La Peste: prends garde à l’ombre du fléau.


Editions Cheyne

La Peste: prends garde à l'ombre du fléau.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 04/07/2008 PAR Anne Duprez
La Peste, Albert Camus.
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Oran. Quelques rats morts… on ne se doute de rien. Jusqu’aux premiers malades : un, puis deux, puis trois… Personne ne bouge, personne ne veut croire au fléau avant que celui-ci, bel et bien abattu, n’ait privé chacun et tous de tout pouvoir de réaction. Il est trop tard. La résistance s’organise alors. Chacun réagit avec ses propres peurs, son vécu, sa réalité, sa solitude. Les portraits très précis que Camus nous décrit, autour du personnage central du docteur Rieux, correspondent chacunà une manière de se positionner qui pourrait être la nôtre. Que ferais-je moi, si la mort rôdait, tapie dans l’ombre et prête à bondir, ou pire, me contaminant en traître d’un péril insidieux et fourbe, quasiment sans appel ?

1947. Quand Camus écrit, la seconde guerre mondiale est àpeine achevée. En 1933, Adolf Hitler est devenu chancelier du Reich. Personne ne bouge, personne ne croit au fléau avant que celui-ci, bel et bien abattu, n’ait privé chacun et tous de tout pouvoir de réaction… Il est trop tard. Les bruits de botte résonnent, la délation s’insinue en silence dans le dos de chacun, la mort traque et rôde, dans l’ombre.

En écho à l’œuvre de Camus, on peut lire un texte de Franck Pavloff : Matin Brun.

Matin brun, Franck Pavloff. Cheyne éditeur, 1998.
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Un tout petit texte d’à peine dix pages, mais qui distille un à un les signes annonciateurs d’un autre fléauque là encorepersonne ne voit, personne ne comprend avant qu’il ne soit trop tard. On doit d’abord se débarrasser des chats qui ne sont pas de couleur brune. Soit. Puis ce sont les chiens. Puis les maîtres qui possédaient avant des animaux blancs ou noirs, sont arrêtés par une milice implacable…Et puis un jour, la seule radio officielle et autorisée, la radio brune, annonce les arrestations de ceux qui ayant«eu un chat ou un chien non conforme, à quelque époque que ce soit » ont porté « injure à l’Etat national ». « Je n’ai pas dormi de la nuit. J ‘aurais dû me méfier des Bruns dès qu’ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien pour Charlie, on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? Ca va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquille, non ? »

Camus, dans La Peste, est un vigile universel. Tout comme Franck Pavloff, il nous enjoint à garder les yeux ouverts. Il faut, toujoursnous dit-il, être et rester vigilants. Cardans l’air frais et pur de nos jours sans orages,le vent sombre de la peste brune peut souffler encore, n’importe où, n’importe quand…

Anne DUPREZ

 

La Peste, Albert Camus. Gallimard,1947.
Matin brun, Franck Pavloff. Cheyne éditeur, 1998.
 
 
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