Villa Antoinette : Des familles et des SDF


Le Diaconat de Bordeaux en rêvait, Clairsienne l'a fait. Depuis quelques mois, logements sociaux et structures d'accueil pour personnes défavorisées cohabitent dans un immeuble flambant neuf. Retour sur une mixité sociale atypique et novatrice.

ImmeubleO. Panier des Touches

La Villa Antoinette intègre une résidence de logements en locatif social (du T1 au T5), un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) d’urgence et des Lits Halte Soins Santé (LHSS) destinés aux personnes défavorisées.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/07/2023 PAR Emmanuelle Diaz

Créé voilà plus de dix ans et porté par le Diaconat de Bordeaux, le Centre d’Accueil d’Urgence Trégey, d’abord simple centre hivernal pérennisé durant l’hiver 2012-2013, vient de franchir une nouvelle étape. Désormais installé au cœur de la Villa Antoinette, quartier Deschamps Belvédère sur la rive droite de la ville, il accueille deux dispositifs d’hébergement pour personnes en situation de précarité : un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale d’urgence (CHRS) de 88 places et 16 Lits Halte Soin Santé (LHSS). Deux structures situées au sein d’un immeuble qui comprend aussi, de part et d’autre, 53 logements familiaux en locatif social.

Une opération novatrice et inclusive

Réalisé suite à un appel à Manifestation d’intérêt lancé en 2016 par l’EPA Bordeaux Euratlantique et remporté par Clairsienne, l’édifice, situé au sein de la ZAC Garonne-Eiffel et conçu par l’Atelier Mazières Architectes Associés, se veut donc un projet mixte mêlant logement sociaux et centre d’accueil en faveur des plus démunis. L’enjeu est l’intégration de ces structures d’urgence -pour partie gérées par le Diaconat de Bordeaux- dans la vie de ce nouveau quartier et donc, une insertion facilitée pour ces personnes souvent en manque de repères.

« Cet endroit, ça fait des années que le territoire espérait les voir ouvrir pour augmenter l’offre existante portée par le CCAS de Bordeaux. Et cela fait des années que le Diaconat souhaitait en ouvrir. C’est un travail en partenariat quotidien avec les services de l’État (qui financent le fonctionnement des deux structures, ndlr) pour prendre en charge des personnes dans le cadre d’un accompagnement global », explique Christiane Iribarren, présidente du conseil d’administration du Diaconat de Bordeaux.

Les plaques d’inauguration de la Villa Antoinette dévoilées en présence, notamment, de Jean-Baptiste Desanlis (à gauche) et Benoît Thomazo, respectivement DG et président de Clairsienne, mais aussi d’Étienne Guyot, Préfet de la Gironde et d’Anaïs Sebire, directrice-adjointe de la délégation départementale de l’ARS (à droite).

 

Un service « à la carte »

Destiné à accueillir de 16h30 à 8h30, des publics fragiles mais aussi des jeunes en insertion professionnelle ou des saisonniers, le CHRS d’urgence, ouvert en novembre dernier après plus de 2 ans et demi de travaux, offre une halte de 15 jours à deux mois, à ces personnes orientées par le 115. Il assure aussi une coordination avec les services sociaux de droit commun dont l’association APAP (pour les jeunes à la rue), les CCAS et les services de la préfecture, notamment pour les pertes de papiers ou encore la CAF pour le RSA.

Quant au service LHSS, ouvert 24h/24, il s’adresse à des sans domicile fixe envoyés par des travailleurs sociaux ou des médecins et dont la pathologie ou l’état général -somatique ou psychique- ne nécessite pas une hospitalisation mais est incompatible avec la vie dans la rue. L’occasion pour ces personnes abîmées par l’existence, de bénéficier d’un suivi médico-social durant tout le temps nécessaire à leur rétablissement.

Un projet « exemplaire » mais encore insuffisant

« Un Centre d’accueil d’urgence, c’est atypique. Il n’y a pas de ligne budgétaire, d’investissement pour en construire. Mais la question de l’urgence est là et il faut y répondre au mieux. Cette opération a un caractère exemplaire et elle peut servir de modèle pour d’autres territoires, d’autres collectivités et d’autres partenaires associatifs », conclut Philippe Rix, directeur général du Diaconat de Bordeaux.

D’un coût total de près de 15,5M€ (plus de 10M€ pour les logements familiaux et 5,3M€ pour le CHRS d’urgence et le LHSS), le bâtiment a été financé par de nombreux partenaires dont l’État, la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département de la Gironde, Bordeaux Métropole, la ville de Bordeaux et Clairsienne.

Les deux structures d’accueil d’urgence, affichent déjà un taux de fréquentation de 99% et ne cessent de recevoir des demandes. Selon la 2e nuit de la solidarité, 554 personnes vivaient dans la rue, en campement ou en bidonville à Bordeaux en janvier dernier.

Infos pratiques !

CHRS et LHSS : Villa Antoinette, rue des Bateliers, 33 100 Bordeaux.

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2 Comentaires

2 commentaires

  • mengus, le 15/8/2023 à 13h43

    Je partage l’avis exprimé par le commentaire de M. Romagna. Je suis résident de la villa Antoinette: les protagonistes de cette idée « d’inclusivité » se congratulent de ce projet mais ne vivent pas avec les dérangements occasionnés par « ce public ». De même qu’on ne mélange pas la classe moyenne avec les très riches, on ne mélange pas des sans abris avec des habitants. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en occuper mais en dehors d’habitats classiques.


  • Christophe Romagna, le 18/7/2023 à 10h05

    Mixité sociale, inclusivité, vivre-ensemble…ne sont que des termes marketing éculés, qui ont montré leurs limites depuis bien longtemps. Mais les doux rêveurs de gauche et du centre ne cessent de promouvoir et de vouloir vendre ce modèle dépassé en le réinventant à coup de novlangue.


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