Les projecteurs braqués récemment sur lui par des médias qui l’avaient jusqu’alors relégué au rang de second, voire de troisième couteau, ont-ils produit leur effet ? Les efforts redoublés ces jours derniers par son équipe de campagne ont-ils tourné à la prouesse ? Toujours est-il que le candidat béarnais a échappé à la chute dans les oubliettes électorales. Sans même sentir le fil du rasoir lui effleurer la nuque.
Un retard largement rattrapé
Quatre jours avant la date limite fixée par le Conseil constitutionnel, Jean Lassalle, qui ne cessait de dénoncer un système où chacun « reste bien ancré sur son petit républicain et son petit socialiste avec le FN comme variable d’ajustement », manquait en effet de 47 parrainages pour toucher au but.
Le retard a largement été rattrapé puisque, au final, 255 signatures de plus ont été ajoutées sous son nom. C’est ce qui s’appelle finir en beauté.
Bien que très éloigné des 3635 parrainages accordés à François Fillon, des 2039 signatures recueillies par Benoit Hamon et des 1829 noms d’élus réunis par Emmanuel Macron, le parlementaire sudiste s’est payé le luxe d’obtenir plus de parrainages que Marine Le Pen (627).
Même si la chose ne préjuge en rien des résultats qui sortiront des urnes en avril et en mai, on imagine volontiers le sourire que l’intéressé a dû esquisser à la lecture des résultats. Michèle Alliot-Marie, sa collègue des Pyrénées-Atlantiques et ancienne ministre, devant pour sa part se contenter d’un maigre et très révélateur score de 74 signatures.
« Les gens ont perdu l’espoir »
Samedi matin, interrogé sur les ondes de France Info, quelques heures avant l’annonce officielle des parrainages, celui qui n’était encore qu’un candidat potentiel continuait à afficher son optimisme. « Le compteur s’est débloqué. Je pense que je ferai partie de la course » a-t-il pronostiqué. D’autant plus ému qu’il reconnaissait s’être auparavant « tapé tous les déserts ».
De là à dénoncer l’atmosphère d’une campagne électorale ahurissante, il n’y avait qu’un pas. « Dans un pays qui a peur, où les gens n’ont plus confiance en l’avenir ni en personne, il est désespérant de voir que le fait divers tient lieu de projet ».
Eloigné d’un François Bayrou qu’il a longtemps soutenu mais dans lequel il ne se retrouve plus (« J’ai senti que ce n’était plus ça »), Jean Lassalle ne se montre guère plus tendre avec Emmanuel Macron, nouvel allié du patron du Modem.
« C’est une bulle financière. Il ne faudra pas qu’elle éclate violemment comme celles que l’on a connues » commente-t-il avec le goût de la formule qui lui est propre. « Macron dit qu’il n’est ni de droite ni de gauche. Sauf que, lui, le dit aux côtés des élites. Alors qu’il faut partir de la base ».
Le député tombe la cravate
Une base dans laquelle la ruralité, dont il veut faire une « grande cause nationale », tient une place essentielle. « Car les campagnes, comme l’industrie, sont en train de mourir. 75 000 entreprises ont été perdues en moins de dix ans. C’est une tragédie. Il faut aussi s’occuper des banlieues, des grandes villes, redonner espoir à ce pays qui n’en a plus ».
Autant de thèmes déclinés dans un programme où l’ancien berger, chef de file du mouvement « Résistons ! », tape à bras raccourcis sur « l’oppression financière ». Tout en proposant de « reprendre le pouvoir que nos politiques ont abandonné aux marchés ». Mais aussi de redonner leur vraie place aux communes. Quitte à ne pas mégoter pour cela sur le style et à ne pas hésiter à tomber le costume-cravate.
La vidéo que son site Internet a diffusée et dans laquelle il est apparu torse nu, la tête coiffée du béret, fauchant l’herbe d’une prairie, le tout sur fond de slogan asséné en rap, a donné la mesure du personnage. Hors norme, mais nature.
Pour en savoir plus :
Les parrainages validés des candidats :
https://presidentielle2017.conseil-constitutionnel.fr/les-parrainages/parrainages-par-candidat/
Le site Internet de Jean Lassalle :