Jeune agricultrice, Cécile Lortholary doit savoir s’adapter


Installée en GAEC avec son père depuis un an à Troche (Corrèze), Cécile Lortholary a mis en place la vente de colis de bœuf qu’elle va livrer jusqu’en région parisienne.

Cécile LortholaryCorinne Merigaud | Aqui

Cécile Lortholary est associée depuis un an avec son père dans le GAEC "La Trochoise" à Troche, près de Pompadour.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2023 PAR Corinne Merigaud

Epuisée mais satisfaite. Voilà le sentiment de Cécile Lortholary après dix jours passés au Salon de l’Agriculture de Paris. Pour la première fois, elle faisait connaître ses produits estampillés « Origine Corrèze » sur le stand du Conseil départemental. « Je rêvais de faire des clôtures, surtout les trois derniers jours lance-t-elle avec humour, on a rentabilisé le stand et gardé des contacts clients. On voulait d’abord se faire connaître. » Elle est déjà partante pour y remonter l’an prochain en sachant mieux ce qu’il faudra. « J’avais prévu trop, le jus de pomme et les beignets, le saucisson et les rillettes de bœuf, le bœuf séché se sont très bien vendus », constate-t-elle.

Salariée puis installée

Depuis un an, Cécile a rejoint son père Pierre sur l’exploitation, devenant le GAEC « La Trochoise » référence à Troche, la commune de 550 habitants où elle vit. La jeune femme de 26 ans incarne la quatrième génération de cette famille d’agriculteurs. Après son Bac STAV et un BTS productions animales au lycée des Vaseix, décroché en 2016, elle a travaillé quatre ans en tant que technicienne au Herd-Book Limousin. « J’inscrivais les Limousines sur le livre généalogique et je conseillais les éleveurs » résume-t-elle… Jusqu’au jour où son père l’appelle. « Elle était sur une vente à la station de Lanaud, je lui ai demandé si elle avait envie de venir car mon salarié s’en allait. Et puis plus rien. » Il lui a fallu une poignée de secondes pour lui répondre. Elle est salariée quatorze mois puis ils s’associent en février 2022.

Ses vaches sont au pré dix mois par an et nourries à l’herbe.

L’exploitation comprend 90 ha de prairies, 60 limousines inscrites au Herd-Book, 6,5 ha de pommiers, un demi-hectare de poiriers Conférence et six ruches de son grand-père installées dans leur verger avec une petite production. Cinq variétés de pommes sont cultivées la Golden vendue en partie à la coopérative Cooplim, Sainte-Germaine, Chanteclerc, Royale Gala et Canada vendues en direct.

Cinq vaches de réforme transformées

Chacun a trouvé sa place. « Je m’occupe du troupeau et de la vente directe des produits transformés, j’ai mis en place les colis de bœuf de 3, 5 et 10 kg quand j’étais salariée et depuis peu, le site Internet. La découpe et la transformation sont assurées par l’entreprise Garon en Dordogne. »

Cinq de ses douze vaches de réforme ont été transformées l’an dernier. Les clients locaux qu’elle a démarchés sont ravis de trouver des produits de qualité en circuit court. « Je pensais que tout le monde avait un « plan viande » constate Cécile, une partie est aussi écoulée en région parisienne. Depuis un an et demi, je livre des particuliers une fois par trimestre. C’est un tiers des ventes.» Leur site latrochoise.fr et la page Facebook devraient booster les commandes. Elle participera à son premier marché de producteurs dans le 17 ème arrondissement les 3 et 4 juin, après l’adhésion à Bienvenue à la Ferme.

Cécile assure les soins quotidiens aux animaux, matin et soir, Pierre vient en renfort si besoin. Leur complicité saute aux yeux. Ils font ensemble la fenaison et les semis. « Le foin et l’enrubannage sont produits sur place, il y a juste un aliment complet en intrant pour les vaches de réforme engraissées et celles de concours. » Les 25 broutards partent en Italie via la coopérative Altitude. Environ 90% des vêlages (65/an) ont lieu au printemps « calés sur la pousse de l’herbe ». Ils élèvent quelques mâles pour la reproduction et vendent des génisses pleines. Les Limousines sont nourries 100 % à l’herbe, en système extensif. Les vergers sont gérés par son père. « On pratique une agriculture raisonnée signale-t-elle, l’exploitation est certifiée HVE niveau 3, nous évitons de désherber et nous avons planté des haies. On cochait toutes les cases quand on l’a obtenu en 2021. »
Depuis deux ans, ils ont arrêté le triticale qui complémentait les bêtes car les semis avaient lieu en même temps que la récolte des pommes (100 à 110 tonnes par an). « Nous utilisons moins d’engrais, les vaches sont mieux engraissées au pré et c’est plus rentable comme ça.»

Rubie et son veau Tourtelle seront en lice au salon Aquitanima le 20 mai lors du concours de la Limousine.

« Passer aux vêlages en automne »

Une stabulation de 1 800 m² équipée de panneaux photovoltaïques sera construite, en 2024, et exploitée par un investisseur. « Il vendra l’électricité pendant trente ans et après, nous serons propriétaires du bâtiment » précise Cécile. Ce projet permettra d’anticiper les effets du changement climatique. « A l’avenir, on pourrait passer aux vêlages en automne pour avoir moins de bêtes au printemps, cela libérerait des surfaces. Il faudrait faire plus d’enrubannage précocement, mettre plus de fumier et d’engrais pour avoir plus de rendement et de stock. Avant, nous avions toujours une demi récolte d’avance. Avec les sécheresses plus fréquentes, on ne peut plus stocker mais ça reste une solution à court terme. »

Quant aux pommiers qui ont subi des gelées tardives ces deux dernières années, ils seront éclaircis pour préserver les belles fleurs. « On fait une taille en vert l’été pour couper les gourmands mais nous n’avons pas réfléchi à une solution sur le très long terme admet-elle, dans notre métier, on passe notre temps à s’adapter. L’irrigation n’est pas une solution étant donné que l’eau est une ressource à préserver.»
Fidèles du salon Aquitanima, Pierre et sa fille seront en lice, le 20 mai, avec Rubie et son veau Tourtelle, une vache classée 3ème l’an dernier en génisse pleine. 

Le rendez-vous de l’installation et de la transmission est organisé au cours du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux, le 16 mai 2023.
Cette journée sur le thème « Agriculture: à chacun son installation » est une réalisation partenariale entre Aqui.fr, le Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le Crédit Agricole, Jeunes agriculteurs Nouvelle-Aquitaine, La Coopération agricole, les CUMA, la SAFER, la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAAF et le réseau RÉANA.

Infos pratiques !

Dans le cadre du Printemps à la ferme, le GAEC « La Trochoise » organise, le 10 juin, un repas et marché sur la ferme avec dix producteurs locaux, le tout animé par la Banda d’Objat.

Cet article fait partie du dossier
Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Corrèze À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles