« Le foncier est de plus en plus convoité », soulignait le président de la SAFERAA, Francis Massé. En Gironde, ce marché est toujours dominé par les non agriculteurs, mais il régresse toutefois de 25 % en 2008 en raison de l’effondrement du marché des résidences. Néanmoins les prix restent les mêmes. Le marché des agriculteurs progresse de 8% en surface, mais baisse de 12 % en valeur. Les acquisitions des étrangers sont quant à elles en net recul depuis deux ans et ne représentent que 0,2% des acquisitions et 0,7% des surfaces. Cela n’empêche pas que les achats des Britanniques demeurent les plus nombreux. Selon Hervé Olivier,directeur de la Saferaa en Gironde, « les prix baissent, mais les gens achètent » et l’on peut donc rester optimiste. Néanmoins l’activité est en forte baisse au début de cette année.
Perdues pour l’alimentaire
Cependant au-delà d’une conjoncture qui pourrait n’être que passagère, on se trouve en face d’un mouvement profond »d’artificialisation » des terres. Ainsi que le précisaitMagali Fronzes, en Gironde, en huit ans, 7500 hectares ont perdu leur vocation originelle pour entrer dans le domaine de l’urbanisation. Ce changement de vocation du sol se manifeste surtout autour de Bordeaux, dans le Bassin d’Arcachon ainsi querive droite de la Garonne, le long de l’axe Bordeaux-Langon. Si le mouvement se poursuit, ce sont ainsi 25 000 hectares qui seraient ainsi détournés de l’agriculture ou des espaces naturels en Gironde. Le phénomène ainsi que l’expliquait Robert Levesque (Terre d’Europe, cabinet d’études de la FNSAFER), n’est pas seulement girondin:il est national est même planétaire. En France « la consommation d’espace s’accélère. Elle est de 200 ha par jour, et entre 2005 et 2007 72 000 ha ont été absorbés. Cinq millions d’hectares sont désormais urbanisés, soit 9% du territoire français ce qui selon R. Levesque « correspond à 20% des surfaces agricoles professionnelles. » Une prospective à l’horizon 2050 indique que 2 300 000ha pourraient être nécessaires, soit 8 à 10 % des surfaces agricoles « dont les meilleures terres ». Au plan mondial,300 à 400 millions d’ha supplémentaires pourraient être « artificialisés ».D’où un risque de prélèvement sur le potentiel mondial de production alimentaire au moment où la population du globe atteindra 9 milliards d’habitants. Des conséquences, estime R.Levesque, sont également à craindre en matière de réchauffement climatique, d’absorption du carbone, de rendements agricoles. Un sujet de méditation pour les décideurs, pour le monde politique et finalement pour tous les habitants de la planète Terre.
G.G.