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PUBLIÉ LE 18/12/2008 PAR Vincent Goulet Elle vient d’achever la tournée des salons du livre jeunesse (Saint-Priest, Cognac, Montreuil, Blaye) et souffle un peu. « Plus on est petit, plus il faut se montrer », explique Claude Dagail, « je préfère produire moins mais accompagner au maximum les livres et les auteurs. C’est peut-être comme ça que je parviens à les garder ». Car le refrain est bien connu de ces auteurs qui, découverts par un « petit éditeur » finissent par signer, le succès venant, dans une grande maison. Pour l’éditrice bordelaise, il s’agit avant tout d’établir une relation durable de confiance. En poussant au plus loin le dialogue avec l’auteur, une attention que l’on ne rencontra pas toujours ailleurs, mais aussi en étant « financièrement correct » avec eux et en faisant preuve d’ingéniosité pour « résister aux coups de boutoirs » des grands groupes d’édition.
La puce et le mammouth
« Il faut garder sa place sur le marché sans se mettre sous les pattes du mammouth », explique Claude Dagail, « on peut même parfois s’accrocher à une de ses pattes pour aller un peu plus vite ». C’est ce qui est arrivé avec Shaun Tan, auteur-illustrateur australien que la compagnie Créative a été la première à publier en France (L’Arbre rouge, prix Octogones 2003 du livre de jeunesse). Cet album est vendu à 3000 exemplaires, un bon résultat pour un livre jeunesse. En 2008, Shaun Tan publie chez Dargaud, Là où vont nos pères, une BDqui obtient le prix du meilleur album au festival d’Angoulême. Sa notoriété grandit et le succès de la BD permet à la compagnie Créative de faire un deuxième tirage de 3000 exemplaires. « La BD ne fait pas partie de mon catalogue, il était normal que Shaun Tan aille l’éditer ailleurs. Mais le succès de Là où vont nos pères, aussi rendu possible par la puissance de feu de Dargaud, a permis de reparler de L’arbre rouge. Et nous préparons un nouvel album pour l’année prochaine ».
L’humeur vagabonde du « Tram » de Cloé Francisco Trenti
Les salons sont l’occasion de maintenir le contact avec les bibliothèques et les libraires, mais aussi de découvrir des auteurs. C’est ainsi Claude Dagail croise Cloé Francisco Trenti en 2006 au salon de Montreuil. «Elle traînait dans les travées, l’air un peu perdu avec son port-folio sous le bras. Je lui ai demandé de venir s’asseoir près de moi et de me montrer ce qu’elle faisait. Il y avait plusieurs esquisses de projets, des choses prometteuses mais rien de précis. Je lui ai demandé de me faire des propositions pour le prochain salon de Bologne ». Le dialogue s’instaure alors entre cette artiste italienne de 35 ans et l’éditrice qui, par petites touches, la guide dans son travail. 
« Sans me substituer à l’auteur, j’aime prendre le temps de le mettre sur sa voie pour que ça éclose bien ». Résultat : ce premier livre très plastique, qui renvoie à l’imaginaire de Paul Klee ou Nicolas de Stael, où des gouaches, des crayonnages et des collages s’articulent avec la sonorité des langues italienne, française et anglaise pour raconter l’errance quotidienne d’un petit tramway à travers le désordre de la ville.
Parce que chacun a sa forme et sa vie propre, les livres pour enfants de la compagnie Créative s’adressent également aux « soi-disants adultes ». Ou, plus exactement, ce sont des livres qui s’adressent d’abord à tous… et peut-être aussi aux enfants en particulier.
Vincent Goulet
« Tram, voyage en zigzag », La compagnie Créative, 2008
http://www.la-compagnie-creative.com/
La Compagnie Créative sera présente au Salon le 16 mars
