Les petites merveilles d’Aqui ! Colchiques et brebis, retour en vallées d’Aspe et Ossau


Alice

Les petites merveilles d'Aqui ! Colchiques et brebis, retour en vallées d’Aspe et Ossau

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 09/11/2016 PAR Alice

Un dimanche ensoleillé à Oloron, c’est calme. « Non, mais tu sens ce que je sens ? » Une odeur fine et intense de chocolat s’engouffre dans nos narines. Envoûtante, elle nous accompagne à travers la ville. Habitées par cette senteur exquise, nous nous engageons sur la route qui mène en vallée d’Aspe. Chaque nom de village qui défile me rappelle des souvenirs de cette, si belle, vallée. Inconsciemment, et comme portée par eux, je quitte la route principale pour entrer dans le village d’Accous. Alors, telles un feu d’artifice, les couleurs vives de la carte de géologie tourbillonnent devant mes yeux. « Mais oui, ça y est, c’est bien là ! Tu vois cette petite montagne, comme un pain de sucre, c’est le Poey. Et, si ma mémoire est bonne, il est composé d’une roche remarquable : de l’Ophite dont on se sert pour les ballastes des voies de chemin de fer ». Tout se bouscule. Est-ce bien là ? Est-ce là aussi qu’a lieu, chaque année, la Course de la fête des patates ? Sculpté dans la fougère, une sorte d’écusson, décore le pied du Poey. Sans vraiment comprendre, je laisse la voiture avancer, s’engouffrer dans les petites rues sinueuses qui séparent les vieilles maisons aux toits d’ardoise. « Et !? on va finir coincées ! » Aurore me sort de l’hypnose étrange qui s’emparait de moi. OK on se gare là. La maison de la grand-mère de Chantal et Patrick, c’est cela que ma mémoire cherchait. Est-ce elle ? Peut-être. Derrière un de ces murs de pierre, il y a bien longtemps maintenant, j’avais rencontré une femme remarquable. De son visage buriné par les difficiles conditions de montagne émanait une douceur, un regard… Bruits de vaisselle, petit chemin d’herbe… nous suivons un sentier. Par terre, des noix. Comme des gosses on se jette dessus. Les poches du sac à dos se remplissent. Et, à peine un peu plus loin, perçant l’ombre légère qui protège le chemin, des colchiques par dizaines jonchent le sol. Chanson de mon enfance. C’est la fin de l’été. « Tiens je croyais que tu t’en souvenais ». En fait, ça ne dit rien à Aurore. Comme si c’était la première fois qu’elle voyait ces fleurs fragiles et gracieuses. Dernière touche violette offerte au sol, petit à petit recouvert de la rousseur des feuillages d’automne. Le sentier s’ouvre. Nous sommes à flanc de montagne, sur le chemin qui fait le tour complet du Poey. Un banc de bois n’attend que nous. Non loin, ça et là, des panneaux de bois expliquent la faune et la flore des alentours. Le paysage grandiose et calme de la vallée nous aspire. Machinalement nous avalons notre casse-croute, sans lâcher du regard ce magnifique tableau. La chienne se régale. Elle court, saute les fougères. Va et revient. Au loin des cloches tintinnabulent. Un nuage de brebis monte et descend le flan de la montagne d’en face. Allez, il faut repartir, la fête du fromage n’attend pas. D’ailleurs on y est presque.

Un jour, Canfranc?…

La vallée, lumineuse, est bien paisible… pour un jour de fête. Nous entrons dans le bourg… le traversons… et rien !  La fête du fromage d’Etsaut se tient chaque année en juillet. Merci Internet. Oh c’est pas vrai ! J’avais pourtant lu dans le journal… Aurore pouffe de rire. Bon, que dit le GPS ? D’ici à Laruns, il y en a pour 1 heure et quart de route. On essaye ? En passant par le col, on devrait gagner un peu de temps. Ce serait dommage d’arriver à la fin, non ? Oh, et là, il faudra absolument revenir, le fort du Portalet vaut vraiment le détour. Construit dans les pans de la montagne, il est, pour moi, chargé d’histoire et de mystères. Tout comme cette voie de chemin de fer qui relie Oloron à Bedous… Depuis cet été, le passé de la ligne Oloron – Canfranc remonte à la surface. J’essaye d’expliquer à Aurore l’histoire du tunnel en escargot creusé dans la montagne, le train de marchandises qui déraille ; Et de toute une vallée qui s’en souvient, longtemps, longtemps après. Et même quand, petit à petit, elle ne fut plus visitée que par les randonneurs amoureux de ses sommets. Aujourd’hui, la route est à nouveau empruntée et le train s’est offert un beau lifting, avant, un jour peut-être, de retrouver le chemin mythique de la Gare Internationale de Canfranc.

