Les habitants de Limoges chauffés au biogaz fermier


L’unité de méthanisation va produire 8,5 Gwh/an de bio gaz injecté dans le réseau

L’unité de méthanisation va produire 8,5 Gwh/an de bio gaz injecté dans le réseauCorinne Merigaud

L’unité de méthanisation va produire 8,5 Gwh/an de bio gaz injecté dans le réseau

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 30/09/2022 PAR Corinne Merigaud
  1. Et si demain notre autonomie énergétique passait aussi par la ferme ? Au regard de la conjoncture exceptionnelle, la flambée du prix des énergies fossiles pourrait bien rebattre les cartes en faveur de projets locaux et plus verts. C’est le pari fait par le GAEC du Petit Moulin implanté à Veyrac qui a ouvert les portes de son unité de méthanisation.

Depuis mars dernier, l’unité de méthanisation de la SAS Sagnenergie permet à des habitants de Limoges et de la commune voisine de Verneuil de se chauffer avec un gaz vert, produit à quelques kilomètres de chez eux. Le bio gaz est injecté sur le réseau de distribution GRDF situé à 7,8 km du GAEC. Cette proximité a été le déterminante pour choisir ce système à injection au détriment d’une unité en cogénération. C’est le premier système de ce genre installé sur le département.

Ce gaz vert et renouvelable, produit en circuit court, équivaut à la consommation annuelle de près de 2 500 foyers avec 8,5GWh produits. Les porteurs de projet ont planché plus de trois ans pour que cette unité voit le jour.

« Diversifier et assurer la continuité de la ferme »

Sébastien Guéret, président de la SAS, et son frère Frédéric ont repris l’exploitation familiale et ses 130 mères limousines. La ferme de ces naisseurs engraisseurs s’étend sur 270 ha de SAU avec des cultures de maïs pour l’engraissement de leurs 115 animaux vendus par an. Cette unité de méthanisation est le résultat d’une décision mûrement réfléchie visant à répondre à plusieurs problématiques.

« Ce projet est né de la volonté de ne plus subir la conjoncture annonce Frédéric Guéret, mon frère a eu cette idée pour diversifier et assurer la continuité de la ferme, en permettant de très bien valoriser nos fumiers et tout ce qui sort de l’exploitation. Cela permet surtout d’enlever les problèmes d’odeur du fumier une fois passé dans la méthanisation. On en produit 3 000 tonnes par an et tout y passe. Enfin, cette solution à injection évite de se soucier de la valorisation de la chaleur, à l’inverse d’un projet de cogénération.»

Les collectivités ont soutenu les porteurs de projet (à droite)

« Un retour sur investissement en 8 ans »

Deux autres exploitants installés à proximité, sous système naisseur engraisseur, se sont associés : l’EARL du Chatenet qui élève 60 mères limousines sur 150 ha de SAU et Eric Roudier qui élève 65 mères vaches, des broutards et des veaux de lait sur 100 ha de SAU.

L’unité, construite par Planet, comprend un mono digesteur de 25 m x 8 m chauffé à 40°, un premix, un incorporateur à fond mouvant de 40 tonnes et une fosse à jus de 60 m3. Les déchets séjournent 70 à 80 jours le temps que les bactéries les transforment en digestat.

L’investissement s’élève à 5 millions d’euros, subventionné à hauteur de 700 000 euros par la Région. La SAS a contracté un emprunt sur 12 ans. « Le retour sur investissement est de 8 ans. Le biogaz est racheté à un prix fixe sur quinze ans. Cela permet de constituer un revenu complémentaire à la ferme et nous garantit plus de sérénité. Notre pari de la diversification, a déjà permis la création de deux emplois qualifiés. »

Changement de pratiques

Le gisement de déchets agricoles à valoriser en gaz vert est de 10 800 tonnes par an avec, en plus du fumier, 6 500 tonnes de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) et 800 tonnes d’herbe. Outre le maïs réservé à l’engraissement, les frères cultivent désormais 60 ha de seigle implanté à l’automne en technique culturale simplifiée.

« Cette culture très résistante n’a pas besoin de beaucoup de travail du sol précise-t-il, l’objectif est de ne pas labourer pour économiser du temps, du carburant et avoir un meilleur stockage du carbone. Il est récolté au printemps, broyé et stocké en silos. Derrière le seigle, il n’y a pas besoin de labourer, ni de passer du round-up, soit une économie d’au moins 150 litres, pour implanter le maïs. On passe juste un coup de cultivateur. » C’est aussi un changement de pratiques pour ces exploitants qui auparavant laissés des sols nus tout l’hiver pour éviter de consommer du carburant… des sols pauvres en carbone.

Le digestat est épandu sur 270 hectares

Le digestat pour remplacer les engrais chimiques

Le méthaniseur a été dimensionné en fonction de la production de déchets des trois exploitations pour ne pas acheminer de déchets extérieurs. Le digestat produit, soit 9 800 tonnes par an, est épandu sur 270 ha répartis sur les trois fermes. « Cela nous permet de fertiliser nos terres et d’économiser sur l’achat d’engrais chimiques », explique Sébastien. Avec un PH plus élevé que celui du fumier brut, l’effet est aussi positif sur les propriétés chimiques des sols tout en améliorant la production. La méthanisation réduit également la germination des adventices qui ne résistent pas aux hautes températures. Un problème de moins à traiter… A l’avenir, des biodéchets alimentaires collectés sur le territoire pourraient être ajoutés, répondants ainsi aux nouvelles réglementations sur le traitement des déchets organiques à l’horizon 2024.


L’info en plus : En Haute-Vienne, les unités de méthanisation produisent la consommation annuelle de gaz de 13 000 logements neufs avec 52 GWh/an injectés dans le réseau, soit près de 4 à 5 %. La capacité d’injection devrait tripler avec 10 projets en cours, passant la production à 150 GWH par an d’ici fin 2025, soit 10 % de la consommation de gaz d’origine locale et verte. « Avec les différents projets à venir comme l’unité de la station d’épuration de Limoges et la pyrogazéification, nous serons au-delà du plan climat énergie voté par Limoges Métropole pour produire du gaz vert localement et sortir des énergies fossiles » anticipe Emilie Rabeteau, vice-présidente en charge de la transition énergétique.

Infos pratiques !

En Haute-Vienne, les unités de méthanisation produisent la consommation annuelle de gaz de 13 000 logements neufs avec 52 GWh/an injectés dans le réseau, soit près de 4 à 5 %. La capacité d’injection devrait tripler avec 10 projets en cours, passant la production à 150 GWH par an d’ici fin 2025, soit 10 % de la consommation de gaz d’origine locale et verte. « Avec les différents projets à venir comme l’unité de la station d’épuration de Limoges et la pyrogazéification, nous serons au-delà du plan climat énergie voté par Limoges Métropole pour produire du gaz vert localement et sortir des énergies fossiles » anticipe Emilie Rabeteau, vice-présidente en charge de la transition énergétique.

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