Pau : « Il faut continuer à vivre »


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Pau : "Il faut continuer à vivre"

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

En tant que président du Modem, François Bayrou devait être reçu dimanche à Paris par le président de la République. Mais auparavant, il souhaitait inviter ses collègues béarnais à « réfléchir à la gravité de la situation », et témoigner leur soutien aux victimes des attentats et à leurs familles.

« Ils veulent que le pays s’effondre »

Car, dit-il, « face à ces assassinats, nous avons un certain nombre de responsabilités ».

La première réside dans un devoir d’unité face au terrorisme. La seconde consiste à affirmer la solidarité qui existe entre les Français. « Ce que les assaillants cherchent en effet, c’est que le pays s’effondre et que toutes ses activités s’arrêtent. Ils cherchent aussi à déclencher une guerre de religion, en allumant le feu entre les différentes communautés. Je propose qu’on ne leur donne satisfaction ni sur l’un ni sur l’autre de ces points ».

Afin d’illustrer cette volonté sur le plan local, les Rencontres littéraires « Les idées mènent le monde » prévues du 20 au 22 novembre à Pau seront par exemple maintenues. Quitte à prendre « toutes les précautions nécessaires » sur le plan de la sécurité. « La vie ne doit pas s’arrêter. Pour ne pas donner de nous l’apparence de victimes à ceux qui nous ont attaqués ».

« Quelle vie vont avoir mes enfants ? »

Pour le maire de Pau, il convient par ailleurs de veiller à ce que la colère et la rancœur ne débouchent pas sur un affrontement des religions. Et François Bayrou de citer une anecdote qui l’a marqué. « Vendredi soir, je devais me rendre en Argentine avec une délégation. Le voyage a été annulé en raison des attentats. Autour de nous, les hôtesses pleuraient. Deux d’entre elles  parce que leur mari est policier. Deux autres parce qu’elles sont de religion musulmane. L’une de ces dernières est tombée dans mes bras en me disant : ma fille s’appelle Alia et mon fils Abil. Quelle vie vont-ils avoir à partir d’aujourd’hui ? »

 Comment réagir ? En janvier dernier, des milliers de personnes avaient défilé à Pau pour témoigner leur émotion après l’attaque de Charlie Hebdo. « Il ne faut pas refaire deux fois le même geste » poursuit le maire, tout en rappelant que l’état d’urgence décrété par les pouvoirs publics ne recommande pas les rassemblements.

Par contre, les Palois qui le souhaitent pourront se retrouver lundi, place Royale, pour participer à la minute de silence prévue ce jour-là à midi. « On peut également allumer une bougie à sa fenêtre pendant les trois jours de deuil national. Pour montrer que l’on n’abandonne pas l’espoir ».

Des suggestions qui, estime-t-il, n’empêchent pas chaque citoyen « d’ouvrir l’œil » et de se montrer vigilant à l’égard des comportements inquiétants. « N’imaginons pas que la police peut tout faire. La responsabilité de chacun est engagée » estime l’élu qui craint de voir la France « être engagée dans une ère nouvelle et de longue durée ».

 « Ce n’est pas l’Islam qui a tué, ce sont des assassins »

Najia Bouchannafa, en larmes :

 Samedi, à l’hôtel de ville, certains élus étaient excusés, car en déplacement. C’était notamment le cas d’ Olivier Dartigolles, porte-parole national du PCF. Mais les réponses apportées au maire ont souvent été unanimes.

En larmes, Najia Bouchannafa, adjointe de quartier chargée de la petite enfance, a ainsi rappelé que « ce n’est pas l’Islam qui a tué vendredi. Car l’Islam ne tue pas. C’est la folie d’assassins ».

Pour le socialiste André Duchateau, « la sérénité, la détermination et le maintien de notre vie quotidienne » constituent effectivement les meilleures réponses à apporter au terrorisme dans un pays où « la grande majorité des musulmans est imprégnée de l’esprit républicain ».  Même s’il convient de rappeler que l’accès à l’éducation est un élément à ne pas négliger dans une société de liberté. Tout comme  il importe de soutenir le lieu d’échange et de partage que constitue le milieu associatif.

« Nous devons aussi reprendre pied dans les banlieues, qui sont les foyers de la radicalisation » ajoute son colistier Pierre Chéret. Sans pour autant accepter « le racisme et l’obscurantisme » dont certains font preuve, y compris en Béarn.

« Il est  révoltant que la salle de prière d’Oloron ait été taguée la nuit dernière » s’insurge-t-il. Avant que la sénatrice PS Frédérique Espagnac cite le Coran pour en évoquer l’esprit de tolérance : « Ne tuez pas la personne humaine, car Allah l’a déclarée sacrée ». Une façon de rappeler que « chacun a sa place en France ».

Nathalie Larradet, André Duchateau et Frédérique Espagnac, parmi les élus de gauche

Ni excuses, ni auto-flagellation

« La France doit rester debout. Plus que jamais, il nous faut être unis » juge pour sa part Eric Saubatte (LR), adjoint au maire, délégué au sport. Tandis que son collègue Thibault Chenevière (parti radical) souhaite « faire redescendre la valeur de fraternité au niveau du simple citoyen ». Et que l’ancien préfet Marc Cabane rappelle que « la menace la plus forte porte aujourd’hui sur la dimension morale ».

Eric Saubatte (LR) :

Proviseur de l’important lycée Louis Barthou, et conseiller municipal de la majorité, Alain Vaujany n’en avoue pas moins son trouble d’éducateur. « Cet acte absurde, irrationnel,  a été commis par des jeunes. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui a raté ? » s’interroge-t-il.

Un propos qui, au-delà de l’estime qu’il porte à son colistier,  suscite une réaction immédiate de l’ancien enseignant et ex-ministre de l’Education nationale, qu’est aussi François Bayrou. « Je sais bien que la mode est aujourd’hui de se flageller et de battre notre coulpe. Mais je n’ai pas l’intention d’offrir des excuses à ces comportements. Nous ne sommes pas responsables. Nous sommes les défenseurs de tout ce qu’ils veulent abattre ».

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