« Si Dieu existe j’espère qu’il a une bonne excuse » autrement dit : peut-on être encore athée ? Un spectacle signé Gilbert Tiberghien à la TNT.


Patrick Veyssière

« Si Dieu existe j'espère qu'il a une bonne excuse » autrement dit : peut-on être encore athée ? Un spectacle signé Gilbert Tiberghien à la TNT.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/11/2008 PAR Piotr Czarzasty

Le spectacle est le fruit d’un vrai montage de textes et de genres artistiques. Le corps du sujet est tiré d’un extrait des Frères Karamazow de Dostoïevski entrecoupé de textes de Moby Dick d’Herman Melville et de Commentaires sur les Pièces de guerre d’Edward Bond. Glibert Tiberghien s’inspire de la première des anecdotes sur les exactions infligées aux enfants. Celles-ci sont commentées par des éléments de Bond sur l’innocence radicale, laissant de temps à autres la parole à la poésie de Melville, sous la forme des malédictions portées à l’égard de la baleine blanche par le capitaine Achab.

Dostoïevski provocateur
«Je prends ici le parti de Dostoïevski.» explique le metteur en scène. «…dont les propos sur la spiritualité se résument en une phrase : « Dieu, je veux bien y croire, mais je refuse de croire au monde qu’il a créé. » Pour illustrer ce propos, G. Tiberghien n’hésite pas à employer le «gros calibre». Comme l’histoire d’un général dont le chien se retrouve accidentellement blessé par un enfant de huit ans, et qui, pour se venger, ordonne de lâcher des chiens sur le gamin. Une histoire qui ne laisse certainement pas indifférent. Les paroles, décrivant l’enfant «déchiqueté» par les chiens sous les yeux de sa mère, amènent le conteur à s’interroger sur un sens quelconque de ce crime, si Dieu existait vraiment et lui en attribuait un. Le comédien, joué par le metteur en scène lui-même, provoque ensuite cette autorité divine qui se veut «juste» en demandant à ses fidèles de pardonner ceux qui leur font du mal. De quel droit cette mère devrait donc se tourner maintenant vers le général ou s’humilier devant lui en «offrant sa deuxième joue» ?

La religion au service de l’Etat
Aux récits de Dostoïevski viennent s’ajouter un «regard sur l’absolu» que portent les paroles du capitaine Achab, ainsi que celles «marxisantes» de Bond sur l’innocence radicale. C’est ici que le metteur en scène dénonce la religion comme l' »opium du peuple », une institution qui existe maintenant de ses propres moyens «sans avoir besoin de Dieu». Une religion qui se réclame de l’innocence, puisque pronant des valeurs et une morale universelles et qui se trouve de ce fait manipulée par l’Etat comme moyen de légitimation de ses propres «exactions». Cette manipulation arrive à son comble, en frôlant même l’absurde, lorsque le comédien reprend les mots d’Himmler «C’est par amour que nous gazons les juifs.»

Oser…
«Je n’ai pas pu m’empêcher de voir les propos tenus par Nicolas Sarkozy sur la laïcité comme le retour de la religion en tant qu’appareil idéologique de l’Etat.» raconte le metteur en scène. «C’est ce qui a donné naissance à cette réflexion sur Dieu et sur sa raison d’être et sa place dans la société.» M. Tiberghien emploie à cet égard plusieurs formes d’expression où les chemins de la poésie, du rap et du rock s’entrecroisent. «Avec la musique j’ai voulu éviter trop de bavardage.» explique le metteur en scène. «Le rap représente l’avenir, le rock – la tradition, tous deux offrant un nouveau regard à des textes devenus vieillos mais, dont la portée demeure universelle.» Quant au message principal que l’on devrait en tirer c’est «lutter contre la peur.» affirme M. Tiberghien. «Faut oser parler de tout ça, se poser des questions pour retrouver et dénoncer les injustices de la société.»

Photo: Patrick Veyssière

Piotr Czarzasty

Du 25 au 28 novembre à 20h30
Tarifs : 10€

T.N.T.
Manufacture de chaussures
226 Boulevard Albert 1er
33800 Bordeaux
05 56 85 82 81
tnt.boum@wanadoo.fr
www.letnt.com

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