Mérignac fait son devoir de mémoire


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Mérignac fait son devoir de mémoire

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2017 PAR Romain Béteille

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, la ville de Mérignac tient, du 14 mars au 15 avril prochain, une exposition à la médiathèque revenant sur un pan original et assez méconnu de l’Histoire locale, la création d’un grand hôpital américain sur son territoire en 1917. La ville organise également, durant tout le temps de l’exposition, quelques évènements comme des visites commentées ou encore un curieux spectacle devant le Monument aux Morts. Jean-Michel Boutet, bibliothécaire, et Céline Delahaye, archiviste, sont revenus avec nous sur cette programmation et la manière dont le contenu de l’exposition a été monté. 

@qui bordeaux métropole – Comment est venue l’idée de départ concernant l’angle de cette exposition commémorative ? 

Céline Delahaye, archiviste – On a commencé une réflexion autour de la direction de la culture sur la manière de commémorer le centenaire. L’angle que l’on a choisi, c’est de donner une dimension locale aux événements de la Première Guerre mondiale en faisant découvrir un pan d’Histoire un peu méconnu. Nos principales sources sont conservées dans des institutions américaines, on a trouvé pas mal de choses en ligne mais nous avons essentiellement utilisé des photos. Avant la commémoration de la Première Guerre mondiale en novembre, on a appelé les habitants de Mérignac à venir déposer des documents venant de chez eux, qu’ils viennent de leurs familles où des collections qu’ils ont eux-même constitué pour pouvoir avoir un fond. On s’est servis de quelques documents dans l’exposition, notamment dans les visuels décrivant l’horreur de la guerre. On a également utilisé des boîtiers stéréoscopiques provenant de l’artiste David Cabac. On voit en relief des images anciennes mises en 3D et on est équipé de casques pour des lectures de textes et une ambiance sonore. L’artiste s’est servi d’un boîtier stéréoscopique appartenant à un mérignacais, on montre donc aussi son utilisation de manière artistique. Quelques collectionneurs nous ont aussi prêté des choses. 

Jean-Michel Boutet, bibliothécaire – On commence par une approche de ce qu’était Mérignac à cette époque, en sachant que la plupart des hommes avaient déjà été appelés au front. C’était une commune rurale d’environ 7500 habitants avec des métiers qui tournaient autour de l’agriculture, de la vigne et l’entretien du linge pour les femmes.Les américains sont arrivés avec pas mal de moyens, ils ont fait travailler environ trois cent ouvriers asiatiques pour construire cet hôpital américain. Ils ont aussitôt installé, du fait des difficultés du terrain, une voie ferrée au niveau de la Gare de Caudéran en essayant d’éviter le centre ville de Mérignac par le nord et le quartier Pichey par le sud. Elles ont servi à transporter les matériaux et les blessés et malades ensuite. C’est une période que les habitants connaissent mal, essentiellement parce que le quartier de Beaudésert n’était pas habité à cette époque, il l’est devenu après la Seconde Guerre mondiale. 

C.D – On a profité de l’arrivée dans le conflit de l’armée américaine, qui a souhaité installée un hôpital assez conséquent sur Beaudésert. Ils ont construit six unités de cent bâtiments chacune s’étendant de la rocade actuelle jusqu’aux abords du terrain d’aviation, soit environ deux cent hectares. Sur ces six unités hospitalières, deux ont vraiment fonctionné assez rapidement, pendant dix mois à partir de juillet 1918. Ces structures ont accueilli plus de 50 000 soldats blessés ou malades, alors même que des espaces sous-tentes servant d’extension ont également été utilisés. 

@bm – Que pourra-ton trouver dans cette exposition ? 

C.D – L’une des pièces maîtresses, c’est une maquette visible depuis la vitrine de la médiathèque, représentant une unité de l’hôpital. Il y a également cette idée de la ligne de chemin de fer qui a serpenté dans la ville. C’est un travail de recherche du tracé qui a été fait par une des deux associations avec lesquelles nous avons collaboré, « La Mémoire de Bordeaux Contrôle » (logée au Centre Régional de Navigation Aérienne de l’avenue de Beaudésert) et le Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine, deux structures spécialisées dans l’aéronautique. 

On est également venus sur cette idée là lorsqu’ils ont dévoilé des recherches effectuées lors des années précédentes. Elles ont participé activement à la conception du contenu de l’exposition. Enfin, nous avons exposé quelques vitrines avec des objets émanant d’un collectionneur privé, des objets de guerre américains, des outils de médecine, des maquettes d’aviation et enfin des documents d’archives. 

@bm – L’exposition est aussi l’occasion de quelques évènements organisés jusqu’au mois d’avril, notamment un spectacle de danse assez curieux autour du monument aux morts de la ville…  

JMD – C’est justement ce qui nous a interpellé. Sortir du cadre commémoratif classique de mai de novembre était assez important pour nous. C’est un spectacle visuel sur la place Charles de Gaulle au niveau d’un carrefour où passe le tramway. Le spectacle, qui est une co-production bénéficiant du label centenaire, est un solo de danse par Patrice Bénédetti. Sensibilisé au niveau personnel par la perte d’un grand père, il fait aussi référence à d’autres gens. Il a monté un espèce de spectacle avec une béquille qui lui sert d’interlocuteur… c’est particulier, on cherche un peu à interpeller. La séance publique aura lieu le 25 mars. 

C.D – Le Conservatoire de Mérignac fait aussi un spectacle le dimanche 19 mars à 17 heures à la Salle de la Glacière. Il s’agit d’un spectacle musical avec des classes de formation musicale, de chorale, piano et d’arts dramatiques avec des musiques soit françaises en textes d’époques, soit des musiques américaines. 

JMD – Dans l’auditorium de la médiathèque, on va projeter le film « Voilà les américains ! » (documentaire de l’ECPAD, l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense) racontant comment ces derniers sont rentrés en conflit, pourquoi ils y sont rentrés si tard et quels moyens ils ont mis en oeuvre pour s’installer chez nous. Ce film sera illustré par un débat animé par un professeur-historien Yvan Castex sur leur arrivée en Gironde, le samedi 1er avril. Sur la partie bibliothèque, on a installé des espaces dans lesquels on a mis en valeur le fond de bibliothèque en fictions et documentaires sur la thématique de la guerre de 14-18 de manière globale. Enfin, on va effectuer une sensibilisation sur le quartier même de Beaudésert, Mérignac y ayant créé la première Maison des Habitants. Comme elle ne peut pas être accueillie dans la Maison des Habitants, elle le sera après les vacances de Pâques dans les locaux de l’école pour que les enseignants puissent travailler dessus. Il y aura une soirée des habitants à l’école de Beaudésert au mois de mai au cours de laquelle on exposera, pour un soir, la maquette. 

« 14-18, Les américains à Mérignac : les hôpitaux de Beaudésert », du 14 mars au 15 avril à la médiathèque. 

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