La Région s’interroge sur l’égalité scolaire


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La Région s'interroge sur l'égalité scolaire

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/05/2015 PAR Romain Béteille

L’intervention ne rentre pas au coeur du sujet, mais elle tourne autour. Ce jeudi 21 mai, dans un contexte de réforme du collège qui passe mal autant pour les syndicats qu’au sein même de certains élus de la majorité, la région Aquitaine a décidé de tenir un séminaire portant sur l’égalité scolaire. Au menu de la journée, différentes conférences sur les inégalités, risques d’échec scolaire et autre mixité sociale, mais surtout une conférence sur « les marges de manoeuvre des régions contre les inégalités scolaires » en guise de point d’orgue. En préambule de ce débat en présence notamment de Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale et d’une poignée d’autres intervenants, c’est Alain Rousset qui a ouvert le débat avec un discours plutôt remonté contre l’Éducation Nationale.

Un Président véhément« Je ne suis pas simplement là pour construire et équiper les classes des lycées, pour obéir, le doigt sur la couture du pantalon, à un Ministère qui est très éloigné de la réalité », a dénoncé avec véhémence le Président de la région Aquitaine. Ce qui nous intéresse, c’est le parcours de réussite des jeunes, c’est l’expérimentation, le fait que l’on co-pilote l’éducation. Un jour, au moins pour l’enseignement professionnel et agricole, ce sera la région qui sera le responsable de tout. La première question à poser à l’Éducation Nationale, c’est: est-ce-qu’on peut parler librement ? Ne peut-on pas se sortir des tabous ? ».

Également en ligne de mire de l’élu, les cours privés. « Aujourd’hui, les familles les plus aisées peuvent inscrire leurs enfants dans des systèmes de cours privés. Non seulement elles peuvent les inscrire parce qu’elles en ont les moyens, mais parce que l’Etat leur a proposé une déduction fiscale. Le système « Allô prof » (organisme d’aide aux devoirs qui a pour but d’offrir gratuitement ses services à tous les élèves du primaire et du secondaire, initiative provenant du Québec), c’est 50% d’échec scolaire en moins. Nous allons mettre en place en Aquitaine un système Alloprof, et je sais que j’aurai l’appui du recteur parce que les discussions ont eu lieu. Si ça marche, je ne vais quand même pas avoir une protestation des organisations syndicales, parce que leur travail en sera facilité ». Le président de la région Aquitaine est resté ferme sur ce point, et on pourrait voir débarquer dans les mois qui viennent un système similaire dans la région. 

Un système à bousculerPlusieurs points intéressants ont notamment été abordés lors de cette plénière. Notamment le point de vue d’Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Bordeaux, tout acquis à la cause de l’Education Nationale. « Le but du service public, c’est d’assurer l’égalité de tous ses usagers. Pourtant, la massification engagée depuis des années ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation, et il existe encore des élèves issus de la grande pauvreté qui n’ont pas accès aux mêmes formations que les autres. Nous avons les moyens techniques de répondre à ce défi, c’est l’un des objectifs de la réforme du collège », a souligné le responsable, rapprochant ainsi ses convictions personnelles avec l’agitation politique du projet de loi. 

Les raisons de ces inégalités croissantes (selon les chiffres cités, 90% des enfants de cadres enseignants ont le bac contre 40% des enfants ouvriers) ont été brièvement expliquées par Jean-Paul Delahaye : « les inégalités se sont déplacées dans le système. C’est le poids de l’origine sociale qui pèse aujourd’hui le plus dans le système scolaire. Il y a toujours 1,2 millions d’écoliers qui sont classés en situation de pauvreté, c’est 10% de la population scolaire, et on en parle beaucoup moins que les élèves qui prennent des options… Beaucoup de choses se font, le système n’est pas inerte, mais on ne passe pas de cette action locale à une généralisation ». Selon le spécialiste, nos lycées coûteraient ainsi 15% de plus que ceux des autres pays. « Ces inégalités sont inhérentes au fonctionnement même de notre système éducatif, conçu pour trier, pour sélectionner. C’est pour ça qu’il y a des protestations à chaque fois qu’on veut le bouger, le bousculer ». 

Si les discussions ont été quasiment stériles d’annonces, elles ont eu au moins le mérite de repositionner la région sur la question des réformes scolaires. Le décret et l’arrêté concernant la réforme du collège ont été inscrits dès ce mercredi au Journal Officiel, au lendemain des manifestations, une preuve pour certains que le gouvernement ne compte pas reculer, quitte à passer en force comme pour la loi Macron (scénario tout de même plutôt improbable sauf surprise). En attendant, plusieurs syndicats (dont Sud, FO et la CGT) ont prévu une « journée nationale des collèges » pour décider d’un éventuel mouvement de grève. Elle est prévue le 4 juin prochain. 

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