Le Festival Climax veut continuer le combat


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Le Festival Climax veut continuer le combat

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 26/06/2018 PAR Romain Béteille

Mélange des genres

L’année 2018 est une période bien particulière pour l’écosystème Darwin. Jean-Marc Gancille, l’un des co-fondateurs de ce « lieu alternatif » sur la rive droite de Bordeaux, a annoncé son départ en juin dernier, et ce dernier sonnait un peu comme un renoncement. Quelques jours plus tard, près de 2000 personnes étaient réunies à la Caserne Niel autour du slogan « Laissons pas béton », au moment où Bordeaux Métropole Aménagements lance les travaux de la ZAC Bastide Niel. Un terrain bien compliqué et bien flou pour Darwin, qui ne renonce visiblement pas à ses grandes manifestations. Cependant, elles changent tout de même singulièrement de forme. La philosophie, elle, reste apparemment la même pour Climax : tenir un point d’orgue « de notre engagement, le moment où l’on porte tout ça de manière plus forte », a ainsi indiqué Philippe Barre. Mais un engagement sensiblement resserré, en tout cas financièrement parlant. « On a décidé de réduire les budgets. L’année dernière, on a eu un sérieux dévissage qui ne s’est pas traduit plus fortement que les années précédentes. Il ne faut pas oublier pourquoi on fait ce festival. Cette année, on a clairement souhaité préciser quelle est notre ambition, qui n’est pas de dépenser de l’argent pour montrer qu’on est les plus forts. Ce n’est pas le manque d’argent qui conduit à faire des renoncements, même si on sera à environ la moitié du budget de l’année dernière », continue le co-fondateur de Darwin. 

Pour moitié moins cher, donc, que trouvera le public lors de cette quatrième édition ? Une programmation musicale moins ambitieuse d’abord, pour éviter ce qui est dénoncé en parlant des autres grands festivals estivaux comme une « course au toujours plus ». L’idée est à la fois de réunir les publics autour de l’engagement écologique, qu’ils soient venus là pour les conférences ou juste pour la fête. « À Darwin comme pendant Climax », poursuit « l’homme à la monture », « on ne souhaite pas faire un temps uniquement pour des gens qui seraient uniquement des militants engagés ou juste des fêtards. C’est vrai que l’on fait un mélange des genres, mais on le fait tout au long de l’année et on l’assume, c’est justement ce qui fait notre marque de fabrique, on ne veut pas garder pour un petit nombre de convaincus, retranchés dans un coin, notre conscientisation. On a envie de la faire partager au plus grand nombre et dire que la question de l’écologie et de la solidarité, c’est l’affaire de tous. » Ainsi, avant d’attaquer sur le programme, Climax ne renie pas ses avancées et ses coups de poker, notamment cette enquête officielle signée par une vingtaine d’ONG en 2016 pour sortir des énergies fossiles. En février dernier, le festival a d’ailleurs été récompensé par le « Prix de l’action éco-responsable », ce qui l’a sans doute poussé a serrer les rangs et à oublier les grosses têtes d’affiche musicales.

Enjeux en musique

La programmation démarrera d’ailleurs dès le mois de juillet, le 5 juillet, au Rocher de Palmer, via un « micro climax », une journée-débat et tables rondes sur « le rôle de la culture dans l’éveil des consciences écologiques et dans l’intégration sociale des réfugiés ». Cette introduction cenonnaise est aussi l’occasion d’annoncer que Climax a revu ses plans en termes d’organisation : fini le Parc Palmer pour l’instant (sans expliquer vraiment la cause de ce renoncement). Les conférences se dérouleront, du moins la journée du jeudi 6 septembre, à l’intérieur du Rocher de Palmer. A chaque année sa thématique, et la quatrième édition de Climax ne déroge pas à la règle. En 2018, l’effondrement de la biodiversité et la question des migrants font évidemment figure de sujets tous désignés. Ils se parent pour cela de deux grands témoins (comme c’est la tradition pour cet évènement). Après Hubert Reeves, José Bové ou Jean Jouzel, c’est le Dr Jane Goodall, éminente ethnologue anglaise créatrice d’une fondation portant son nom en faveur de la préservation de la biodiversité. Elle animera une conférence intitulée « Reasons for Hope » le samedi 8 septembre à Darwin. Pour le reste du casting, Edgar Morin est déjà annoncé comme grand témoin tandis que Cécile Duflot, Pierre Cannet (WWF France), Laurent James (Sea Shepherd), Jean-Louis Etienne ou le paléoanthropologue Pascal Picq participeront aux conférences, le premier jour au Rocher et les deux derniers à Darwin.

Côté musique, on l’a vu, moins de grandiloquence, mais quand même quelques noms : Mr Oizo, Etienne de Crécy, Chassol, Clément Bazin, Belly Button, Dean Tang ou Les Darling ont ainsi été annoncés, « sous réserve de confirmation ». Le tout se couplera avec des évènements particuliers (concerts et sans doute débats ou happenings) organisés à la Guinguette Alricq, un focus sur des performeurs de street-art et des sportifs et, pour la première fois cette année, des projections de films documentaires ou de fiction autour des thèmes principaux du festival (dont, évidemment, le film de Brett Morgen sur Jane Goodall, qu’on a trouvé plutôt sympa). Darwin, enfin, n’oublie ni le ride (sorties kayak et paddle, expo photo pour « sensibiliser le public aux enjeux de la protection environnementale liés aux sports de glisse aquatique » ou tournoi de Bike Polo). Enfin, qui dit organisation dit aussi éco-festival. Là-dessus aussi, Climax se distingue des autres en allant un peu plus loin que les simples eco-cups et les toilettes sèches : alimentation entièrement végétarienne et bio (dont 70% en local), réseau d’énergie (notamment pour alimenter les scènes) entièrement renouvelable et scénographie entièrement recyclée. Des ambitions toujours forte, donc, même en année de transition. Et même si on ne sait pas trop de quoi seront fait les prochains mois pour Darwin : « Concernant la disposition du festival, on a pas mal navigué dans les options. Il y aura certainement de petits ajustements, notamment au niveau de l’amphithéâtre qui était censé disparaître la semaine dernière… Pour le Parc aux Angéliques, c’était compliqué cette année, et les travaux de voieries devant l’entrée sont censés être terminés fin août. On a préféré choisir la sécurité des parcs que nous connaissons, mais on n’est pas si contraints qu’on pourrait l’imaginer ». Preuve en est : Climax rêve déjà à une édition printanière. L’engagement, enfin, aura un prix : 15 euros pour la journée du jeudi, 25 euros pour celle du samedi et 40 euros pour le pass deux jours pour ce qui est des concerts, le reste étant en accès libre « dans la limite des places disponibles ». L’an dernier, le festival avait attiré 33 000 personnes. Le pari de la transition, si ce n’est de faire aussi bien, est donc de faire le pari de l’engagement. En tout cas les enjeux sont là.

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