Ici, un mannequin porte un trench élégant. Là, une pile de sacs Louis Vuitton trône aux côtés d’un manteau en fourrure. Derrière la caisse, un grand play-mobile décoré du logo chanel se tient devant la fenêtre. Balenciaga aux pieds, Marine est prête à accueillir les clients. Ici, les potentiels acheteurs peuvent venir avec un budget « de 20€ jusqu’à 10 000€. Je fais souvent des prix, » explique la commerçante. Marine est dans le prêt-à-porter haut-de-gamme depuis ses 18 ans. Chiner, ça lui connaît : sa mère est antiquaire. Son père aidait sa mère le week-end. « J’ai toujours été avec eux quand ils chinaient, raconte Marine. J’aime trouver la perle, la restaurer…J’ai toujours eu un côté créatif. »
Héritage
Après des études dans une école d’arts appliqués, Marine travaille dans différentes boutiques de prêt-à-porter (dont la sienne, pendant 6 ans). Elle expose aussi ses propres peintures. Ensuite, elle fait les salons d’antiquités dans toute la France. Sa mère, Françoise Tallec, était associée avec Jacques Dubourg, qui a créé le Village Notre Dame. « Pendant dix ans, ils ont organisé chaque année le grand Salon des Antiquaires de Bordeaux-Lac. » Marine est plongée dans cet univers dont elle a hérité, au travail comme à la maison : elle habite au-dessus de la boutique de décoration de ses parents.
Aujourd’hui, à 45 ans, Marine Tallec est installée au Village Notre Dame, dans son espace de 50m2. « Mes parents ont eu un premier stand ici en 1989. Là, je me retrouve sur le stand de Jacques, qui est décédé. C’était son stand pendant 40 ans, » conte-t-elle. Marine ne veut pas « faire des coups d’un jour pour dire qu’elle a vendu » ; elle veut fidéliser sa clientèle. A un jeune client qui entre dans le stand, elle lance : « Vous n’étiez pas venu l’année dernière, vous ? »
Vue depuis l’entrée du stand 16.
Au fond du stand 16, Marine a installé un petit salon, qu’elle appelle « le salon VIP. » Elle s’y installe pour discuter avec ses « clientes amies, » entourée de ses deux petits chiens, « mes petites mascottes de la boutique. » Pour discuter dans le « salon VIP, » la commerçante va parfois chercher des cafés, du thé et des petits gâteaux. Pour garder sa boutique, la commerçante n’est pas seule : elle est toujours accompagnée de Bulle (de champagne,) un Cavalier King Charles, et Nova, un Shih Tzu. « Ils sont tous les deux tout le temps avec moi, » confirme-t-elle.
Impulsive
Quand elle n’est pas sur son stand, elle se déplace chez des clientes qui ont des pièces à vendre. « Si ça me plaît, j’achète, » résume Marine, qui peut aussi dénicher ses « perles rares » dans des brocantes. Elle rend aussi régulièrement visite à ses deux couturières, dont une qu’elle connaît depuis plus de 25 ans. Le rythme est parfois chargé, mais la chineuse a un caractère bien trempé : « Je suis impulsive, je galope. J’appuie sur la pédale de la 911. Aucune journée ne se ressemble. » Au Village Notre Dame, elle reste à son poste jusqu’à 19h.
« Tout le monde peut venir acheter chez moi. Je suis quelqu’un d’ouverte qui met à l’aise, » estime Marine. L’air enjoué et l’œil pétillant, elle reçoit des clients aux profils variés : bordelais, visiteurs de passage, touristes français et étrangers … « et même des célébrités ! » glisse-t-elle avec un brin de fierté. Sur son profil Instagram, la commerçante garde une photo aux côtés de Charlotte Gainsbourg dans ses stories « à la une ». « Les Chartrons, c’est un quartier bobo. C’est un peu le petit Marais, » et Marine y est dans son élément.