Les sages-femmes de la maternité du CHU Bordeaux en grève pour obtenir des renforts


DR

Les sages-femmes de la maternité du CHU Bordeaux en grève pour obtenir des renforts

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/02/2009 PAR Nicolas César

« On est à bout aussi bien physiquement que moralement. Parfois, nous travaillons 7h30 sans même avoir le temps de faire une pause pour manger », soupire Marie, 30 ans, sage-femme à la maternité du CHU (Centre hospitalier universitaire) de Bordeaux. Depuis le 12 janvier, une partie du personnel de cet établissement public – entre 25 à 50% selon les jours- est en grève. La continuité des soins est tout de même assurée, grâce à la réquisition du personnel. L’intersyndicale réclame « d’urgence » l’embauche de six sages-femmes ainsi que de huit aides-soignantes ou auxiliaires de puériculture pour travailler « correctement » dans cette maternité, la deuxième de France, qui a pratiqué 4 300 accouchements en 2008. « Les congés maternité et les arrêts maladie ne sont pas remplacés. Nous sommes sans cesse rappelés sur notre temps de repos. On ne même peut plus avoir de vie de famille », s’insurge Catherine Vion, délégué CFDT.

Une situation « dangereuse » pour les patientes ?
Mais, surtout au-delà du stress et de la fatigue, ces sages-femmes s’inquiètent de la qualité des soins qu’elles prodiguent. « Il y a des patientes qui viennent d’accoucher que nous n’avons plus le temps d’aller voir. On pare au plus urgent », déclare Marie, désespérée. Résultat, « les protocoles d’hygiène ne sont plus strictement appliqués, les appareils sont réglés moins souvent… Toutes les conditions sont réunies pour qu’il y ait un accident », souligne Catherine. Ici, le décès du petit Ilyès, 3 ans, le 24 décembre dernier, suite à une erreur de perfusion d’une infirmière à l’hôpital parisien de Saint Vincent de Paul, est dans toutes les têtes.

Un simple problème de réorganisation selon la direction
De son côté, Yves Vignau, directeur du groupe hospitalier Pellegrin (CHU de Bordeaux) avoue comprendre ce « malaise ». Il reconnaît que le vaste plan de rénovation de 42 millions d’euros de la maternité, lancé en 2001 et qui se terminera en 2011, a occasionné de nombreuses réorganisations, qui ont affecté le personnel. Ainsi, le service de néonatologie qui prenait en charge les bébés prématurés a transféré cette activité à la maternité en 2004. « Sans création de postes », précise Catherine Vion. A cet égard, la direction rappelle qu’elle vient d’embaucher des sages femmes en intérim, une secrétaire médicale, deux agents en brancardage, un assistant social supplémentaire et deux agents des services hospitaliers (ASH).

Un audit commandé par la direction de l’hôpital
Selon le professeur Dominique Dallay, chef de la maternité et président de la Commission médicale d’établissement du CHU de Bordeaux, « le recrutement de sages-femmes n’est pas la réponse adaptée ». « Les effectifs à Bordeaux (99 sages-femmes et près de 120 auxiliaires de puériculture ou aides-soignantes, ndlr) sont même un peu au dessus de la moyenne nationale. Il s’agit avant tout d’un problème de réorganisation des services ». Mais, « cela suppose aussi une meilleure coopération entre des services aujourd’hui trop cloisonnés qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble », souligne Yves Vignau.

Un audit pour dessiner la nouvelle organisation va être commandé par la direction dans les semaines à venir. En attendant, il faut gérer l’urgence. Dans huit mois, la maternité devra faire face à un nouveau défi. Le bloc opératoire va être fermé et « délocalisé » le temps des travaux. « Il devient indispensable de vite réussir à se mettre autour d’une table pour discuter », assène-t-il. Aujourd’hui, le Conseil de pôle se réunit pour faire le bilan de l’activité de la maternité en présence des cadres et des représentants salariés. La direction du CHU espère enfin y trouver un terrain d’entente et mettre fin à cette « longue » grève de quatre semaines.

Nicolas César

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles