L’Alouette : et après ?


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L’Alouette : et après ?

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/02/2017 PAR Salomé Baudelot

L’affaire n’est pas passée inaperçue dans la Métropole. Le 17 février dernier, des familles sans domicile qui avaient trouvé refuge dans l’ancienne maison de retraite de l’Alouette à Pessac, ont été évacuées des locaux par les forces de l’ordre, et leurs affaires entreposée chez un garde-meuble. Une évacuation réalisée une semaine après leur arrivée, à la demande du Préfet, agissant lui même sur ordonnance du tribunal administratif de Bordeaux, et à la demande du CHU de Bordeaux, propriétaire des locaux occupés. Ce jeudi 23 février, alors que des membres du groupe citoyen « Soutien à l’Alouette » récupéraient les affaires des familles pour leur redistribuer, Adrien, porte-parole du mouvement, nous a donné sa vision des événements et des suites éventuelles. Une lecture vu du côté de la mobilisation citoyenne.

Aqui-Bordeaux-Métropole : Une semaine après l’expulsion de l’Alouette, où en sont les familles aujourd’hui ?
Adrien : Une famille avait été mise à l’hôtel grâce au 115 mais pour une durée très limitée. Elle a pu récupérer ses affaires et est aujourd’hui dans une réquisition citoyenne (un squat ndlr). Une autre famille est également dans une réquisition citoyenne. Ce sont des endroits appartiennent à Bordeaux métropole et qui ne sont pas exploités. Deux autres familles sont toujours logées dans des appartements mis à disposition par des citoyens solidaires. La famille française qui était présente lors de l’expulsion est quant à elle repartie sur les routes.

ABM : Comment s’est passée la récupération des affaires ?

Adrien : Ca s’est bien passé, tout le monde a pu récupérer ce qui lui appartenait. Il y avait des affaires des bénévoles, des familles, des objets prêtés et tous les dons faits par les citoyens depuis le début. Le seul « problème » a été l’interdiction par le propriétaire des lieux de caméras. C’est son droit le plus légitime, mais le fait qu’il ait filmé lui-même avec son téléphone nous dérange…

« A Bordeaux il y a des dizaines d’endroits non exploités qui pourraient permettre de reloger les familles »

ABM : Quelle va être la suite du mouvement ?
Adrien :
Sincèrement pour le moment on est dans l’inquiétude. Il y a des gens qui appellent le 115 pour être logés d’urgence. Le 31 mars c’est la fin de la trêve hivernale. Les gens, y compris les locataires pour fautes d’impayés ou autre, seront eux aussi expulsables dès ce moment. Au total, des gens qui devraient bénéficier d’une solidarité citoyenne se retrouvent dans des squats ou des réquisitions citoyennes dans les bâtiments publics désertés des villes. Ce sont des endroits habitables et pour certains habités actuellement. Le problème c’est que ces endroits devraient automatiquement être mis à disposition et ce n’est pas toujours le cas. Des associations sont en train d’écrire là-dessus. C’est une nécessité car on ne sait pas où reloger les familles. Aujourd’hui à Bordeaux il y a des dizaines d’endroits non exploités, comme le CHU. Les gens que l’on souhaite y loger ce sont des familles avec enfants scolarisés. Il faut laisser ces bâtiments accessibles et vivables pour eux.

ABM : Selon vous, qui peut participer à cela ?
Adrien : Alain Juppé, la préfecture et dans notre cas, le directeur du CHU qui aurait pu prendre acte de la situation et aider des personnes qui sont dans un tel état de précarité que c’est leur santé qui est mise en cause. Pour un centre hospitalier, c’est la moindre des choses….

ABM : Avez-vous eu d’autres contacts avec des instances ?
Adrien : Hormis, une directrice du site du CHU qui est venue le 8 février nous dire qu’on ne pouvait pas rester et qu’ils allaient engager des poursuites, personne. Quand on a rencontré le 16 février, 4 personnes du CHU, personne n’a eu la correction ou le courage de nous prévenir de l’expulsion du lendemain. Nous sommes persuadés que la décision avait déjà été prise. Notre problème également est que la direction de la cohésion sociale qui était en charge de la protection de l’Alouette n’a envoyé personne avant l’expulsion pour voir comment ça se passait. Du coup, nous estimons que leur rapport est biaisé.

Tract distribué par le groupe citoyen « Soutien à l'Alouette »

« Avec notre avocat, nous avons rédigé une plainte contre la mesure de l’Etat »

ABM : Vous avez écrit une lettre diffusée sur internet pour mobiliser, notamment les élus, autour de votre mouvement, comment a-t-elle été reçue ?
Adrien : Elle a été massivement signée et notamment par certains élus locaux. Parmi ceux qui nous ont soutenu, on peut citer Laure Curvale, élue EELV au Département, Philippe Poutou, le député vert Noël Mamère, Isabelle Ufferte, ancienne élue municipale de Pessac… Il y a également eu des élus communistes, et un certain nombre d’associations, de collectifs et de syndicats qui ont apporté leur soutien : Médecin du monde Aquitaine, la CFDT, la CGT du CHU de Pessac, et la Confédération Nationale du Travail de Gironde. Le Modem a aussi été présent…

ABM : Pour les jours à venir, que comptez-vous faire ?
Adrien : Continuer. Autant qu’on le pourra. Aussi longtemps que possible. On va se mobiliser pour l’accès au logement et pour qu’aucun enfant ne dorme dehors. Avec notre avocat, nous avons rédigé une plainte pour contester devant le Conseil d’Etat la mesure de l’Etat que nous jugeons abusive. Normalement on aurait dû passer au tribunal pour se défendre. Il n’y a pas eu de débats contradictoires, permettant aux familles de s’exprimer. Cette plainte c’est par principe. Par respect des citoyens.

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