« Bordeaux : années 20-30 », laissez vous emmener dans les années mythiques de l’entre deux guerres vécues à Bordeaux


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« Bordeaux : années 20-30 », laissez vous emmener dans les années mythiques de l'entre deux guerres vécues à Bordeaux

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/10/2008 PAR Piotr Czarzasty

On a l’occasion de retrouver tout cela dans les musées d’Art décoratif et d’Aquitaine. Le premier nous fait revisiter les oeuvres des figures majeures de l’Art déco comme celles du céramiste René Buthaud, du peintre Jean Dupas, de l’orfèvre Maurice Daurat, du laqueur Jean Dunand ou encore du peintre décorateur Jean Despujols. Une collection de plus de 150 objets : tableaux, sculptures, meubles, services, plats, vases, broches, bracelets, dessins, vient donner un aperçu de ce qui a constitué la réponse à l’Art nouveau. Le Musée d’Aquitaine, de son côté, offre une impressionnante promenade dans Bordeaux des années 20-30 en aménageant à cet effet 800m² de ses locaux qui sont entièrement investis par près d’un millier d’objets et de documents, affiches, peintures, dessins, photos, objets d’art et de vie quotidienne, films d’époque, vidéos, ambiances sonores, tout cela dans de grandes mises en scène muséographiques.

Art déco, pour l’amour du luxe
En commençant notre voyage dans ces années 20-30 par une petite escale dans le monde de l’art on distingue la montée d’un courant qui réclame un « ordre nouveau » : « Art déco, c’est l’amour du luxe, des objets extraordinaires, dont on se sert pas d’habitude. » explique Victor Arwas, historien de l’art, « C’est un art plein de fougue, sûr de soi, extravagant. » On le voit notamment avec les céramiques, sculptures et verres richement décorés de l’artiste landais Edouard barbiere rousseauCazaux. Le tableau de René Buthaud « Le Triomphe de Vénus » est aussi révélateur de cet esprit de splendeur qui s’éloigne d’un quelconque minimalisme de fond ou de forme. Buthaud emploie ainsi la technique très exigeante du fixé-sous-verre, peint à l’huile et ajoutant une feuille d’or et de paladium, qui fut souvent à l’honneur dans les paquebots transatlantiques de l’époque.

Le Corbusier, grand contestataire
Comme aucun courant ne peut se passer de divisions internes, il en fut de même pour l’Art déco. l’Union des Artistes Modernes s’oppose vivement au côté excessivement décoratif du « nouvel ordre ». C’est alors le verre et le métal qui priment avec des formes plus simples et géométriques. Comme dans la Barbière de Clément Rousseau ou la table ronde de Boris Lacroix, entièrement en verre, ou la console et miroir de Raymond Subes, plutôt ascétique en restant néanmoins toujours élégant. Cette nouvelle approche n’épargne pas l’architecture avec les idées innovantes d’un certain Le Corbusier…

Mettre un terme à l’« ornementation superflue »
Le nouveau maire de Bordeaux, Adrien Marquet, opte avec conviction pour l’approche de ce dernier. Elu en 1925, il ordonne de suite à son architecte municipal Jacques d’Welles, de se débarrasser de toute référence à l’excès ornemental de la tradition académique et d’adopter une architecture dépourvue de « toute ornementation superflue ». Le béton armé, la ligne pure et si possible droite et le mur nu furent alors privilégiés. C’est à ce moment là que commence précisément la balade dans Bordeaux, qui nous attend au Musée d’Aquitaine.

Du sage à l’utopique
Celle-ci est divisée en quatre volets : la vie politique, l’architecture et l’urbanisme, la vie économique ainsi que la vie culturelle et les loisirs. Après un petit récapitulatif des principaux événements et partis politiques qui ont animé la ville à cette époque, illustrés notamment par quelques vidéos de propagande montrant M. Marquet inaugurant une nouvelle usine ou autre monument bordelais, dans l’ambiance sonore des chansons des Croix de feu ; on se retrouve dans le bureau de l’architecte municipal Jacques d’Welles. On y découvre aussi bien les grands projets du Plan Marquet qui ont vu le jour, comme la Bourse du travail ou la Régie Municipale du Gaz et de l’Electricité, ainsi que ceux plus utopiques, qui n’ont jamais quitté le stade du papier, comme le Palais du Commerce ou le Boulevard circulaire.

