Maison Broussaud lance la première chaussette recyclée


Le fabricant de chaussettes haut-viennois Maison Broussaud va recycler 2,5 tonnes de fils mélangés. Il est présent sur le Salon du Made in France à Bordeaux.

Ce nouveau produit est vendu au même prix qu’une paire ordinaireMaison Broussaud

Ce nouveau produit est vendu au même prix qu’une paire ordinaire

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/03/2022 PAR Corinne Merigaud

C’est une innovation Made in France. Le fabricant de chaussettes Broussaud a mis au point une technologie innovante permettant de recycler à l’infini ses déchets textiles constitués de fibres mélangées. Ce cercle vertueux lui a permis de tricoter la première chaussette recyclée à partir de ses propres déchets. Une bonne solution pour éviter le gaspillage et conforter ses approvisionnements. Les Bordelais pourront découvrir sa gamme de chaussettes au Salon Made in France du 11 au 13 mars.

Le fabricant de chaussettes Broussaud implanté sur la commune des Cars depuis 1938 vient de lancer sa première collection de chaussettes recyclées. Pour mettre au point ce process de fabrication, une machine sur mesure a été spécialement conçue. Cinq ans de recherche et développement auront été nécessaires pour inventer une technique permettant de recycler ses déchets de fibres afin de les transformer à nouveau en fil à tricoter. Le problème du recyclage semblait particulièrement complexe vu la diversité de fibres entrant dans la composition d’une chaussette. Le coton, la soie ou la laine sont mélanges avec de l’élasthanne pour créer l’effet « stretch », un produit très collant au final.

De la matière gaspillée faute de recyclage

Avant que le dirigeant ne s’intéresse au recyclage de ses déchets, aucun moyen n’existait pour réutiliser les fibres mélangées. « On recycle nos cartons et nos plastiques depuis longtemps mais il nous restait ce déchet résiduel généré par des produits défectueux au tricotage car on n’est pas au point du premier coup quand on lance une machine » précise Aymeric Broussaud, le dirigeant. « C’était un problème d’en jeter tous les ans pour 60 000 euros, l’équivalent de 2,5 tonnes de matière première qui était enfouie. Véolia ne pouvait pas les incinérer pour faire de l’énergie, nous le pensions naïvement au début. La rencontre avec le patron de la Filature du Parc, à Brassac dans le Tarn, a tout changé. Il a été d’accord pour faire un test avec 600 kg de chaussettes. »

Le résultat n’a pas été immédiatement à la hauteur de ses attentes. Le fil s’est révélé très épais, idéal pour faire des chaussettes… de travail, ce qui n’était pas l’objectif initial. Les deux hommes ont travaillé pour perfectionner le process de recyclage et de tri des fibres afin de proposer une chaussette de meilleure qualité.

Quelques mois plus tard, la fibre recyclée était plus fine et plus confortable pour tricoter des chaussettes de ville. La collaboration aura duré tout de même cinq ans. « Cela a pris beaucoup de temps pour trouver la bonne technique constate-t-il, il a construit spécifiquement une machine pour le défibrage de nos produits, j’ai eu la chance de la voir… cinq minutes, sans faire de photos ni de vidéo pour que je puisse expliquer le process à mes clients. Certes, nous payons à nouveau la matière première pour la faire défibrer mais le nouveau fil sera recyclé à l’infini. Quand on connaît la problématique d’approvisionnement, on peut dire qu’on se lance dans la production de matière première. Nous sommes très contents de faire un geste pour la planète. » La chaussette recyclée est tout de même un peu plus rêche mais elle plaît à la jeune génération, habituée à porter des matières qui boulochent. 

Alexandra et Aymeric Broussaud lancent des chaussettes de ville recyclées à partir de leurs déchetsMaison Broussaud

Alexandra et Aymeric Broussaud lancent des chaussettes de ville recyclées à partir de leurs déchets

Cette paire de chaussettes est disponible au même tarif qu’une paire classique. Aymeric Broussaud a refusé de répercuter le coût du recyclage sur les consommateurs. « Nous ne pouvons pas pénaliser les clients à cause de nos erreurs. Si le prix avait été de 17 ou 18 euros au lieu de 15 euros la paire, la chaussette étant plus rêche, qui aurait acheté un produit recyclé à la place d’un coton premier choix ? De toute façon, la matière était perdue. »

« Pourquoi pas ouvrir une boutique à Bordeaux ! »

D’autres fabricants se lancent sur ce créneau vertueux avec une différence, leurs chaussettes sont tricotées avec du fil qu’ils achètent déjà recyclé. « On peut dire qu’on est en avance dans ce domaine. »

Le fabricant espère écouler ses 10 00 premières paires cette année et, si le marché accueille bien ce nouveau produit, la production pourrait augmenter. « L’objectif est de réduire nos déchets même si la part reste importante du fait du grand nombre de clients », assure-t-il. « Imaginez 160 clients qui font vingt paires de modèles différents avec plein de dessins chaque année ! Cela demande beaucoup de mises au point et cela génère beaucoup de déchets, 5% de notre production. »

Deux de ses clients Archiduchesse et Le Slip français vont se lancer sur ce créneau avec la tonne de fil qui a été fabriquée. Au Salon du Produire en France, le fabricant qui emploie 66 salariés pour un chiffre d’affaires de 6,4 millions compte séduire les consommateurs girondins en faisant connaître sa propre marque « Maison Broussaud ». Une belle opportunité qui donne des ailes à ce dynamique patron. « Après avoir ouvert une boutique en centre-ville de Limoges il y a un an et demi, pourquoi ne pas en ouvrir une à Bordeaux. Nous y allons pour la première fois pour savoir si les Bordelais sont prêts à en acheter. » Le message est passé.

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