La saison 2020 sera amputée. C’est indéniable. Mais l’équipe du TAP a voulu rapidement la reprendre. Ne pas patienter jusqu’à septembre et la rentrée scolaire. Dans sa démarche, elle a associé les artistes poitevins et régionaux. Des artistes impatients de retrouver les planches et les instruments de musique. « C’est une période unique que nous avons vécue, mais il faut se tourner désormais vers le futur. Et le futur proche, commente le directeur du TAP, Jérôme Lecardeur. Toute l’équipe est heureuse de retrouver le public ».
Même s’il souhaite rester positif, Jérôme Lecardeur a dû brièvement aborder l’impact du Covid-19 sur le TAP. « Il y a eu un premier temps de sidération. Il a fallu organiser les équipes. Chômage partiel pour certains, télétravail pour d’autres. J’ai dû remplir et signer beaucoup de documents administratifs », reconnaît le directeur. Pour la programmation, il a fallu se rendre à l’évidence. Elles ne pourraient pas toutes avoir lieu cette année. Au total, 55 représentations ont été annulées, 39 reportées (soit 71% de reports). « Assez vite, nous avons dû annuler les artistes. Toutes les situations ont été examinées au cas par cas pour trouver des solutions selon les différents statuts ». Côté public, il faut rembourser exactement 15 394 billets de spectacle. Plusieurs possibilités sont proposées aux spectateurs : le remboursement pur et simple, reporter leur billet pour la saison suivante ou faire un don. Une démarche à accomplir obligatoirement sur place avec la billetterie du TAP. « Nous n’avons encore pas tout remboursé. » Jusqu’à présent 30% des spectacles. Le public est plutôt compréhensif puisque sur ces 30% la moitié seulement ont demandé un remboursement. La direction et l’équipe en sont très reconnaissants.
Renouer avec la scène
Rapidement l’équipe du Théâtre Auditorium de Poitiers s’est organisée pour faire oublier cette période. Partager de nouveau l’art, ces instants de loisirs, de communion entre artistes, musiciens et public. « Il fallait qu’on organise quelque chose en juillet afin d’avoir le plaisir de se retrouver avant la saison prochaine. C’est toujours sympathique de se retrouver. La programmation a été élaborée à la hussarde, en dix jours, en accord avec les artistes. On n’aurait pas pu le faire sans les formations associées », indique Jérôme Lecardeur. Sept rendez-vous sont proposés au spectateurs dès le 1er juillet et jusqu’au 19.
En ouverture l’orchestre de chambre de Nouvelle-Aquitaine
L’orcheste de chambre de Nouvelle-Aquitaine (photo Yohan Bonnet)
L’orchestre de chambre de Nouvelle-Aquitaine ouvre le bal et promet quelque chose d’extraordinaire autour de compositeurs comme Fauré, Debussy, Weber ou encore Schubert. L’occasion pour l’orchestre de retrouver le public, mais pas seulement : « les musiciens sont heureux de se retrouver sur scène. Cette période a été particulièrement dure pour eux. Dans un orchestre, l’esprit collectif prévaut. Les musiciens frétillent à l’idée de ce concert », explique Nolwenn Ochotny, administratrice générale de l’orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine. Jean-François Heisser, le directeur artistique, a prévu d’offrir au public quelque chose de joyeux et d’enthousiaste. Il en profitera pour se mettre au piano sur Weber et Schubert. De quoi réviser ses classiques.
Mercredi 1er juillet, 19 heures, musique classique, au TAP
Seaphone, un mélange de poésie sonore
Seaphone, avec Armelle Dousset et Brian McCoy (photo Seaphone)
Le lendemain, le 2 juillet, ce sera au tour d’Armelle Dousset et Brian McCoy de se donner sur scène pour Seaphone (que l’on peut traduire par écume de mer). Ce duo est né en 2016. À distance, l’un aux Etats-Unis, l’autre à Poitiers. Les musiciens ne s’étaient jamais rencontrés et pourtant leur passion artistique les a réunis. Un mélange entre folk US, pop New Age, poésie sonore. « Seaphone se compose de petits morceaux de nous », explique Brian McCoy. Un moment électro acoustique avec un jeu visuel mis en scène par Armelle Dousset. Avec Brian, ils ont composé l’ensemble des morceaux. Armelle fait de l’accordéon et Brian, sa spécialité à lui, le chant et la musique… Il joue d’un instrument français d’ailleurs et très ancien : une vielle à roue. Durant le confinement, Brian a partagé des vidéos que vous pouvez écoutez ci-dessous et qui vous donnera un petit avant-goût.
Jeudi 2 juillet, 20h30, musique, au TAP
Le TAP propose aussi une séance de cinéma
Une séance en plein air, sous le ciel étoilé d’une nuit d’été. Vendredi 3 juillet sera projeté normalement sur le parvis du TAP (si l’autorisation est accordée par les services de la préfecture, sinon solution de repli au TAP cinéma), le célèbre film de Steven Spielberg : E. T. l’extra-terrestre.
Vendredi 3 juillet, 22h30, Ciné sous les étoiles, parvis du TAP
Du théâtre utopique
Utopies, Une expérience théâtrale mélangeant lecture, archives radiophoniques, télévisuelles (photo Sri Aurobindo Ashram Archives)
Ensuite, la TAP offre une pièce de théâtre UTOPIES d’Emilie Le Borgne et d’Anthony Thibault. Ils sont membres de deux compagnies poitevines : La Nuit te soupire et Le Théâtre dans la Forêt. Ils ont collaboré pour partager à travers des oeuvres littéraires et des pensées humanistes une vision des contours du meilleur monde, comme son nom l’indique, une société idéale. Une expérience théâtrale mélangeant lecture, archives radiophoniques, voire télévisuelles… Un exercice qui va forcément résonner avec l’actualité de ces derniers mois. « C’est une création originale qui aborde des enjeux d’actualité avec une certaine mise en perpective d’une multitude de points de vue. On va aborder tant de thèmes : graphisme,s sociologie, poésie, organisation de la société… et cela d’une façon ludique et réflexive », promet Emilie Le Borgne.
Mercredi 8 juillet, 19h, théâtre radiophonique, au TAP
Entre danse et musique
Douce dame de Lucie Augeai et David Gernez (photo Bastien Clochard)
Le 11 juillet, place à la danse mélangée avec de la musique avec Douce dame de Lucie Augeai et David Gernez. « Nous devions participer au festival à corps qui aurait dû se dérouler entre le 2 et le 10 avril dernier. Nous proposons une sorte de pièce avec deux musiciens et deux danseurs dans des espaces atypiques. Nous avions envie de la faire résonner dans différents endroits », explique Lucie Augeai. Douce dame, c’est un peu un jeu amoureux revisité dont une musique médiévale de Guillaume de Machaut (XIVe siècle) intitulée Douce dame jolie est le point de départ. Les deux danseurs et les deux musiciens vont passer de la séduction, à l’attente, au désir et au regret. Divers stades amoureux finalement. « Nous avons voulu mélanger les champs de compétences tout en trouvant un certain équilibre en apprenant à la fois au danseur à chanter et aux musiciens à danser… », confie David Gernez. Un spectacle à découvrir en famille dans le forum du TAP.
Samedi 11 juillet, 17h30, danse, musique, en famille, foyer du TAP
Découverte de la musique contemporaine
L’Ensemble Ars Nova se produira au TAP le 17 juillet (photo Arthur Pequin)
La musique contemporaine sera aussi au rendez-vous de cet été au TAP avec l’Ensemble Ars Nova. « Nous sommes très heureux de retrouver notre maison et de reprendre notre activité. Car pendant le confinement certains artistes ont été privés de leurs instruments et du lieu où ils pouvaient jouer », concède Benoît Sitzia, directeur adjoint de l’Ensemble Ars Nova. Un ensemble qui a pris le risque de la création musicale. Pressé de se reproduire de nouveau, le programme sera dédié aux retrouvailles avec le public avec la matière sonore.
Vendredi 17 juillet, 12h30, musique contemporaine, TAP
Les 250 ans de Beethoven par l’orchestre des Champs-Elysées
L’orchestre des Champs-Elysées fêtera les 250 ans de Beethoven (photo Arthur Pequin)
Ensuite retour aux classiques à l’occasion du 250e anniversaire de la naissance de Beethoven cette année. Ce sera la clôture de cette programmation estivale par l’Orchestre des Champs-Elysées, en résidence au TAP. Pour Jean-Louis Gavatorta, administrateur de l’Orchestre, « renouer avec la scène sera important cet été. En plus le 250e anniversaire de Beethoven est un temps fort pour nous. Son oeuvre est extraordinaire ». Il débute la saison au TAP avant de se donner en spectacle à Saintes. Même si certains musiciens seront coincés sans doute encore dans leur pays de résidence, tous sont heureux d’enfin se retrouver. D’autant plus pour jouer du Beethoven « C’est une bible pour l’orchestre symphonique, poursuit l’administrateur. Beethoven a composé au moment d’un basculement des idées. C’est un retour aux sources pour nous. Mais on proposera quelque chose de différent. On ne va pas suivre la chronologie de son oeuvre. » de belles surprises et sans doute des découvertes.
Dimanche 19 juillet, 19h30, musique classique, TAP.
Dans le respect des règles sanitaires
Les places sont gratuites. Dans la limite des places disponibles. Il n’y a pas de réservation au préalable car les équipes de la billetterie sont consacrées entièrement au remboursement des billets. Il y aura un accompagnement des spectateurs en salle pour respecter le placement et l’écart entre chaque famille et groupe. « On espère avoir du monde et refuser peu de public », sourit Jérôme Lecardeur, qui demande un peu de compréhension tout de même. Christophe Potet, directeur des projets artistiques, précise que « le protocole sanitaire sera respecté à chaque fois. Nous proposons 27 points de gel au sein du TAP. » Les jauges des salles ont été divisées par deux. 450 pour l’auditorium et 300 pour le théâtre. Sur la scène de l’auditorium aussi. Normalement, elle peut accueillir jusqu’à 110 musiciens, ce sera limité à 49.
Le TAP, c’est aussi le TAP Castille, le cinéma. Les séances ont repris le 22 juin dernier. Les horaires sont modifiés et consultables sur le site Internet. Avec le Covid-19, près de 100 films n’ont pas été diffusés, soit 1 500 séances de cinéma annulées. Habituellement le TAP Castille tire le rideau en août durant une quinzaine de jours. Cet été, le ciné restera ouvert au public.
De nouveaux artistes en résidence
Le TAP accueille également des artistes en résidence. Cet été, huit s’y rendront pour rattraper le temps perdu. Car le TAP reste un lieu de création, en plein ébullition. Il est également utilisé pour son acoustique qui fait sa réputation pour l’enregistrement de disques. « Les équipes se sont organisées pour offrir la possibilité d’accueillir de nouveau les artistes pour qu’ils retrouvent des espaces de travail », explique Christophe Potet. Le TAP retrouve ses fonctions et espère retrouver du public, son public pour faire de nouveau résonner la culture à Poitiers.