Le Centre d’études biologiques de Chizé (79) fête ses 50 ans


Aqui.fr

Le Centre d'études biologiques de Chizé (79) fête ses 50 ans

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/09/2018 PAR Julien PRIVAT

Ce vendredi 7 septembre, le Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC) fêtait ses 50 ans. Discours, conférences, tables rondes, témoignages étaient au programme de cette journée. L’occasion de présenter les thèmes de recherche des trois équipes rattachées à ce centre : Ecophy (mécanismes d’adaptation des vertébrés), Prédateurs marins (changements climatiques en milieu marin), Agripop (changements d’usage des terres et la conservation de la biodiversité). A l’année, une soixantaine de personnes y travaillent (chercheurs, ingénieurs, techniciens) et pour moitié des étudiants ou des contractuels. 

Au service de l’écologie

Christophe Guinet est directeur du CEBC depuis un peu plus d’un an. « Il y a une réelle complémentarité entre les laboratoires de recherche et les enjeux écologiques. On ne peut pas juste se contenter de comprendre. On est dans une situation d’urgence écologique, on est au coeur de ces questions et on doit essayer d’apporter des éléments réponses », alerte-t-il. 

Il  fait partie d’une des équipes des recherche, celle des prédateurs marins. Il observe notamment le déplacement des éléphants de mer, « en direct » grâce à un système de balise. Il a noté quelques changements dans les comportements des animaux au fil des années.

Autre équipe de recherche : Ecophy qui étudie l’écophysiologie des reptiles, des batraciens et les oiseaux c’est-à-dire les réponses comportementales et physiologiques des organismes à leur environnement. Olivier Chastel, directeur de recherche, travaille sur l’influence des perturbateurs endocriniens. Avec son équipe, ils ont mené une recherche sur l’impact du glyphosate auprès de 2000  tétards. Les résultats font froid dans le dos. « Même en mettant une faible dose de glyphosate dans l’aquarium, il y a des réactions sur la morphologie des tétards, voire on observe une mortalité chez certains d’entre eux », avertit le chercheur. Son équipe se rend également à l’autre bout du monde en terre Australe afin d’y mener des recherches sur les animaux.

Agripop est la troisième unité de recherche qui étudie les changements d’usages des terres agricoles et la conservation de la biodiversité. Les chercheurs travaillent localement sur une zone atelier. Il s’agit d’un espace où se développe une démarche scientifique spécifique en s’appuyant sur des observations et des expérimentations pour y mener des études faisant appel à plusieurs disciplines.  Ici, c’est la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre, une plaine céréalière au sud de Niort qui s’étend autour du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé sur 450 km². Pour moitié de sa superficie, elle bénéficie aussi du statut de Zone de NATURA 2000 désignée pour la biodiversité remarquable des espèces d’oiseaux. Elle est composée de 450 exploitations agricoles avec 13 000 parcelles agricoles. L’occupation du sol a été inventoriée depuis 1994. Des études ont par exemple poussé à préconiser la fin de l’utilisation des niccotinoïdes et la réduction des pesticides et autres herbicides. Actuellement les chercheurs travaillent sur l’amélioration des rendements céréaliers en réduisant les engrais. De nouvelles cultures vont voir le jour. Du moins, ils l’espèrent.

Des moyens supplémentaires

On ne fête pas tous les jours ses 50 ans. A cette occasion, de grands chercheurs ont fait le déplacement, des hommes politiques et même Luc jacquet, le réalisateur du célèbre film La Marche de l’empereur. Côté politiques, que ce soient Gilbert Favreau, président du conseil département des Deux-Sèvres, ou Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, tous ont pris conscience de la nécessité d’un tel centre d’études. « Je rencontre régulièrement les acteurs qui travaillent ici. Ils sont dans une réflexion permantente face à la disparition de certaines espèces », confie Gilbert Favreau. 

Alain Rousset, qui a découvert l’existence de ce centre il y a trois ans… « C’était en lisant Le Monde, un dossier de plusieurs pages consacré au CEBC », en a profité pour faire des annonces sur l’engagement de la région dans l’agriculture de demain.  « On a un tel besoin au niveau de l’agriculture. Il faut accompagner le changement au niveau de la région, il faut aller plus loin. » La  Nouvelle-Aquitaine veut mettre en place un centre d’intelligence économique agricole en lien avec les coopératives, les chambres d’agriculture, tous les acteurs de ce domaine. « Il faut qu’on y trouve un peu l’âme d’un incubateur, un lieu de transfert d’intelligence », confie Alain Rousset. Il aimerait que la région soit pilote sur la sortie des pesticides. « Je n’ai pas les capacités législatives ni règlementaires. Mais le temps presse, il faut tout mettre en oeuvre pour les nouvelles façons de faire de l’agriculture », conclut-il

Quant au CEBC, (qui avait failli disparaître dans les années 1980), aujourd’hui il paraît ancré dans le monde de la recherche à plusieurs échelles. Que ce soit au niveau régional, national voire international. « L’objectif est de devenir une station expérimentale. Il faut pour cela avoir la capacité d’accueillir des équipes de recherche qui viendront se former au CEBC », explique le directeur, Christophe Guinet. Mais tout cela a un coût puisqu’il faudrait réhabiliter deux bâtiments de cette ancienne base de l’OTAN. Ce  sont les futures générations d’écologues qui permettront de diffuser les connaissances scientifiques vers la société. « Nous sommes un peu des scientifiques au service de l’urgence écologique », résume Christophe Guinet.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Deux-Sèvres
À lire ! ENVIRONNEMENT > Nos derniers articles