3h20. C’est le temps qu’il aura fallu pour que la majorité du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine vote le budget primitif 2020. En effet, les débats se sont transformés, en fonction de l’interlocuteur, en phrases assassines. Cette présentation du budget primitif 2020 était attendue de pied ferme par l’assemblée régionale, puisque c’est le premier budget présenté après l’adoption de la feuille de route Néo Terra. Pour Jean-Marc de Lacoste Lareymondie (RN), ce budget primitif est rien moins que « pollué par le totalitarisme vert de Néo Terra ».
Après leurs avertissements de cet automne, les élus écologistes, Léonore Moncond’huy en tête, ont accepté de voter le BP2020, conscients des efforts faits par la Région en faveur de la transition écologique, au cœur de ce budget primitif. Ce dernier comprend pourtant les « incohérences » que la Présidente du groupe EELV et ses confrères prophétisaient en septembre : « le budget alloué à l’industrie aéronautique est en hausse, ce qui est en incohérence totale avec la lutte contre les dérèglements climatiques ». Pour ce qui est d’autres élus, Aurélien Sebton (UDI) est mitigé. « Il faut faire attention aux mots forts, comme révolution ou changement de paradigme. Nous verrons si c’est vrai sur l’exécution du Compte Administratif 2020 ». L’élu UDI souligne également que ‘Néo Terra’ ne représente « que » 70 millions d’euros d’investissement de la Région sur 911 au total.
Investissements : un montant record mais « irréalisable »
Au total, le budget présenté par Andréa Brouille, Vice-présidente chargée des finances, s’élève à un peu plus de trois milliards d’euros, dont 911 millions d’investissement. Ce dernier est en nette hausse comparé aux années précédentes : 660 millions d’euros en 2018, près de 700 millions en 2019. Pour Olivier Chartier (LR), Président de la Commission des finances, « réaliser la totalité des investissements mettrait la Région dans une position difficile alors que la situation financière, même si elle reste saine, se dégrade ». Jean Dionis (UDI) prend un pari avec Andréa Brouille : « jamais vous n’atteindrez les 911 millions d’investissement, vu les chiffres des années précédentes ».
SRADDET : la majorité dit oui
C’est Laurence Rouede, Vice-présidente déléguée à l’Urbanisme qui a eu la charge du deuxième dossier chaud de la plénière : le Schéma Régional d’Aménagement de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET). 304 observations ont été recueillies lors de la phase d’enquête qui s’est achevée en mai. « Depuis mai, nous avons ajusté le schéma en fonction des observations, sachant qu’il n’y a pas de changement fondamental. Les principaux changements impliquent, entre autres la rédaction d’un document pédagogique pour une gestion économe de l’espace, le développement de l’urbanisation prenant en compte la ressource en eau ou encore la clarification de l’articulation du SRADDET avec les SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) et Plans Locaux d’Urbanismes (PLU).
De manière générale, les élus, à l’image de Pascale Requenna (MoDem et apparentés) ont salué le travail de Laurence Rouede, « que peu auraient accepté de mener avec de telles contraintes en si peu de temps ». Pour ceux contres le SRADDET, les raisons sont diverses : soit parce que le SRADDET semble « exclure la ruralité » pour Eddie Puyjalon (LR). Comme ce dernier, d’autres craignent le développement de l’éolien, qui « doit être soumis à des règles pour protéger les alentours ». D’après Guillaume Guérin (LR), « le SRADDET signerait le déclin du front littoral, déjà sous pression climatique et économique ».
Il est toutefois un conseiller régional de droite qui s’est fait applaudir, tant par son camp qu’une partie de la majorité : Nicolas Florian. Le Maire de Bordeaux affirme « qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de transférer la richesse, mais de la partager. Bordeaux l’a désormais compris. Le développement de la région ne doit pas se faire au détriment de certains territoires. Le SRADDET est une vision, une ambition au service de nos concitoyens ». Après avoir été voté sans encombre, le schéma d’aménagement du territoire doit être présenté à la préfète Fabienne Buccio pour une éventuelle entrée en vigueur.