« Les Républicains espagnols à Bordeaux : De la II République à la Résistance française », nouvelle exposition au Centre Jean Moulin


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« Les Républicains espagnols à Bordeaux : De la II République à la Résistance française », nouvelle exposition au Centre Jean Moulin

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/11/2008 PAR Piotr Czarzasty

La présence des Espagnols dans le Sud-Ouest remonte cependant à bien plus longtemps. Les premiers furent les membres de la communauté carliste, représentants de l’aristocratie espagnole qui s’était ralliée à Napoléon. Ensuite, une grande vague d’immigration suivit après la Première Guerre Mondiale, lorsque la France décimée, manquait désespérément de main d’oeuvre. Enfin la « Retirada  » pousse quelques 500 000 Républicains à traverser les Pyrénées pour s’installer essentiellement à Toulouse et à Bordeaux. Le sort qui leur est réservé n’est cependant pas une partie de plaisir. La ville de Bordeaux, dépassée par le nombre de nouveaux arrivants, les répartit dans des camps de concentration. Ils n’y restent que 2 ans. Sous le régime de Vichy il n’ont ensuite que le choix entre différents travaux publiques ou la Résistance.

Un regard impartial
Mise en place par le Musée d’Aquitaine, l’exposition commence par une partie historique présentant la Seconce République de 1931 à 1939, à travers une soixantaine de biographies des grandes figures de la République, aussi bien républicains que nationalistes. « Notre intention n’était en aucun cas d’occulter qui que ce soit ou de prendre partie pour un des camps. » affirme Daniel Gonzalez, commissaire de l’exposition. « On a voulu adopter un regard d’historien, excessivement impartial. » On aura ainsi l’occasion de lire les unes de La Petite Gironde relatant la guerre civile, une dizaine de photos jamais publiées, montrant les différentes étapes de la guerre à travers les visages des Républicains, tantôt souriants tantôt en larmes, fuyant leur patrie sur des embarcations vers les ports français.

On pourra ensuite admirer les objets qu’ils ont emportés avec eux. « On voit bien qu’ils faisaient leurs valises en hâte, en prenant les choses qui leur paraissaient les plus importantes. » remarque M. Gonzalez. Parmi eux donc, des actes de naissance, des passeports, photos de famille, un peu de terre même. Mais on peut aussi rencontrer des objets qui, compte tenu des circonstances, sembleraient dérisoires, comme une poupée, des couverts, fils et aiguilles, réveil…

Pablo Sanchez, celui qui a sauvé le Pont de pierre
Dans une autre partie on verra les héros espagnols de la Résistance qui ont notamment contribué à la libération de Bordeaux. L’exposition nous présente un dénommé Angel Villar, ouvrier sur les chantiers de la base sous-marine, qui fut le porte-parole d’autres ouvriers espagnols auprès des Allemands. « On a même ici son dictionnaire espagnol-allemand qui lui a permis non seulement de mieux communiquer avec les nazis au nom de ses compatriotes, mais aussi de profiter de ses capacités linguistiques pour tromper les allemands et accomplir de nombreux actes de sabotage. » raconte M. Gonzalez. Angel Villar n’est pas le seul bien entendu. « Ici vous voyez par exemple les photos des obsèques de Pablo Sanchez qui a empêché la destruction du Pont de pierre, miné par les Allemands. »

Des Zarzuelas aux corridas en passant par la danse de Carmen Amaya
carmen amayaEnfin un dernier volet de l’exposition se voit consacré à la vie culturelle de la communauté espagnole à Bordeaux. « Après la deuxième guerre mondiale les Espagnols commencent à louer des salles et monter des spectacles, pièces de théâtre, opérettes. » raconte M. Gonzalez. Les plus populaires sont les opérettes appelées « Zarzuelas ». On met en scène des classiques de la littérature espagnole ; l’affiche du programme d’« El Abuelo » de Benito Pérez Galdós, joué le 25 juin 1950 à la Casa de España en est emblématique. C’est aussi l’apogée du Cabaret « El sol y sombra » sur le cours de la Marne qui voit évoluer les plus grandes célébrités artistiques d’Espagne, avec notamment Pepe Marchena et son chant inoubliable ou la sublime gitane Carmen Amaya, émerveillant ses spectateurs avec une danse envoûtante et pleine de grâce. Les visiteurs ont d’ailleurs l’occasion de les voir tous les deux en vidéo lors de l’exposition. Il ne faut pas oublier, bien entendu, la corrida que les Espagnols importent dans la région. Les premières arènes apparaissent alors au Bouscat dès 1921 avec une capacité d’accueil de plus de dix mille spectateurs.

La rencontre avec l’histoire des Républicains espagnols ne se contente pas néanmoins de la seule exposition. Celle-ci est accompagnée de nombreuses conférences traitant de la Seconde République sous ses divers aspects qu’ils soient politiques, culturels ou sociaux.

Piotr Czarzasty

Du samedi 22 novembre 2008 au dimanche 22 février 2009
du mardi au dimanche de 14h00 à 18h00
Entrée libre – Fermé les lundis et jours fériés

Centre Jean Moulin
48 rue Vital Carles
33000 Bordeaux
Tél. : 05 56 79 66 00

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