». En attendant cette mesure, Clément Rossignol Puech paraît être l’un des seuls frondeurs proches du pont Simone Veil à souhaiter que le pont de pierre reste fermé aux voitures et aux deux roues (comme on l’a vu récemment, plusieurs maires de la Rive Droite sont d’un avis inverse). « Ce serait un très mauvais signal », a-t-il répété. Côté projets, Clément Rossignol Puech est visiblement plus emballé par le développment des BatCub (surtout s’il se fait « en amont du pont de pierre jusqu’à Bouliac et au port de Bègles ») ou d’un téléphérique (il a indiqué qu’un projet entre les Rives d’Arcin et la Gare de Bègles était actuellement en ébauche) que par le développement futur d’un métro : « il ne règlera pas les problèmes (…) et je ne suis pas certain qu’on en ait les moyens ».

Calendrier politique

Pas vraiment le temps de souffler pour le maire écologiste : alors que les prochaines élections municipales n’auront pas lieu avant 2020, ce dernier affirme déjà y penser. A l’image des premiers mouvements qui se dessinent du côté de la mairie de Bordeaux, Clément Rossignol Puech a déclaré qu’un « think thank avec les habitants pour réfléchir sur les enjeux de la ville et de la métropole » s’était réuni pour la première fois il y a plusieurs jours, même si la campagne publique n’a pas encore commencé. « Si les béglais le souhaitent, je réunirai une nouvelle équipe municipale avec un rassemblement très large », tandis que l’idée d’une union aux européennes pour son prédécesseur semble s’éloigner. Oui, mais large comment ? « Toute la gauche, jusqu’au centre ». Quant-à-savoir si un ou plusieurs élus d’En Marche pourraient rejoindre le mouvement, l’élu n’est pas fermé : « on peut discuter avec tout le monde ». Pour ce qui est de la métropole, l’écologiste a beau y siéger, il y déplore un « déficit de portage collectif dans ses enjeux et un déficit démocratique dans les règles du jeu électoral. Au final, il n’y a pas d’élus au suffrage universel direct, c’est une coopération entre maires ». Il se prendrait même à rêver à une partie des listes municipales sous forme métropolitaine en 2020, avec une « vraie campagne électorale sur les enjeux de la métropole pour qu’elle ait une vraie légitimité démocratique. Cela dit, je sens que ça ne sera pas appliqué… ». Comme pour le pont Simone Veil, il reste au moins jusqu’en 2020 pour commencer à y réfléchir…

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