Salopette a été sélectionnée, le mois dernier, à Lubersac dans la 4ème section, celle des génisses pleines de moins de 32 mois. Le 29 février, jour du Concours Général Agricole, elle sera scrutée dans les moindres détails comme les cinq autres qui rêvent de ramener le 1er Prix.
Défiler sur le grand ring à Paris est déjà une victoire pour ces éleveurs naisseurs engraisseurs installés à Lamazière-Basse en Corrèze. « Il y avait une trentaine de génisses du berceau de la race dans sa catégorie et seulement six ont été sélectionnées raconte Julien Combezou, on est tous contents! »
Salopette n’en est pas à son coup d’essai. Avec une autre génisse de l’exploitation, elle a raflé le 3ème Prix au dernier concours de Brive-la-Gaillarde et au National de la Limousine l’an passé. A Brive, un jeune mâle avait aussi ramené un 2ème prix voilà deux ans.
Porter loin le nom des Combezou
Depuis trois ans, le GAEC Combezou a repris les concours après une quinzaine d’années d’interruption. Julien n’avait pas voulu continuer les concours lorsqu’il a rejoint son père sur l’exploitation.
A 37 ans Thomas, le cadet, vient d’arrêter sa carrière de joueur de rugby professionnel après une mauvaise blessure. Au cours de ses 16 ans de carrière, il a porté les couleurs de l’ASM, du Stade Rochelais, de Montpellier et de Castres Olympique, club avec lequel il a été sacré Champion de France en 2018. Il avait anticipé l’après rugby en préparant à distance un Bac Pro productions animales en vue de s’associer avec Julien. « Comme Thomas arrivera sur le GAEC d’ici un an ou deux, il s’est rendu compte qu’il nous fallait de la visibilité pour montrer qu’on travaillait bien et pour nous comparer à d’autres élevages » précise Julien.
Le Salon de l’agriculture, c’est ultra positif pour l’exploitation. On existe aux yeux de tous
L’esprit de compétition est donc revenu dans cette famille qui mise sur ses bêtes de concours pour porter loin le nom des Combezou. « Aller sur le Salon de l’agriculture, c’est ultra positif pour l’exploitation. On existe aux yeux de tous, ajoute Thomas. C’est le résultat du travail fait depuis de nombreuses années par nos parents. »
Troisième génération
Le cheptel compte plus de 400 animaux avec 150 vêlages par an sur une exploitation de 260 ha de SAU. Leurs grands-parents avaient commencé avec une dizaine de Limousines puis leur fille a repris le flambeau en 1986. Aujourd’hui, tous les animaux sont inscrits au Herd-Book, le livre généalogique de la Limousine.
La troisième génération récolte le travail mené grâce à l’insémination artificielle. La vente de reproducteurs est la base de leur travail. « On fait 90% d’insémination artificielle et on achète des taureaux reproducteurs pour renouveler et améliorer le cheptel. On valorise aussi le broutard en engraissant tous nos animaux. On ne se fait pas connaître juste en vendant de la viande en supermarchés, il faut une exposition au-delà du commerce », précise Thomas.
Pour le concours, Salopette n’aura pas de préparation spéciale. Les deux frangins partiront deux jours avant et les parents les rejoindront le jour J. D’ici là, ils espèrent que leur génisse ne se blessera pas.
Faire venir une clientèle nationale et internationale
À Paris, il s’agit « d’abord passer un bon moment », sachant que tout ne se jouera pas ce jour-là. Pour Julien, « le plus important c’est le concours départemental puis le National et le top du top, c’est d’être sélectionné à Cournon. » (NDLR le Sommet de l’élevage). Une vision nuancée aussitôt par son frère « Le Salon, c’est aussi une belle vitrine. À nous de présenter la génisse le mieux possible pour que la finalité soit positive. Les autres sont très belles aussi. Ce sera au juge Marc Marty de les départager.»
Quant aux retombées, ils comptent sur cette visibilité internationale pour capter une nouvelle clientèle à la recherche de reproducteurs. « On a des produits pour recevoir de potentiels clients, c’est ce que Paris peut nous amener, remarque Thomas, on va sortir de notre zone géographique, on pourra faire venir une clientèle nationale et internationale, des Belges peut-être. »
Thomas a apporté un regard neuf poussant le GAEC à miser sur les réseaux sociaux depuis deux ans pour se faire connaître. « On peut montrer ce qu’on a, ça peut créer une possibilité de vente de reproducteurs en dehors de notre secteur » poursuit-il. Son réseau dans le rugby est aussi un atout avec, dernièrement, la signature d’un contrat avec Bigard à Castres, la ville de son dernier club.