La méthanisation suscite de l’intérêt auprès des acteurs landais : des chaises ont du être rajoutées ce jeudi matin dans la salle Adour de la Chambre d’Agriculture des Landes pour accueillir l’ensemble des participants à la réunion. Majoritairement présents : des élus, ou représentants de collectivités, mais aussi quelques agriculteurs, porteurs de projets, ou encore entrepreneurs de travaux agricoles. Pour les accueillir, Monique de Marco, Vice présidente du Conseil régional d’Aquitaine, Elodie Michels, chargée de mission méthanisation au Conseil régional ainsi que Jérémie Priarollo du cabinet d’étude Solagro et Matthieu Lalane de l’APESA, deux structures partenaires pour la réalisation de l’étude « Gisement et potentiel de développement de la méthanisation en Aquitaine ».
Chaleur et/ou électiricité et/ou gaz naturelAu niveau régional, le potentiel de développement est fort : 1 600 GWh mobilisable à l’horizon 2030, soit 11% de la consommation de gaz naturel à l’échelle régionale. Un potentiel important qui s’explique par le gisement élevé de la ressource nécessaire au fonctionnement d’unité de méthanisation : majoritairement des fumiers, lisiers et sous-produits des cultures agricoles, qu’elles soient maraîchères, céréalières, viticoles ou encore forestières. Mais, à côté de ces gisements agricoles, il faut ajouter les déchets verts des collectivités ou des agro-industries qui peuvent aussi venir nourrir les cuves des méthaniseurs dont le principe est la fermentation de matières organiques sans oxygène pour produire, selon le modèle et la taille d’installation choisie, de la chaleur et/ou de l’électiricité et/ou du gaz naturel. Le tout permettant un débouché durable et local des déchets agro-industriels et bio-déchets des collectivités, dans une gestion optimisée (désodorisation du processus notamment), assure Jérémie Priarollo.
En Aquitaine, sur une ressource totale de 11 Millions de tonnes, l’étude estime que 30% de celle-ci, soient 4M de tonnes peuvent être mobilisés pour la méthanisation. Dans les Landes, département dont le caractère agricole n’est pas à démontrer, la ressource mobilisable est également bien présente, avec au total, un potentiel de production électrique de l’ordre de 320 000 MWh. Si géographiquement parlant la carte présentée ce 11 juin démontrait un gisement de ressources particulièrement important dans le nord du département, les experts présents ont insisté sur le fait que l’ensemble du territoire pouvait bel et bien recevoir des unités de méthanisation. Y compris dans les zones déjà pourvues, telles qu’Hagetmau où vient d’être lancé l’installatin de Méthalandes, qui est à ce jour la plus grosse unité de méthanisation en France, qui utilise à elle seule 140 000 t de ressources (principalement des effluents d’élevage) pour une puissance électrique de 4,5MW.
Pensés au niveau localQuel que soit le secteur géographique, l’enjeu de ces projets de méthaniseurs, qu’ils soient agricoles (individuels ou collectifs) ou à plus forte raison, de dimension territoriale impliquant des collectivités et/ou des agro-industries, est qu’ils soient bien pensés au niveau local, ont souligné les intervenants. Et cela à tous les niveaux, qu’il s’agisse de l’approvisionnement en déchets organiques, de la disponibilité des réseaux nécessaires à proximité (gaz et électricité par exemple, dans le cas d’une unité de taille relativement importante) ou encore sur l’acceptabilité du projet par la population. Une population à intégrer le plus en amont possible, pour une meilleure explication, communication et donc compréhension et adhésion au projet.
Pour l’heure, les Landes comptent au total, un peu moins d’une quinzaine d’unités de méthanisation installées ou en projets avancés. L’étude estime que sur environ 130 projets réalisables dans les année à venir en Aquitaine, les Landes pourraient être le terrain d’implantation d’une grosse vingtaine… Des perspectives qui ne sont pas pour déplaire aux participants de la réunion avec deux bémols tout de même, la question des délais de réalisation de ces projets, qui restent en France particulièrement long (jusqu’à 5 ans pour les plus importants), et du côté des agriculteurs, dans le cadre de projets de territoire, une meilleure rémunération des déchets liés les co-productions agricoles végétales, qui demandent souvent des équipements spécifiques dans lesquels investir, pour pouvoir les récupérer.
Enfin, suite à cet exposé encourageant sur le potentiel landais, Julie Michels a présenté le dispositif « Méthaqtion », développé en partenariat entre le Conseil régional, l’ADEME et la Fédération régionale des CUMA. Celui vise à un accompagnement financier et technique des porteurs de projets. Avec un recul de 4 ans et 12 projets accompagnés par ce dispositif, ce dernier a en moyenne permis un taux de financement public de 30%. Ce qui est légèrement supérieur aux autres régions françaises, dont le taux de subvention sur ce type de projet est plutôt situé entre 20 et 25%.
Prochain rendez-vous départemental: le 16 juin dans les Pyrénées-Atlantiques