Marcel Desvergne: Le politique doit plonger dans le bain du numérique


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Marcel Desvergne: Le politique doit plonger dans le bain du numérique

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/09/2007 PAR Joël AUBERT


Aqui : Après Margaux 2005 et 2006le cru 2007, si l’on en croit le programme des « Entretiens des Civilisations Numériques » avait l’ambition de franchir une nouvelle étapeavec cet intitulé: « Vouloir le futur numérique : visions et propositions ». Est-ce que cela implique l’idée de choix alternatifs ?

Marcel Desvergne : Pour éviter que nous ne parlions que de technique , de virtuel, d’immatériel, sans prendreen compte les réalités quotidiennes, nous avons intégré des questions sensibles perçues, en 2007, comme incontournables : l’environnement, le climat , les ressources naturelles. Nous aurions pu privilégier les flux migratoires, le vieillissement des populations ou la recherche d’identité.
Quatre scénarios : L’écroulement, l’impérialisme, les nouvelles lumières, les cent mille fleurs proposent des approches suivant nos disponibilitésà nous adapter et à dépasser ou non les nouvelles contraintes planétaires, à intégrer ou non les limites des ressources et les capacités de l’imaginaire et à nous organiserau nom de la raison ou au nomdu marché. Bien sûr nous aimerions « choisir » entre ces quatre futurs plausibles. De fait nous préférons travailler sur l’ensemble des possibilités. Au lieu de faire des paris à 20 ans, ce qui est toujours aléatoire, nous préférons balayer l’ensemble des propositions pour en déduire d’abord 12 grands défis puis 7 actions essentielles à la maîtrise de notre avenir. Cette démarche privilégie une approche transversale de la société.


@! : Ce rendez vous quand on considère la qualité et l’origine des experts veut avoir une dimension résolument mondiale…

M.D. : Nous savons bien que notre environnement immédiat nous rassure car tradition, culture, famille nous permettent d’exister à coté de l’autre, de l’inconnu, del’étranger. Mais par essence, les technologies d’informations et de communication, un des symptômes de la mondialisation, fait éclater nos communautés établies.Les satellites, les câbles intercontinentaux, les systèmes numériques sont « hors » territoires. Ces autoroutes de l’information, comme nous disions il y a déjà 15 ans, traversent nos pays, nos nations, nos référents stables de notre grande Histoire et de nos petites affaires. Ecouter un chinois parler de progrès comme moyen de grandir, de s’imposer, de se développer bouscule ceux qui pensent que le progrès n’est plus l’élément moteur de l’autonomie et de « l’ascenseur social ».Débattre avec un japonais qui intègre les robots à son service, parce cela ne remets pas en cause son existence, déstabilise ceux qui nient la technologie en faveur de l’intérêt général. Echanger avec un anglais qui utilise les caméras comme moyen de réguler la violencetrouble l’assurance de ceux qui placent la liberté individuelle au sommet des valeurs.
Nous avons découvert, depuis 2005, première année des Entretiens des Civilisations numériques, la complexité des comportements face à un système numérique mondial qui lui fonctionne avec les mêmes normes, les mêmes terminaux et les mêmes logiciels porteurs de valeurs.
Vivre et exister au pays, slogan bien ancien, peut être toujours repris s’il intègre les réalités mondiales d’un cybermonde en développement.


@! :
Comment faire prendre en compte par le politique l’importance de ces travaux ?

M.D. : Difficileréponse à unequestion essentielle. Toute société a besoin de vision, de valeurs, de projets etde régulation. La matrice numérique modèle des relations, des échanges, des productions, des contenus, des services souvent issus de la sphère marchande. Au bon sens du mot.
Le numérique par ses terminaux et les programmes qu’il engendre touche chacun d’entre nous.
Ceux qui liront sur Aqui.fr ces propos en font la démonstration. Les techniques numériques créent de la valeur, du travail tout en changeant les emplois. L’économie numérique, immatérielle bouscule les équilibres que nous connaissons. Le politique n’est pas générateur de cette révolution en marche. Il subit plus qu’il ne crée la situation. Il lui faut donc comprendre les enjeux, faire confiance aux changements et être attentif à accompagner les évolutions. Il lui faut plonger sans états d’âme dans le bain du numérique, en accepter sa cultureet ne jamais oublier l’intérêt général. Il doit donc être agent préoccupéà réguler le marché en marche en donnant les moyens à ceux qui sont les oubliés des civilisations numériques d’en être pas écartés.
Le politique est aussi un formateur, un pédagogue, un visionnaire qui accepte d’anticiper, tout en assumant la gestion du quotidien.

Propos recueillis par Joêl Aubert

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