Lormont: L’art s’invite en zone prioritaire


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Lormont: L'art s'invite en zone prioritaire

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/12/2016 PAR Romain Béteille

Carriet et Alpilles-Vincennes. Deux quartiers de la commune de Lormont, sur la rive droite de Bordeaux, et deux zones sociologiquement et architecturalement très différentes. Ils ont tous les deux un point commun : ce sont des zones prioritaires. Et ce sont aussi deux secteurs qui vont accueillir, à partir du mois de février prochain, deux artistes en résidence : l’un logera dans un Point Animation et le second dans un local au rez-de-chaussée d’un immeuble mis à disposition par un bailleur social, l’un à la suite de l’autre. Le projet en question est une artisterie, un concept très participatif monté par le collectif local « jesuisnoirdemonde ». Sophie Robin, comédienne et membre du collectif, nous en explique l’essence. 

La genèse

« On fait beaucoup de projets dont la base est une rencontre avec des gens », dit-elle. Par exemple, Sophie interroge des gens de la commune dans des bibliothèques, leurs échanges étant réécrits par des auteurs et le résultat final joué (l’initiative a démarré en 2012 pour le festival Panoramas, elle tourne encore aujourd’hui). « On n’avait pas encore travaillé dans le quartier. L’idée est venue suite à un travail que j’avais réalisé, on voulait imaginer des résidences d’artistes dans deux quartiers de Lormont, Carriet et Alpilles-Vincennes qui sont en zone prioritaire. On se posait la question de savoir ce que ça amène au quartier et à l’artiste lui même de vivre dans un quartier pendant deux mois et de travailler en relation avec les gens ».

La réalité du terrain est en effet telle que les logements remplacent les lieux de vie, commerces ou autres propositions culturelles. Le centre social du quartier vient de retrouver son agrément il y a quelques jours à peine, lui qui avait fermé ses portes depuis 2014. « Ce sont des quartiers ou les gens ne viennent pas. On voulait montrer qu’il s’y passait quelque chose, que des artistes reconnus par leurs pairs y faisaient des choses et pouvaient produire une vraie oeuvre. C’est aussi un moyen pour les gens d’avoir un rapport quotidien avec l’art », termine Sophie Robin.

Un concept en deux temps

Mais alors, sous quelle forme vont se décliner ces deux artisteries successives ? D’abord, elle seront ouvertes à tous, et si le collectif se garde le droit d’y amener des groupes constitués comme des classes d’élèves comme ceux de l’école élémentaire Paul Fort, un travail de rencontre en commun avec l’AJHaG (Association Jeunesse des Hauts de Garonne) à la rencontre des jeunes avec l’aide d’éducateurs ou encore le soutien de l’IME (Institut Médico-Éducatif) des Joualles pour réaliser toute la signalétique et l’identité visuelle de cette artisterie éphémère. Le tout se déroule en plusieurs phases. Depuis la fin du mois de septembre, une anthropologue frappe aux portes du quartier pour connaître l’avis des gens sur l’art et le rapport qu’ils entretiennent avec le travail artistique. Ce premier travail donnera lieu à des résultats qui seront présentés le mardi 6 décembre à 18h30 au Point Animation Carriet. 

Suivra ensuite un captage « des gens qui n’ont pas pu venir au débat, nous allons trouver une façon de rentrer en contact avec eux pour pouvoir leur dire ce qu’il s’est passé », comme le précise Clémence Ravion, médiatrice artistique et culturelle associée au projet du collectif. L’artisterie sera conçue comme un commerce traditionnel : elle sera ouverte à tous, initiés comme néophytes, du lundi au vendredi entre 16h et 20h. Mais ceux qui y entrent et qui souhaitent participer à l’opération ne seront en aucun cas passifs. « Ce projet n’existera que si des gens du quartier franchissent l’artisterie. On essaye aussi de toucher les gens qui ne sont inscrits nulle-part. On espère juste qu’ils vont rentrer dans ces deux endroits », précise Sophie Robin.

Un coût et un but


Pour parler finance, le coût total de cette opération, à la fois culturelle et sociale, esrt pour l’heure estimée à environ 100 000 euros. Le tout est bien sûr partagé entre de nombreux partenaires, autant publics que privés, tels que la préfecture de la Gironde dans le cadre d’un Contrat de Ville, le département en tant que « projet local de développement social » ainsi que son agence culturelle (l’iddac), la DRAC, la ville de Lormont qui apporte un soutien logistique, la Fondation de France, la Métropole, la DRAC, le DICRéAM (Dispositif pour la Création Artistique Multimédia et Numérique), et enfin quatre bailleurs sociaux bien implantés localement. 

Qu’obtient-on concrètement pour cette somme là ? Plusieurs choses. D’abord, deux artistes. Le premier d’entre eux, le sculpteur Stéphane Gantelet originaire de Sète, arrivera en février et réalisera, avec les habitants, une oeuvre à la manière d’un jeu vidéo. Il récoltera ainsi de la matière fournie par les résidents du quartier (archives, rencontres, photos, modélisation 3D, musique, scénario, ect.) et rendra un produit fini d’ici la rentrée 2017. Le deuxième artiste, Éric Blosse, s’installera à Alpilles-Vincennes dès le mois de mai et travaillera autour du selfie et du rapport à la lumière dans un quartier. Il rendra le travail co-réalisé lors de trois soirées de mise en lumière sur les tours dans le courant de la deuxième semaine de septembre, pendant les journées du patrimoine. « L’idée, c’est aussi que l’artiste revienne dans le quartier après la réalisation de son oeuvre pour pouvoir les partager avec les gens », précise-t-on. Le tout donnera d’ailleurs lieu à un débat final à la fin de cette année de travail en commun. Une belle manière de changer la vision de ces deux quartiers prioritaires et de les ouvrir à la culture et à un projet en commun. 

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