Six ans pour atteindre les premiers objectifs définis par le plan climat air énergie territorial, tel est le challenge que compte relever la communauté urbaine Limoges Métropole pour tendre vers la transition énergétique. Les enjeux sont à la hauteur des ambitions portées par l’établissement public qui doit répondre aux obligations de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. L’élaboration du Plan climat air énergie territorial (PCAET) vise à lutter contre le changement climatique tout en adaptant le territoire aux conséquences du réchauffement.
Après un premier plan climat élaboré en 2012 par Limoges Métrople, un second a été adopté en mars dernier en conseil communautaire suite à l’évolution du contenu réglementaire. Imposé par l’Union européenne aux établissements publics de coopération intercommunale de plus de 20 000 habitants, le plan climat air énergie territorial de Limoges Métropole a été amorcé en 2017 en co-construction avec la stratégie départementale de transition énergétique menée par le Syndicat énergies Haute-Vienne.
Son élaboration a été menée durant trois ans en concertation avec les habitants, les acteurs du territoire, les experts et l’ensemble des directions de Limoges Métropole afin de garantir l’implication et l’adhésion de chacun à ce projet de territoire. Pour ce faire, il a fallu également prendre en compte les différents documents de planification stratégiques et opérationnels que ce soit le plan de déplacement urbain, le plan alimentaire territorial, le programme local de l’habitat, etc. « Il y a eu trois ans de gestation avec un diagnostic réalisé par un bureau d’études en partenariat avec le Syndicat énergies de la Haute-Vienne, explique Emilie Rabeteau vice-présidente en charge de la transition énergétique, le but était de faire un état des lieux des différentes consommations et productions d’énergie par filières, que ce soit l’habitat, les transports et l’industrie puis de faire un point sur la qualité de l’air par rapport aux émissions de gaz à effet de serre ».
Réduire la consommation d’énergie et les gaz à effet de serre
Ce diagnostic a permis de recenser ce que chaque acteur du territoire consomme, émet en GES et polluants atmosphériques, et produit, notamment en énergies renouvelables. Un volet consacré à la vulnérabilité a également mis en avant les effets du réchauffement climatique à l’échelle du territoire sur les hommes, l’agriculture et les activités.
« Cet état des lieux permet ensuite de construire une stratégie d’adaptation avec la masse de données que nous avons collectées en 2017 et 2018 précise Guillaume Boggio, en charge du PCAET. Nous avons pu définir des objectifs en matière de réduction de nos consommations électriques et des émissions de GES (Gaz à effet de serre, ndlr) ainsi que pour le développement des énergies renouvelables et l’adaptation au changement climatique. Maintenant, le but est de définir en co-construction avec les autres acteurs du territoire, au travers de groupes de travail, les objectifs ambitieux et réalistes que l’on veut atteindre, d’abord en 2030 puis à l’horizon 2050. Par exemple moins 70% d’émissions de GES, avec une première étape de moins 29% en 2026. »
Concernant la consommation d’énergie, la réduction espérée est de 22% en 2030 pour arriver à 53% en 2050. Pour les émissions de polluants dont les gaz NOx, l’objectif est fixé à moins 23% en 2026 et moins 58% en 2050. Pour la production d’énergies renouvelables, la hausse attendue est de 42 % en 2026 et de 190 % en 2050.
Suite à ce diagnostic, il est ressorti sans surprise que les principaux secteurs émetteurs d’énergie sont l’habitat et les transports, avec une marge de manoeuvre importante sur la réduction. Le volet agricole compte également avec un cheptel important émetteur de GES. Concernant les énergies renouvelables, les réseaux de chaleur sont les principaux producteurs grâce à la biomasse présente localement.
