Le Recycliste vise la métropole


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Le Recycliste vise la métropole

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/06/2017 PAR Romain Béteille

C’est un vélo ordinaire et une petite remorque qui n’ont l’air de rien, comme ça. Ils sont stockés sous un appentis dans le jardin de Cyril Sautour, à Bègles. Depuis le mois d’avril dernier, ce père de famille imprimeur s’est lancé en auto-entreprise, dans un concept nouveau et a donné ses premiers coups de pédales sur Bordeaux, Bègles et Villenave d’Ornon. Si vous l’appelez, il vient chez vous chercher vos bouteilles de verre et pour un tarif variant en fonction de leur nombre (de deux euros cinquante entre une et dix bouteilles à neuf euros soixante dix pour trente à quarante bouteilles), il va s’en débarasser pour vous dans les bacs de collecte. Son slogan, c’est « le bon geste sans la contrainte », plus besoin donc de vous déplacer pour faire cette corvée. « L’idée est née de plusieurs choses », explique Cyril lorsqu’il nous reçoit chez lui. « D’abord, la fibre écologique. Je trie mes déchets comme tout le monde, j’ai un poêle à granulés, je n’utilise pas de désherbant ou de produit phytosanitaire dans mon jardin. C’est aussi un constat de la réalité quotidienne : cet épisode de canicule nous fait prendre conscience de plein de choses. 

« Un truc à creuser »

Le Recycliste, comme il se fait appeler, a commencé à effectuer ses premières tournées à la mi-avril. « Il y a quelques temps, je suis parti nager à la piscine de Bègles. En arrivant à une borne de collecte, je suis tombé sur un gars qui pestait en jetant ses bouteilles de verre. Je me suis dit qu’il y avait peut-être un truc à creuser de ce côté ». Sur son vélo, tous les lundis, mardis et vendredis, Cyril va de Caudéran à Bacalan et même jusqu’au Lac. C’est pour lui un premier essai. La société qui l’emploie pour coller les étiquettes sur les bouteilles de verre va être délocalisée de Mérignac à Libourne en septembre prochain. « Ça a été aussi un élément déclencheur. Pour l’instant, je garde mon activité mais ça ne m’empêche pas de vouloir faire en sorte que cette seconde activité se développe ». Sans étude de marché, juste en interrogeant l’entourage, Cyril et son ami David, tous deux déjà habitués à l’effort (ils ont participé à des compétitions « Iron Man »), ont constaté un certain enthousiasme devant leur idée. « On est aussi parti du constat de notre propre consommation. Par exemple, dans ma famille nous sommes trois. Si je ramène ça à l’année, on consomme environ une dizaine de bouteilles de verre par mois. On s’est servis de ça pour établir un tarif ». 

Le petit rouage de la chaîne

Reste que pour l’instant, l’activité démarre à peine, et les débuts sont timides. La faute, sans doute, à ce « stop pub » fixé sur les boîtes aux lettres, qui empêche Cyril et David « de communiquer » sur leur service. La faute aussi à un manque de relations avec les collectivités locales. Si la mairie de Bègles les a bien reçus la semaine dernière pour être informée du projet, la métropole, qui gère la gestion des déchets depuis la mutualisation, reste pour l’heure muette. « C’est elle qui effectue la gestion du tri, c’est un biais par lequel on va passer pour essayer d’atteindre plus de gens. On aimerait organiser une collecte avec une collectivité, se faire payer par elle plutôt que par les gens, chez qui il peut y avoir une réticence. Ce serait aussi une manière d’être le plus neutre possible financièrement parlant ». L’année dernière, la métropole a lancé un plan de déploiement d’une centaine de nouvelles bornes à verre. C’est le maire de Bouliac, Dominique Alcala, qui est en charge de la gestion des déchets ménagers à la métropole. Selon les derniers chiffres, cette dernière est plutôt en retard, avec 22 kilos par habitant et par an par rapport aux vingt-neuf kilos de moyenne nationale. Le recycliste, « petite fourmi qui peut faire augmenter le nombre de gens qui recyclent du verre », ne compte donc pas se frotter aux gros acteurs du recyclage (Véolia en tête), mais s’attaquer à une échelle plus locale.

Cyril et David ne s’interdisent pas de partir dans d’autres collectes, comme les bio-déchets, et constituer une petite armée de vélos-remorques un peu partout sur la métropole bordelaise, et même ailleurs s’ils le peuvent. Ils voudraient aussi passer au vélo électrique. Mais la jeune société ne pourra pas non plus devenir un géant du ramassage. Elle navigue plutôt entre deux systèmes : alors que la collecte à la tonne coûte 180 euros en porte-à-porte, elle revient à 148 euros en « point d’apport volontaire ». Ce genre d’initiatives locales se multiplient un peu partout en France depuis quelques années. Il y a deux ans, un toulousain de 27 ans avait attiré l’attention en collectant sur son vélo l’huile des restaurants. A Bordeaux et dans l’agglomération, selon les chiffres de la métropole, il y aurait actuellement (en comptant les nouveaux bacs), un collecteur de verre pour environ 766 usagers. En 2015, le bilan n’était pas très glorieux : Bordeaux stagnait à 67% de recyclage des déchets ménagers, alors que le Grenelle de l’Environnement avait fixé un objectif de 75%. La société Éco Emballages avait alors débloqué 40 millions d’euros de budget pour aider 110 collectivités. L’objectif reste, cette année encore, toujours le même : recylcer 1500 tonnes de verre en plus d’ici 2018, soit une hausse de 10% de la quantité de verre collectée. Ça en fait, des vélos-remorques. 

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