La « sagesse des jardiniers », un an plus tard


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La "sagesse des jardiniers", un an plus tard

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2017 PAR Romain Béteille

Vous vous souvenez peut-être qu’en avril 2016, nous vous avions parlé d’un projet un peu singulier sur la Rive Droite de la métropole bordelaise, dans le périmètre des quatre communes (Bassens, Floirac, Cenon et Lormont) partageant un point commun : les 400 hectares formés par le Parc des Coteaux, destiné à acquérir prochainement un nouveau plan de gestion intercommunal. Ce lundi 19 juin avait lieu, au sein de l’espace culturel du Bois Fleuri de Lormont, une restitution faisant directement écho à ce projet dont le pitch de départ est resté inchangé, selon Benjamin Chambelland, paysagiste en plein doctorat à l’Université Bordeaux-Montaigne et chargé de mission sur cette question du Parc des Coteaux pour le Grand Projet des Villes Rive Droite. « Le but de notre travail, c’est d’aller à la rencontre des jardiniers des collectivités pour retracer avec eux quarante ans de pratique de la gestion des espaces publics. On est en train de les accompagner pour améliorer la gestion des parcs et changer leur manière de faire », a-t-il confirmé ce lundi. 

Des étudiants de l’ENSAP en renforts

La restitution en question était en fait un travail réalisé par huit étudiants paysagistes à l’ENSAP de Bordeaux sur les pratiques jardinières des habitants pour ajouter au plan de gestion, comme c’était l’idée au départ, une dimension publique. Il s’agit en fait d’étudiants en master participant à des séminaires d’approfondissement et venus se greffer à la « sagesse des jardiniers » et interroger une trentaine de personnes entre mars et juin, pour faire une enquête sociologique sur leurs pratiques du jardinage. La méthode d’étude, là encore, a été délimitée par les travaux de Benjamin Chambelland. « On a ciblé des Associations de Syndicats Libres (réunion de syndicats de co-propriétaires) pour avoir un périmètre, un type de lieu et d’habitant. On en a pris une par commune mais avec des cas de figures différents (logements individuels ou collectifs, espaces communs entre les immeubles ou jardins individuels…). A Floirac et Lormont par exemple, c’était des ASL plutôt moyennes en lien avec le Parc des Côteaux. A Bassens, comme il n’y a plus d’ASL, on a pris un conseil de quartier. Il faut savoir que les communes subventionnent souvent les ASL pour mettre en place un certain nombre de travaux, il fallait donc identifier sur cette base les liens entre les communes et les particuliers », souligne d’ailleurs ce dernier.

Mais le travail des étudiants paysagistes n’est pas vraiment une figure de proue, plutôt un complément à une plus large étude réalisée précédemment par un cabinet de sociologues, partis à la rencontre des flâneurs (ou des coureurs) du Parc des Coteaux pour connaître leurs usages mais aussi des responsables des ASL. Un exemple ? « A Floirac, l’ASL du Clos Saint Romain ont un petit bois tout proche du Parc de la Burthe et sont en train d’y mettre des chèvres pour l’entretenir ». Ils ont cependant tiré un bilan de leur enquête de terrain, et ont ainsi pu « montrer qu’il y a une grande diversité de pratiques du jardin. On peut en avoir une image assez classique, mais les manières dont on le travaille sont vraiment très diverses : certains ont des animaux, d’autres très peu de plantes, une pratique écologique (composteurs, récupérateurs d’eau) ou une utilisation des produits chimiques. L’intérêt pour nous, c’était de faire du lien entre les jardiniers et les particuliers. Il y a peut être des maisons qui ont quelque chose à apprendre aux professionnels, et vice-versa ».

L’aboutissement de la « sagesse »


Il ne s’agit donc que d’une étape supplémentaire dans la réalisation de ce Plan de Gestion (prévu pour être finalisé à la rentrée pour une durée de cinq ans) comportant un certain nombre de préconisations dans différents domaines. Dans un document en cours de finalisation auquel nous avons eu accès, on trouve trois axes fondamentaux : « augmenter et préserver la biodiversité du parc », « contribuer à la cohésion sociale » et « organiser et outiller la communauté de gestion ». En tout, on trouve 35 sous-objectifs, de l’intégration des usagers du parc dans sa gestion et ses actions à l’intégration plus forte de l’agriculture urbaine en passant par des actions concrètes pour la protection de la faune locale ou des formations pour les jardiniers professionnels sur des questions spécifiques. « Par exemple », nous dit Benjamin Chambelland, « on veut faire des formations sur la reconnaissance des papillons « citron de provence » pour les jardiniers car ils sont inféodés à certaines plantes. Il est là car les plantes de prairie que l’on a sont très spécifiques à ce territoire car issues d’un sol calcaire, acide. Si les jardiniers sont capables de les reconnaître, ils seront aussi capables d’adapter leur gestion. Mais ces formations ne leur seraient pas uniquement destinées, elles pourraient être aussi pour les habitants ». En 2016, il y en a eu quatre (sur les papillons, les chauve-souris et les reptiles) mais le but est toujours de les multiplier.

Et ce plan de gestion alors, il avance ? Oui, selon le paysagiste, qui affirme avoir rencontré les différents élus la semaine dernière encore. « On est en train de le finaliser. Son but est toujours le même : faire un état des lieux des usages, de l’entretien des jardins et de la biodiversité. Une fois ces étapes terminées, on doit faire des préconisations d’action ». Ces préconisations, qui constituent donc les 35 sous-objectifs en question, ne vont pas rester dans l’ombre. On va les publier à la rentrée sur le site internet du parc Lab« . Ce site regroupe en fait une présentation du projet sur le Parc des Coteaux et toutes les actions déjà effectuées. Le plan de gestion intercommunal n’est, en revanche, pas vraiment adapté à la lecture pour tous, très technique et réservé à un public de techniciens professionnels. Ça aussi, visiblement, le chargé de mission y a pensé. « On veut toucher un panel plus large : des habitants, des associations et autres. On est donc en train de travailler à une version plus accessible, un « Guide de gestion écologique du Parc des Côteaux » qui sera édité et distribué au public à partir du mois de septembre à une centaine d’exemplaires au départ pour voir s’il fonctionne ». Enfin, ce dernier nous a annoncé la tenue d’un « grand évènement en présence des élus » pour présenter le travail final. On ne sait pas où précisément ce dernier aura lieu, mais ce sera certainement dans le courant du mois d’octobre. En attendant, l’initiative a visiblement été remarquée en dehors de son périmètre, puisqu’elle est présente dans le recueil annuel des « bonnes pratiques » édité par l’ARBA, Agence Régionale de la Biodiversité d’Aquitaine. C’est sans doute que sa méthode de réalisation, en contact direct avec les habitants de la rive droite, aura su plaire.

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