Les petites merveilles d’Aqui! Une semaine de vacances quelque part en Pÿrénées


Alice

Les petites merveilles d'Aqui! Une semaine de vacances quelque part en Pÿrénées

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2014 PAR Alice

Dernière journée de beau a dit la météo. Et encore, cela ne doit pas être formidable ce matin. Et puis après… Pas grave on va au moins bien profiter de cette journée. Et la venue de mon amie d’enfance, à elle seule, va remplacer le soleil qui semble vouloir jouer à cache-cache.

Ce spectacle de la montagne dont je ne me lasse pasPartout les sommets nous entourent. Leurs pointes dressées vers le soleil sont comme des encouragements à élever nos regards et remplir nos yeux de ces multitudes de couleurs que nous offrent les neiges éternelles. Mais si, mais si, il en reste encore un peu. Leurs jeux d’ombres avec les rochers, les pans rieurs exposés au soleil et ceux, plus taciturnes, toujours dans l’ombre, sont un délice. Eté comme hiver, il m’a toujours semblé que la montagne changeait à tout instant. Un spectacle dont je ne me lasse pas et qui remplit mes poumons à chaque fois.

Nouveau sms. « On se retrouve à midi ? Au Jardin des Neiges ? ». Pratique. Pas besoin, non plus, de longs discours. Quelques simples petits mots. Bout à bout, ils comblent ces années de rythme effréné où l’on a presque oublié l’essentiel. Nathalie s’assure que je ne vais pas l’oublier. Bien sûr que non ! Au contraire, j’ai hâte de la retrouver. Je vais profiter de l’énergie explosive des jeunes ce matin. Et, cet après-midi, retour en enfance… On va prendre des nouvelles, passer toutes nos familles en revue… S’étrangler en voyant la taille de nos enfants. De gentils géants avec les yeux qui pétillent du plaisir de la glisse. Les yeux de Nathalie, une fois de plus, vont s’embuer.

Midi, je laisse les « djeuns » pique-niquer entre eux. Ils dévorent. Impressionnant ! Même si les suivre m’a aussi creusé l’appétit, impossible d’avaler comme eux, les quatre énormes parts de pizzas englouties en moins de 5 minutes. Je file d’un pas « léger ». Démarche saccadée, talons plantés dans la neige, j’avance aussi vite que je peux. Une main me fait signe. La voilà. Pas changée ! Laisser passer l’émotion et puis s’embrasser. « Alors, ça va ? ». « Qui est avec toi ? ». Nous sommes plusieurs à continuer de revenir dans le centre de vacances de notre enfance. « Tu sais, il y a Pierre, Patrick, Claude, Pascal, Mimi… » autant de prénoms qui parlent de nos hivers d’ados. Rires à gorges déployées. Tarots interminables. Chants béarnais, basques… Couchés tard, levés tôt,… les premiers sur les pistes. « Laissez passer mon groupe »… comme si nous étions l’E.S.F., Alain, le grand frère de Nathalie, nous faisait passer devant tout le monde dans la queue du remonte pente. Regards complices les adultes amusés nous laissent faire en râlant un peu, juste pour la forme.

