Métropole : Alain Juppé conjugue au futur


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 19/09/2017 PAR Romain Béteille

C’est ce qu’on appelle le jeu du chat et de la souris. Ce mardi, Alain Juppé a donné sa traditionnelle conférence de presse de rentrée à la métropole (en présence d’une partie des maires des vingt-huit communes concernées et d’élus municipaux). Évidemment, personne n’a manqué cette occasion pour lui demander de commenter la récente actualité politique, notamment concernant le ralliement de sa première adjointe, Virginie Calmels, à Laurent Wauquiez, favori parmi les candidats à la présidence des Républicains. « Je ne veux pas m’en mêler », a ainsi confirmé le Président de Bordeaux Métropole. « J’ai été chef de parti pendant des années et des années, j’ai perdu l’envie de m’y intéresser. Je ne labellise personne, je ne soutiens ni combat personne, sauf que j’ai fixé mes lignes rouges et si le parti franchissait ces lignes rouges, j’en tirerais les conséquences. » Virginie Calmels, elle, était bien dans les rangs parmi les élus, et Alain Juppé lui a brièvement renouvelé son soutien public. « Elle continue, parce que je lui fais confiance, à assumer sa responsabilité de première adjointe et de vice-présidente chargée du développement économique, elle le fait très bien ». La vague qui a un peu agité l’actualité politique de la droite ces derniers jours n’en est donc pas une : « tout va bien » nous dit le message en substance. Le maire de Bordeaux a également été questionné sur le potentiel renouvellement de son mandat de maire et les candidats possibles à sa succession, auquel il a répondu un lapidaire : « le jeu est ouvert », sans pour autant se fermer la porte à sa propre succession, « une hypothèse ». 

Transports : des hauts et débats

Les petits jeux politiques n’ont bien sûr constitué qu’une maigre partie de cette conférence de rentrée, où quelques annonces ont été faites, se concentrant autour de sept thèmes différents : mobilité, logement, emploi, tourisme, propreté, sécurité et « qualité de vie ». Du côté des transports collectifs, on ne s’étendra pas sur les lignes C et D du tramway dont on a déjà longuement parlé, si ce n’est pour préciser que le sujet potentiel d’une extension de la ligne D vers Saint-Médard-en-Jalles revient sur le devant de la scène par le biais de son maire, Jacques Mangon, qui avait prévu de remettre ce mercredi 10 042 pétitions signées par des citoyens favorables à l’extension » (une réunion publique est d’ailleurs prévue dans la commune le 22 septembre à 19h). On ne reviendra pas non plus sur le nouveau plan vélo à 75 millions d’euros.

Concernant l’expérimentation sans voitures du pont de pierre, en revanche, tous les voyants semblent bien être au vert « le suivi attentif de l’expérimentation nous montre que les raisons de s’en réjouir sont supérieures », a déclaré Alain Juppé, précisant que ce test grandeur nature devrait être prolongé jusqu’en janvier 2018, date à laquelle une décision définitive sera prise. Autre annonce (sans pour autant que ce soit une surprise) : le stationnement payant dans les rues de Bordeaux va s’étendre, concernant les quartiers Belcier en septembre et Bastide en octobre. On parle en tout de 14 000 places actuellement gratuites qui vont devenir payantes d’ici 2019. Enfin, le stationnement en surface augmentera considérablement à partir du 1er janvier prochain : la troisième heure sera ainsi facturée entre trente et trente-cinq euros selon les quartiers, et ce pour contrer la dépénalisation du stationnement (les trente-cinq euros étant une « redevance » qui remplacera l’amende à 17 euros). L’ancien Premier Ministre a également précisé que de gros efforts restaient à faire sur le covoiturage, qui « ne marche pas bien. Il faut trouver des moyens de l’encourager ». 

Logement : Construire, mais dans les règles

Le logement était également au centre des attentions ce mardi. Le maire de Bordeaux a confirmé « vouloir convaincre le gouvernement de mettre la ville dans la liste des zones en tension pour pouvoir bénéficier des mesures qui leurs sont accordées ». Construire de nouveaux logements reste bien une priorité pour les maires des communes de la métropole (environ 7000 nouveaux logements chaque année pour Bordeaux, un rythme que la municipalité souhaite maintenir), comme on le voit aisément au travers de la multitude de projets présentés ces derniers mois (sans parler d’Euratlantique ou de Bastide Niel, on a dernièrement confirmé la création de 1300 logements dans le quartier Brazza dont quarante en volumes capables), de Mérignac à Pessac en passant par la Rive Droite.