« C’était pas là la route du col ? » Heu oui… Pas grave on va passer par en bas. Décidément cette journée improvisée nous réserve bien des surprises. Traversée de la forêt du Bager d’Oloron. Chênes pédonculés, Hêtres et grands Sapins. De temps à autre, au détour d’un virage, des panneaux interpellent. Pas de carrière ici. Serait-il possible que ces bois soient transformés en carrière d’exploitation ? Les voitures sur les côtés se font plus nombreuses. Ça sent le champignon ! Les sous-bois sont comme dans les contes, tapissés de fleurs et de petits arbustes de toutes sortes. Immenses, les arbres, souvent présentés comme les essences nobles, me rappellent les forêts Californiennes. Majestueux, ils se dressent vers la lumière en protégeant de leur ombre les petits houx. Oups regarder la route, ça tourne ici. Déjà, nous retrouvons la vallée d’Ossau, nous sommes bientôt arrivées. Sortant du parking, nous croisons de nombreux visages radieux. Les poches semblent remplies de victuailles. C’est bien ici ! Mais n’est-il pas trop tard ?

La Foire au fromage à Laruns

Paille blonde et bien sèche sur les pavés, la rue principale du village nous accueille. Dès l’entrée, sur la droite, un couple explique aux passants l’estive, la traite et l’affinage du fromage. Petite rue étroite, tous les 5 mètres, un étal. Des montagnes de Pastis nous tendent les bras. Plus loin des crêpes made in Béarn, tentent de concurrencer le fameux gâteau à la broche qui tourne, inlassablement, devant le regard fasciné des enfants. Plus loin, un bar, tout grand ouvert sur la rue, sert habitués et passants. Cuirs et laines apportent la touche artisanale de ce grand marché. La place, recouverte de parasols de toutes les couleurs, a un air de fête de village. Partout des bodegas, des personnes en tenue traditionnelle, des chants qui s’élèvent…S’ils n’étaient en béarnais, on se croirait à Bayonne, Saint Pé ou Ixtassou… Peu importe. En fait, le fromage n’est qu’un prétexte pour se retrouver. Ici, accoudés au comptoir on discute, on rit, on s’agglutine aux groupes de chanteurs. « Heu, c’est combien le kg, s’il vous plait ? » Rieur, de ce sourire espiègle qui fait briller les yeux des béarnais, l’éleveur me répond. Je regarde à côté. Et celui-là ? « Ah là, c’est pas moi, c’est mon voisin. Mais c’est le même prix ! » Tous les producteurs de fromage jouent le jeu. Un prix unique pour la fête du Fromage. Ce qui les distingue ? Il faut les goûter, un à un. Se laisser guider par les prix fièrement exposés. Ou encore se laisser emporter par le charme des costumes de berger, des histoires d’estives et des mots gourmands. Là c’est plus printanier. Celui-ci est légèrement fruité. Celui-là, a le caractère bien trempé. On en salive !

Le soleil commence à se cacher derrière les montagnes. La chienne, intimidée par tant de monde, est soulagée de nous voir retourner dans la ruelle qui se vide progressivement. Allez, on craque. Un Pastis s’il vous plait. « Choisissez celui qui vous plait ». Comme d’autres avant nous, nous regagnons le parking… où d’autres noix viennent de tomber juste à côté de la voiture. Elles seront délicieuses avec le fromage de brebis.

Il faudra revenir, n’est-ce pas ?! Derrière nous, les montagnes se cachent, doucement, derrière leur ombre dessinée par le soleil couchant.

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