La journée est de plus en plus belle. Profitons-en ! « Tu skies cet après-midi ? » Problèmes de dos, Nathalie nous regardera partir… Alain et Boubou sont là. « Venez, il faut absolument motiver Pierre. Il skie en apnée en ce moment ». Manque de souffle (et surtout de condition). Mais je suis sûre qu’il sera tellement heureux de re-skier avec Alain. Hier, Pierre et moi n’avons pas arrêté de maudire Claude. « Tu fais ch… Claude !». A près de 60 ans, mais comme au bon vieux temps, il n’a cessé de nous emmener entre les barrières pour rejoindre ces petits bouts de pistes noires dont il a le secret. Il faut dire que la neige exceptionnelle permet de retrouver ces pistes oubliées. Disparues des tracés de la station, elles offrent pourtant des passages sublimes. A l’écart de la frénésie des skieurs et snow bordeurs, ces petits « à côtés » nous offrent silence et paysages vierges. On va faire la « Tchoutchoute ? » s’enthousiasme Alain. C’est ainsi qu’il a rebaptisé une piste aujourd’hui délaissée. Douce et sauvage, elle surplombe les eaux tumultueuses d’un torrent de haute-montagne. Régal. Des endroits de pur plaisir, neige chantilly, légère… Chacun sa trace. D’autres pentes… il faut donner un second souffle à nos muscles qui se réveillent. Mais le plus formidable, c’est que nous sommes à nouveau tous ensemble. Alain ouvre la marche. Part devant.  « Allez, viens Alice, si je passe, c’est que tout le monde peut passer.» Quelques conseils, en bon prof de math… il m’explique comment optimiser l’énergie dynamique des skis de maintenant. Des années que mes enfants dépités me tannent pour que je fasse une noire, avec eux. Et là, tout est simple. On se suit, sans poser de question. Sans jamais se rentrer dedans. Comme si les distances établies entre nous, quand nous étions ados, se sont gravées dans notre ski. C’est souple, ça glisse tout seul. Et Pascal et Patrick, quel style ! Avec Mimi et les autres, on cherche tous à s’en imprégner. Rien qu’en les suivant, c’est mieux qu’au cinéma. Un vrai ballet. Ils volent sur la piste. Comme si aucune bosse, aucune rupture de pente ne venait troubler la musique de leurs virages. Tantôt serrés, leurs bâtons effleurant à peine, mais fermement, la neige. Tantôt se penchant au centre de grandes courbes dessinant de grands S, témoins gracieux de leur passage sur la montagne. Pierre, non plus, n’a rien perdu de son ski, fluide et efficace. Histoire de récupérer un peu, on s’arrête pour admirer le paysage. « Ce serait indécent de se plaindre !». Patrick a raison. Quelle lumière ! Ce mauvais temps qu’on nous avait prédit s’est transformé en un festival de couleurs changeantes. Laissant apparaître les sommets blancs qui se détachent sur un ciel bleu intense et froid, les nuages vont et viennent. Chacun de leur passage nous rend encore plus belle l’éclaircie suivante. Comme un nouveau mirage. Clin d’œil au soleil, le sommet de la station émerge, vainqueur du voile des derniers lambeaux de nuage. Magique. La poudreuse fraichement tombée, tapisse les pentes de mille éclats scintillants. Des flocons, tombant de nulle part, virevoltent dans le ciel. On les dirait suspendus à des fils invisibles qui les emmènent doucement, et dans un dernier scintillement, jusqu’au velours blanc de la piste. Pourtant, au-dessus de nos têtes, rien que du bleu. Miracles de l’eau en suspens dans un air très froid… ces cristaux remplissent l’air d’autant de diamants. Belle parure pour une belle après-midi !

Le soleil continue sa routeOui, vraiment, se plaindre serait totalement indécent. Mais si nos jambes commencent à se manifester, le soleil, lui, continue sa route. Avant d’aller se coucher il va encore nous faire un dernier cadeau. En contre-bas, sous le regard protecteur des sommets du Parc des Pyrénées qui l’entourent, la vallée suspendue s’offre avec insolence à ses doux rayons. Rien d’autre pour rompre cette quiétude. Pas même la trace d’un Izard. Juste un drap blanc pour recouvrir les rochers. Comme un écrin prêt à accueillir l’éclosion, proche, des perce-neige.

Allez, il faut redescendre. Nathalie est là, au pied des pistes. «Vous revenez demain ? ». Non pas demain… peut-être, s’il fait beau, en fin de semaine. « Là j’essayerai de skier ! ». Espérons que son dos la laissera nous rejoindre. Il me tarde de revivre une après-midi comme celle-là, à ses côtés. Pour dessiner avec elle, comme autrefois, de nouvelles traces, telles des tresses régulières, se croisant dans cette poudreuse légère et veloutée dont les Pyrénées ont le secret.

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