Le livre au défi du « Big bang numérique », d’après Bruno Patino


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Le livre au défi du « Big bang numérique », d'après Bruno Patino

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2009 PAR Solène MÉRIC

A la tribune de la salle plénière du Conseil Régional d’Aquitaine, Bruno Patino a tenté de répondre aux angoisses des acteurs de la chaîne du livre dans un souci de clarté mais aussi de franchise quant aux enjeux et problématiques posés par ce qu’il appelle le « big bang numérique » auquel ces professions vont devoir faire face et s’adapter.

« Ce n’est qu’une question de mois »
Le premier problème qui se pose est de parvenir à une définition du livre numérique, est-il définit par l’écrit, par l’objet (le fameux e-book) ou bien encore par sa capacité d’indexation ? Bruno Patino a, quant à lui, la conviction qu’il ne faut pas « être obsédé par l’idée qu’un livre numérique ne peut-être qu’un objet technologique ultime du type e-book ». Il propose au contraire de « réfléchir en tenant compte des nombreux écrans qui existent déjà dans notre vie quotidienne » : l’ordinateur familial, les consoles de jeu, qu’elles soient portables ou non ou encore les « smart phones » du type de l’I-phone. Ces écrans existent déjà, et, selon l’intervenant, le développement massif du « livre numérique » se fera dès lors que les interfaces satisfaisantes pour les consommateurs existeront, ce qui pourrait n’être qu’une question de mois. C’est la théorie américaine du « cool factor ». D’ailleurs, sur certaines consoles de jeu, il est d’ores et déjà possible de consulter des recettes de cuisine, et le concept fonctionne car il paraît satisfaisant (« cool ») aux utilisateurs. Qu’est-ce, si ce n’est un livre de cuisine numérique qui s’ignore ?

Qui fixera le prix du livre numérique ?
Un autre enjeu essentiel abordé par Bruno Patino est la question du prix du livre numérique, dont dépendront la valorisation et le renouveau de la création. Une fois sur le réseau, comment réguler l’accès au contenu du livre numérique ? En d’autres termes, qui du fournisseur d’accès à internet ou des éditeurs fixera le prix du livre ? La question est cruciale car elle met en jeu deux intérêts distincts, ceux des opérateurs de réseaux et ceux du couple éditeurs/auteurs. Ayant pour intérêt commercial de vendre l’accès à internet au plus grand nombre, les fournisseurs d’accès ne se soucient pas de la valorisation des droits intellectuels sur les contenus. A l’inverse, l’intérêt des éditeurs et des auteurs est de valoriser les droits d’auteurs qui sont à la source de l’économie de la création. Face à ce paradoxe et conscient que « le dialogue entre ces deux types d’acteurs est très inégal du fait du poids économique des opérateurs », Bruno Patino, tout comme le rapport rendu en juin, préconise que ce soit aux pouvoirs publics de réguler cette situation via trois actions principales.

« Défendre les droits d’auteur dans l’univers numérique »
La première action forte à envisager est que les pouvoirs publics doivent réaffirmer que « les droits d’auteurs soient respectés dans l‘univers numérique. Les éditeurs doivent donc avoir leur mot à dire sur le prix de l’accès au contenu. » La deuxième action nécessaire est de « lutter contre l’appropriation du secteur ou la position dominante d’un acteur en posant une garantie d’interopérabilité des systèmes ». En dernier lieu, Bruno Patino insiste sur la nécessaire intervention de l’Etat concernant les métadonnées. En effet, celles-ci sont les données associées aux fichiers numériques et qui contiennent des informations précieuses sur la source, la nature, le contenu et la localisation du document. En d’autres termes, elles sont les bases de données indispensables aux professionnels du livre ainsi qu’à la visibilité des livres eux-mêmes sur internet. Or, l’accès à ces métadonnées étant à l’heure actuelle très cher (y compris pour les professionnels), mais de plus en plus indispensable dans un univers numérisé, Bruno Patino souligne la nécessité d’une volonté politique de donner accès à ces données à tous par la fixation de tarifs beaucoup moins prohibitifs, ou mieux, par leur gratuité.
Répondant à une question sur l’avenir des librairies indépendantes en cas de basculement de l’édition vers une édition numérique, Bruno Patino, prenant exemple sur le cas de la presse, considère qu’un tel phénomène ne poussera pas à l’éviction du livre classique. Même s’il reconnaît que « la numérisation du livre pourra fragiliser, peut-être mortellement, les structures qui sont déjà les plus fragiles », il ne croit pas que les librairies seront désertées. Voilà de quoi relativiser la théorie du Big Bang.

Solène Méric

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