La densification bordelaise à l’aune du Club Blanqui


E.Diaz

La densification bordelaise à l'aune du Club Blanqui

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/12/2016 PAR Emmanuelle Diaz

« Quatre lois ont été élaborées au cours des dernières années, avec pour thématiques la biodiversité, la modernisation de l’agriculture, l’urbanisme et logement, et l’acte III de la Décentralisation. Autant de projets qui interviennent dans un contexte de crise économique et environnementale qui ne peuvent ignorer la question foncière. Peu de grandes agglomérations comme Bordeaux offrent un réel potentiel de réserves foncières. Les investisseurs et autres promoteurs n’ont pas mis longtemps à braquer leur GPS sur la capitale girondine. Alors, Bordeaux serait-elle convoitée autant ou plus pour ses dents creuses que pour ses vignes ? Et la convoitise n’est-elle pas synonyme de traîtrise aux yeux des bordelais quasi ignorés dans le jeu de Monopoly en cours ? » C’est par cette entrée en matière pour le moins directe, que Corinne Guillemot , Présidente du Club Auguste Blanqui a inauguré la soirée-débat organisée par son association, vendredi soir, à la Bastide. Un rendez-vous autour du thème épineux : « Métropoles millionnaires, densification urbaine : nécessite absolue…ou misère de demain ? ». Et autour de la table, des élus ainsi que des spécialistes et des professionnels de l’urbanisme et du logement invités à débattre sur les causes et des conséquences réelles et/ou fantasmées de la réalité foncière bordelaise.

La densification en question

« Depuis les années 50, on nous explique que la densification est nécessaire et répond à des raisons vertueuses. Mais avec les chocs pétroliers, la crise économique et les pertes d’emplois, ces densités se paupérisent et deviennent des ghettos », précise Philippe Dorthe, Président fondateur du Club, prenant pour exemple la cité du Lauzun, près des Aubiers. « Une opération pour primo accédants à la propriété qui a connu un échec en deux-trois ans avant d’être revendue à des promoteurs et des bailleurs sociaux et aboutir à une concentration de gens en souffrance », poursuit-il. Également pointé du doigt lors du débat : le décalage entre le montant des loyers et du prix au m2 et le niveau de la plupart des salaires, rendant de plus en plus difficile l’acquisition d’un bien en centre ville, ou simplement le fait de trouver un logement adapté à ses besoins. « Depuis dix ans, la métropole se vide de familles qui partent vivre plus loin car l’offre ne correspond pas à leur budget. Il est important, aujourd’hui, de repenser comment et pour qui on construit », note, quant à lui, Cyrille Vivas, Président Régional du Syndicat National des Aménageurs Lotisseurs (SNAL).

Une absence d’emplois productifs

 Un manque de moyens financiers que Philippe Dorthe (qui note, au passage, « les balcons qui tombent et les 2800 dossiers de contentieux pour malfaçon à Ginko et au Bassin à flot »), attribue à l’absence d’emplois productifs au cœur de la ville. « Les structures déménagent, telle l’usine Lesieur qui est passée de Bacalan à Bassens. On ne propose plus, aujourd’hui, en centre ville, que du petit tertiaire rémunéré au SMIC. L’idée serait de réinjecter de l’emploi industriel urbain correctement rémunéré pour que les gens aient enfin les moyens de louer ou d’acheter ». Michel Cantal-Dupart, urbaniste et architecte notant, pour sa part, l’importance de l’urbanisme culturel «( ceux qui font la ville ») comparé à l’urbanisme immobilier (« de marché »). Une critique non dissimulée de la politique immobilière d’Alain Juppé et de son ambition de voir la capitale girondine devenir ville millionnaire. Un point d’ailleurs repris par Emmanuelle Ajon, Vice-Présidente du Conseil Départemental pour qui avoir les moyens de vivre ensemble passe par « des m2 qui ne rapportent pas : des infrastructures sportives, des écoles, des crèches, des lieux de réunion… ». Avant de redouter, pour son quartier de la Bastide, « un urbanisme irraisonné ne répondant pas aux attentes et un rouleau compresseur pour le mode de vie des habitants déjà présents ». Une intervention que l’élue, ciblant les Bassins à flot, conclut en insistant sur l’importance de l’enjeu esthétique de ce quartier du 21ème siècle faisant face aux façades du 18ème.

 blanqui bis

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