« Notre objectif reste de construire, mais dans un cadre de limite des prix ». Terminée, aussi, la ruée vers l’or d’Airbnb, depuis les mesures prises par Bordeaux (déclaration en mairie ou transformation de l’usage du logement en « local commercial pour éviter que ce type de logement n’évince l’habitat traditionnel ». Alain Juppé est cependant resté plus prudent sur la question des logements sociaux, actuellement au centre des attentions nationales depuis que le gouvernement a annoncé espérer une baisse des loyers pour compenser l’impact social de la baisse des APL. « Si les bailleurs sociaux baissent les loyers, ils ne les investiront plus pour construire de nouveaux logements… », a déclaré le maire de Bordeaux après sa rencontre ces derniers jours avec des bailleurs sociaux. 

Social et vie locale : en avant, en arrière

En matière d’éducation et de social, deux annonces sont principalement à retenir. D’abord, le retour probable (au delà de la fin 2017) à la semaine de quatre jours pour Bordeaux. Au sein de la métropole bordelaise, Le Bouscat, Bouliac et Pessac suivent le mouvement. Reste que le chantier de l’éducation donne à Bordeaux de quoi faire : pas moins de quatre-vingt dix nouvelles classes devraient être créées d’ici 2020 (et 500 nouvelles places pour la petite enfance). Cela ne sera pas le seul changement pour les enfants au sein des écoles bordelaises : les couverts en plastique, dénoncés par un collectif de parents d’élèves ces dernières semaines, vont disparaître à partir du 1er janvier 2018, après qu’une étude aux résultats positifs mais contestés ait délivrée ses résultats récemment. « On va essayer de trouver autre chose ». Pour leur sécurité (et aussi la vôtre), la mairie de Bordeaux a annoncé le recrutement de 25 nouveaux policiers sur la période 2018-2019, histoire d’avoir une « prévention soutenue », et la création d’un « conseil de la nuit » pour concilier les fêtards et les dormeurs.  

Pour le reste, peu d’annonces ont été faites, notamment en matières d’emplois. La métropole va « continuer d’accompagner les acteurs structurants, mettre en oeuvre la marque Magnetic Bordeaux, travailler sur un schéma d’accueil des entreprises et… c’est à peu près tout. Concernant le tourisme, pas grand-chose non plus si ce n’est l’annonce de la réalisation d’une future étude sur la qualité de l’air respiré par les riverains, une manière pour Alain Juppé de botter en touche concernant la pollution produite par les paquebots de croisière faisant escale à Bordeaux. « Nous avons accueilli en 2016 cinquante paquebots de croisière et 33 000 passagers. Marseille c’est 150 escales, 1,6 million de passagers. Comparer Bordeaux à Marseille est une aimable farce ». Il a également précisé que cette activité devait être maintenue pour une simple question d’attractivité… et d’économie. Dernières annonces, la création d’un « plan propreté », malgré le dévoilement d’un (miraculeux) sondage Ifop précisant que 79% des usagers seraient satisfaits du service d’ordures métropolitain. Ce dernier sera discuté en conseil de métropole dans le courant du mois d’octobre. Et puisqu’on est dans les plans, parlons de celui concernant les piscines de la métropole, pour « trouver des solutions à moyens terme » au déficit de ces dernières et ce même après la réouverture de la piscine du Grand Parc (celles de Galin, Talence ou Ambarès sont par ailleurs toujours fermées). 

En route vers 2030

En guise d’ouverture, quoi de mieux que le long terme ? Si Alain Juppé est resté volontairement ouvert quant aux questions sur son propre avenir, il a en revanche ironisé sur le nouveau rabot fiscal promis par le gouvernement (prévoyant treize millions d’euros d’économies pour les collectivités locales et la suppression de la taxe d’habitation), précisant avoir « porposé dix milliards lors de la primaire, cela n’a pas convaincu, ils se sont peut-être dit qu’il fallait faire plus ». Concernant les emplois aidés, leur maintien devrait être négocié dans les associations des quartiers politiques de la ville (comme par exemple l’association Promofemmes à Saint-Michel, qui dispose de trois emplois aidés). Message en substance face à ces réactions à l’actualité nationale : on attend que le gouvernement clarifie ses positions. Mais on prend quand même un peu les devants : une « conférence des maires de la métropole » devrait avoir lieu en novembre pour réfléchir à ce fameux financement des collectivités locales. Enfin, Alain Juppé a annoncé vouloir lancer un « remue-méninges général en 2018 pour penser au Bordeaux de 2030 voire de 2050. Au menu : problème de la « congestion de l’agglomération », « vivre-ensemble » et « décarbonnement ». Vaste programme qui pourrait bien ressembler à celui d’un futur mandat, au secret pour l’instant bien gardé…

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