Interview: Henry Bies-Péré, agriculteur à Montaner et président de la FRSEA: Ouvrons nos exploitations…


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Interview: Henry Bies-Péré, agriculteur à Montaner et président de la FRSEA: Ouvrons nos exploitations...

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2011 PAR Olivier Darrioumerle

@qui ! : Henri Bies-Péré on est bien loin de la crise de la vache folle qui avait fait tant de mal à l’agriculture et montré l’importance pour la profession de savoir expliquer ce qu’elle fait, comment elle produit. Et pourtant l’opinion publique continue d’avoir une image biaisée de l’agriculture. Comment faire pour l’améliorer ?
Henri Bies-Péré :
En Aquitaine, les pratiques ont évolué dans l’intérêt des consommateurs. La qualité et la traçabilité sont une réalité pour les agriculteurs. Ici, à Montaner par exemple, nous sommes dans une exploitation moyenne : deux exploitants pour 100 hectares et 50 vaches. Mis à part le soja que l’on achète à l’extérieur, on vit en autonomie fourragère. Les vaches mangent le maïs sous forme d’ensilage et de l’herbe de pâturage 9 mois sur 12. Elles ont leur ration de base et elles sortent tous les jours; on sait ce qu’elles mangent. Les semences de maïs sont certifiées et les engrais chimiques ( phosphore, potasse et azote ) sont maîtrisés et contrôlés.

 @! : Il y a pourtant des informations qui révèlent que certains cours d’eau sont pollués par les nitrates ?
H. B.-P. :
On ne peut pas laisser penser que les plantes peuvent se nourrir simplement de ce qu’il y a dans la terre et dans l’air. Il faut apporter des nutriments pour leur permettre une croissance saine. Certes ce qu’elles n’arrivent pas à absorber se retrouve dans le milieu mais, depuis 10-15 ans, la formation aidant, on a adapté nos pratiques comme l’emploi de l’engrais fractionné, tout au long de la croissance de la plante. Les analyses démontrent qu’il y a une baisse régulière du taux de nitrate dans les eaux.

@! : Vous avez montré comment les agriculteurs conduisent une culture ou un élevage, comment faire en sorte qu’on vous fasse confiance  ? 
H. B.-P. :
Il faut le dire de plus en plus, ne plus laisser croire n’importe quoi. On ne demande pas aux gens de nous croire sur parole, on a des documents qui prouvent ce que l’on avance. Mais le meilleur moyen de montrer comment on conduit nos cultures et nos élevages est encore d’ouvrir nos exploitations, ce que l’on a fait avec la journée « Rencontre à la ferme », dans vingt et un cantons des Pyrénées-Atlantiques, le 11 septembre 2010 et que nous renouvellerons le 17 septembre de cette année. C’est aussi en allant à la rencontre du public, comme à la Foire de Bordeaux, au Salon régional de l’Agriculture que nous pouvons répondre aux questions, expliquer notre travail.

@! :  Pour l’opinion publique les agriculteurs sont vus, souvent encore, comme des gens qui gaspillent l’eau des nappes phréatiques et des ruisseaux lorsqu’ils irriguent … 
H. B.-P. :
Dans notre région, et dans le département des Pyrénées-Atlantiques, la plupart de l’eau de l’irrigation est issue de l’eau stockée. Durant l’hiver, sur mon exploitation de Montaner, par exemple, on retient l’eau de pluie dans une réserve de 40.000m3. Dans notre secteur, une Association Syndicale Autorisée gère une retenue de 300.000 m3 qui sert, non seulement à l’irrigation d’une trentaine d’exploitations le long du cours d’eau, le Lisse, mais aussi à y maintenir le niveau de l’eau que l’on relâche, l’été venu. Les agriculteurs pompent dans ces réserves, plutôt que dans le milieu naturel, la quantité d’eau dont ils ont besoin. Cela aussi est suivi. On reçoit des conseils hebdomadaires sur les quantités disponibles dans le sol, les quantités apportées par les pluies ce qu’il faut apporter, en complément, pour que la plante pousse. Et, contrairement à ce que pensent les gens quand ils se baladent le long du ruisseau qui coule en été, ce n’est pas naturel ! Cette retenue a été mise en place par les agriculteurs. Elle est artificielle et permet aussi de maintenir les poissons et la flore existante.

@ ! : Tout cela permet une agriculture productive alors même qu’aux yeux de beaucoup seule l’agriculture paysanne aurait droit de cité. Vous défendez l’intérêt et l’importance de la cohabitation d’une agriculture de proximité et d’une agriculture plus productive qui entre dans les circuits avec des groupements et des politiques de marque selon des conditions de marché satisfaisantes…
H. B.-P. :
Il ne faut pas se tromper sur l’agriculture paysanne ! Moi, je me revendique d’une agriculture paysanne. Je suis un chef d’entreprise qui conduit une exploitation avec mon bon sens paysan ! Je regarde quand il faut intervenir sur les cultures ou sur les troupeaux, mais si je veux avoir un revenu à la fin de l’année, il faut que je m’adapte aux évolutions.Ce n’est pas parce que l’agriculture est faite sur des dimensions différentes qu’elle n’est plus paysanne. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’agriculture productive n’est pas dans l’intérêt unique des exploitants. C’est aussi un projet de société. Etant donné que les prix ne peuvent pas toujours augmenter, il faut rationaliser pour être compétitif. Malgré nos contraintes et nos besoins de financements pour être aux normes, on cherche à atteindre un coût de production moindre pour que le prix soit abordable pour le consommateur.  

photo : Aqui.fr
 
propos recueillis par Joël Aubert et Olivier Darrioumerle
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