« Nous sommes assez en retard sur la filière photovoltaïque que ce soit en toiture ou au sol et pour l’agriphotovoltaïque par rapport à d’autres territoires du Sud de la France constate-t-il, nous voulons être partie prenante de tous les projets qui vont se développer. Nous avons également des ambitions fortes sur la biomasse pour des réseaux de chaleur avec déjà les travaux d’interconnexion des deux réseaux qui desservent Limoges. Il y a aussi des projets de création de nouveaux réseaux sur le territoire. » Les communes voulant substituer leur chaudière au fuel par la biomasse sont accompagnées. Même ambition pour le développement de la méthanisation, le gaz vert pourrait être produit par de nombreux acteurs locaux que ce soit des exploitants agricoles, des industriels de l’agro-alimentaire, pourquoi pas valoriser les déchets verts de Limoges Métropole voire les déchets ménagers des particuliers.
Une charte d’engagements pour les signataires
Pour atteindre ces objectifs, Limoges Métropole a élaboré un plan fort d’une centaine d’actions à mener d’ici 2026. Mais elle ne sera pas seule à agir puisque le but est de fédérer toutes les forces vives du territoire, que ce soit des entreprises, des industries, des associations, des agriculteurs pour que chacun suive la même direction en interne, en posant des objectifs à son niveau. Pour y parvenir, une charte des partenaires a été mise en place avec plusieurs niveaux d’engagements afin que les signataires s’approprient les enjeux et les objectifs du PCAET pour les décliner au niveau de leur structure. Un livret a été édité pour que chaque signataire se positionne sur un ou plusieurs engagements à tenir d’ici 2026. « Chacun peut ainsi participer à son échelle au plan climat en signant cette charte et en mentionnant les actions sur lesquelles il s’engage? poursuit-il. Cela permet de les agréger au plan climat et de communiquer sur les bonnes pratiques d’une entreprise qui peut donner envie à une autre de les décliner créant ainsi un effet boule de neige pour atteindre les objectifs fixés. »
La mise en réseau des acteurs et signataires sera assurée pour aller dans le sens de ce plan. « Nous organiserons un forum chaque année pour qu’ils présentent leurs actions, assure Emilie Rabeteau, cela créera de l’émulation. Nous sommes là pour impulser une dynamique, assister les futurs partenaires et assurer la promotion des actions afin de les valoriser et de les répercuter à l’échelle du territoire. Par exemple éteindre la lumière dans une entreprise. »
Sept axes stratégiques
Le programme d’actions du PCAET est structuré autour de sept axes stratégiques. Il s’agit d’abord d’améliorer la performance du patrimoine bâti, neuf ou en réhabilitation, et de lutter contre la précarité énergétique. Le deuxième axe vise à réduire les besoins énergétiques grâce à la sobriété des pratiques. Le troisième axe concerne l’aménagement du territoire pour lutter contre les effets du changement climatique et préserver la biodiversité. L’axe 4 a pour but de développer les mobilités alternatives à la voiture que ce soit les transports collectifs, le vélo, la marche, le covoiturage… L’axe 5 est consacré au développement des énergies renouvelables. L’axe 6 vise à développer les circuits courts en soutenant les producteurs locaux et en sensibilisant les consommateurs. Le dernier ambitionne de réduire la production de déchets en consommant de manière responsable et raisonnée.
Certaines actions sont déjà sur les rails, portées par la communauté urbaine dans le cadre du plan de déplacement (PDU) adopté en décembre, que ce soit sur le développement du vélo ou encore la création d’une ligne de bus à haut niveau de service. L’objectif est de réduire la part de la voiture au profit des déplacements doux comme le vélo, même s’il restera à une part modeste. « Il représente aujourd’hui 1% des déplacements et on vise 5% quand la ville la plus développée en la matière Strasbourg est autour de 10% signale Guillaume Boggio, nous avons aussi une marge de progrès sur les transports en commun avec le BHNS qui sera plus compétitif en vitesse commerciale, fréquences et amplitude horaire. Tout cela est au coeur de la réflexion du PDU et repris dans le plan climat. » L’aménagement de pistes cyclables est également à l’étude. Enfin, des réflexions sont au cours pour accorder plus de place aux déplacements piétons en coeur de ville. La somme de toutes ces actions concouront à réduire sensiblement la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre.