L’ambiance semble presque hors du temps dans les locaux de l’association, aux portes de Floirac. Le bâtiment est très calme, tout comme le quartier. Dans l’une des salles des bureaux de Sport Emploi, un petit groupe participe à un atelier d’insertion professionnelle, ce mardi de juillet. Ils sont cinq ce jour-là à revoir leurs CV, répéter un entretien, finir leur lettres de motivation ou se renseigner sur les formations qui pourraient leur convenir. Samira Kebabi, conseillère en insertion professionnelle, les accompagne individuellement.
Avec son programme Mobi Sport soutenu par Bordeaux Mécène et par la Fondation groupe EDF, l’association propose un accompagnement centré sur l’activité sportive, durant trois sessions de un mois dans l’année. La dernière a commencé pendant le mois de juin, avant de se terminer le 7 juillet. Depuis celle du mois d’avril dernier, un nouveau module est mis en place : des ateliers de suivi, d’environ deux ou trois heures, qui se tiennent chaque semaine avec les anciens bénéficiaires qui n’ont toujours pas trouvé d’emploi ou de formation adaptée. Deux d’entre eux ont déjà eu lieu, en avril et en juin. 42 personnes y ont pour l’instant participé.
« Avoir un but »
Kika, comme tout le monde la surnomme, 35 ans, en fait partie. Assistante de direction à Lormont jusqu’en septembre 2022, elle fait depuis face à une période de chômage qui l’a « déstabilisée », et lui a fait perdre confiance en elle d’un point de vue professionnel. « Je voulais me remobiliser, retrouver un rythme de vie. Avoir un but », raconte-t-elle. « J’ai toujours bossé, et là c’est la première fois que je me suis retrouvée au chômage », explique Kika, qui souhaiterait se réorienter dans la gestion des finances pour les collectivités territoriales.
Si être la plus âgée du groupe n’a pas forcément été évident, elle retient de son passage chez Sport Emploi « des semaines très enrichissantes » et « des rencontres intéressantes ». Pour « revoir le groupe » et continuer sa recherche d’emploi, la jeune femme participe aux ateliers hebdomadaires. « Par nature, je vais au bout des choses », explique-t-elle. « Et j’en repars toujours plus riche ».
« Ici, ils sont à l’écoute »
Si Kika était la plus âgée de la session, Kilian, lui, était l’un des plus jeunes. Âgé de 17 ans, l’adolescent a découvert Mobi Sport pendant un atelier de sa Mission locale, un espace pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Lui aussi garde un souvenir positif de ses quatre semaines au sein de l’association. « Ça permet de se lever le matin, de faire tous les sports, de se libérer », résume-t-il timidement. Et il a aussi plaisir à revenir dans les locaux.
« Ça permet de continuer à être suivi, et ici ils sont à l’écoute », explique-t-il. « C’est plus tranquille qu’au lycée, il y a moins de pression. Pas de forcing. On t’oriente vers ce que tu as vraiment envie de faire ». Diplômé d’un CAP Électricien, le jeune homme « attend d’avoir 18 ans » pour commencer à travailler dans cette branche. En attendant, Mobi Sport l’aide à trouver des « jobs d’été », et des formations pour pouvoir postuler à ces derniers.
S’adapter au groupe
Neema, 21 ans, a aussi entendu parler de Mobi Sport par sa Mission locale. « Ma conseillère m’a dit de travailler sur la confiance en moi », raconte la jeune femme, elle aussi timide. Si au début de sa session elle a eu une certaine « appréhension », elle trouve maintenant son accompagnement « génial ». « Quand on a un coup de mou, ça réveille », rit-elle. « Au début, il faut s’adapter au groupe. Mais au final, on s’est tous bien entendu », raconte celle qui voudrait devenir infirmière à Bordeaux. Même si elle semble faire face à certaines appréhensions pour ce choix. « Il faut se battre, c’est la vie », résume-t-elle.
Kika, Kilian et Neema, font partie des dizaines de personnes ayant déjà bénéficié du programme. Rien de surprenant au fait qu’ils aient des profils très variés : tout le monde peut participer à ces sessions, sans aucun pré-requis. « Du moment qu’on veut se reconvertir, trouver un boulot, être accompagné », tout le monde est le bienvenu, comme l’explique Coline Chaine, éducatrice sportive et référente pédagogique au sein de Mobi Sport. « Nous avons déjà eu des personnes de 54 ou 57 ans, qui avaient envie de se reconvertir, d’être accompagnées dans un projet professionnel, ou de se remettre en forme », ajoute-t-elle. L’association affirme avoir eu 73% de sorties positives pour ses bénéficiaires en 2022 (entrée en formation, CDD, CDI, ou autre). La prochaine session centrée sur les anciens bénéficiaires, elle, se tiendra en novembre.
Mobi Sport, une structure complète
Lancée début 2021, Mobi Sport réunit 20 participants maximum pendant trois sessions de un mois chaque année. Le programme consiste en des séances de sport, collectif ou individuel, tous les matins (basket, volley, musculation, endurance…). Avant de se rassembler l’après-midi autour d’ateliers sur la connaissance de soi, la prise de parole en public, les compétences et la gestion du stress. Neuf compétences y sont travaillées, comme l’adaptabilité, le respect des règles, ou encore la persévérance. Tous les sports sont pratiqués à Floirac.
Chaque mercredi, des rencontres professionnelles sont organisées, avec des intervenants déterminés en fonction du profil des participants. Ces derniers reçoivent également une gratification, qui comprend leurs transports et leurs repas. En 2022, 67 séances de sport ont été organisées dans le cadre de Mobi Sport.