Le triomphe de Vénus - René ButhaudDe l’épicerie aux huileries…
Après avoir « pris le tramway » en admirant les cafés et restos du coin à travers la vitre, la visite nous emmène vers les secteurs phares de l’économie bordelaise. Une épicerie, remplie jousqu’aux bords de produits régionaux, nous témoigne de l’importance de l’industrie agroalimentaire. Plusieurs maisons de liqueurs bordelais s’exposent comme le Cordial-Médoc, Jifran ou Kina Lillet. Juste à côté, une voiture Grand tourisme de Motobloc rappelle les beaux temps de la maison, située à la Bastide, 102 rue des Vivants, avant que celle-ci n’arrête la construction d’automobiles au début des années trente avec l’apparition de la production en chaîne chez Ford. De nombreuses photos et cartes postales montrent par ailleurs la travail quotidien des bordelais et bordelaises dans les grandes huileries de la ville (de la Croix Verte, Franco-coloniale).

Un port animé
La suite du chemin nous amène au port. Tableaux, affiches, photos et cartes postales dévoilent la façade des quais, les nouvelles gares maritimes, les bateaux, les grues en activité, les marchandises en chargement sur les quais, les nouvelles installations comme le môle du Verdon. La Place des Quinconces et tout aussi animée, et ce sans avoir besoin d’un jour de « foire-expo ». Trois pavillons y sont consacrés à la vigne et au vin, à l’industrie aéronautique et à l’art colonial. Dans une partie consacrée aux grands paquebots, les visiteurs ont l’occasion, comme s’ils étaient à bord, de s’allonger sur des chaises longues en bois, en regardant un document sur la gare maritime au Verdon. On peut aussi découvrir ce qu’étaient les « maisons démontables » créées par la société Carde, ou encore les projets de l’aérogare et de la gare Citram.

Une vie culturelle en plein essor
Enfin, dans la dernière partie de l’exposition le public explore la richesse de la vie culturelle bordelaise. Il rencontre ainsi les écrivains de l’époque en admirant le bureau d’un homme de lettres qui pourrait bien être celui de François Mauriac. Il passe ensuite par l’atelier de luthier, Amati de Mangenot, un magasin exposant des gramophones et des postes radio et des vitrines sportives (chaussures de sport, ballon de foot, raquettes de tennis, un livre d’or signé par Susanne Lenglen) rappelant les disciplines populaires à l’époque. Mais ce qui intéresse avant tout sont les divertissements « nocturnes ». Opéra et opéra-comique au Grand Théâtre, opérette aux Bouffes Bordelais, le théâtre de comédie au Trianon, les Bordelais s’amusent un peu partout.

Voir un film ? Allez au REX
S’ils préfèrent par contre la magie des « salles nocturnes », le cinéma REX, ainsi que des salles comme le Florida et le Luxor, sont à leur disposition. Comme dans une vraie salle de cinéma le public s’installe confortablement dans ces fameux fauteuils-strapontins, en regardant un extrait de Les rois de la flotte, de René Pujol et Max et sa belle-mère de Max Linder, acteur originaire de la région. Cette partie de l’expo met aussi en avant les films créés à Bordeaux et dans la région, ainsi que ses acteurs célèbres, comme Danielle Darrieux, dont les photos remplissent toute une vitrine. N’attendez plus pour vous laisser séduire.

Piotr Czarzasty

Bordeaux années 20-30
Portrait d’une ville – Musée d’Aquitaine
Du 24/10/2008 au 15/03/2009

De Paris à l’Aquitaine – Musée des Arts décoratifs
Du 24/10/2008 au 28/01/2009

Billet pour la visite d’une seule exposition
Tarif normal : 5€
Tarif réduit : 2,50€ (demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RMI, étudiants, groupes au dessus de 10 personnes, membres des associations des amis des musées de Bordeaux)

Billet commun pour la visite des 2 expositions « Bordeaux années 20-30 »
Tarif normal : 7€
Tarif réduit : 3,50€ (demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RMI, étudiants, groupes au dessus de 10 personnes, membres des associations des amis des musées de Bordeaux)

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