Ideas Box, la culture en kit


ville de Calais

Ideas Box, la culture en kit

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 25/04/2017 PAR Romain Béteille

Les installations culturelles en kit sont à la mode. A Bordeaux, la Tinbox a su démocratiser l’accès à l’art et son investissement dans l’espace public, au départ avec quelques planches de bois et des pots de peinture tandis que les scènes itinérantes font les beaux jours des évènements métropolitains. L’été prochain, un petit nouveau va arriver sur la scène et proposer quelque chose d’un peu différent. Imaginez donc : une médiathèque en kit (aux différentes parties rangées dans des caissons de sono), nomade (et déplacée grâce à une association locale, « Remue Ménages ») de cent mètres carrés. L’objectif ? Permettre un accès à la culture pour tous et créer des liens entre les associations bordelaises. Cette arrivée est prévue dans un cadre lui aussi particulier, puisqu’un partenariat a été noué entre la Fondation Cultura (fondation d’entreprise, donc privée), l’association Bibliothèques Sans Frontières et la mairie de Bordeaux. 

À la bordelaise

Ce concept, si son arrivée dans la capitale girondine est récente, est en revanche bien rôdé. Il s’est déjà installé à Calais en octobre 2015, tandis que plusieurs Ideas Box sont notamment déployées dans des camps de réfugiés, comme au Burundi, au Liban ou encore en Jordanie (l’idée est d’ailleurs née en Haïti en 2010, BSF étant actif dans une vingtaine de pays dans le monde). La fondation Cultura, elle, a adhéré au concept il y a deux ans. Sa déléguée générale, Nathalie Klochendler, raconte. « La première année, on a fait des tranches de trois mois pour tester l’utilisation dans un centre de la Croix Rouge pour Jeunes ados et à la mairie du 11ème arrondissement à côté d’une bibliothèque à Paris, mais aussi au pied de HLM pendant l’été. L’idée, c’était qu’ensuite, ils n’aient plus peur et acceptent d’aller s’inscrire à la bibliothèque. À Sarcelles, par exemple, c’est 700 familles qui ont pu y avoir accès tout l’été. En ce moment, une deuxième est à Marseille pour une année. Il n’y a pas de règles, on adapte en fonction de la nature des projets ». 

Et c’est bien le projet bordelais qui est d’une nature un peu différente des autres. Il consiste en un appel à projets lancé à toutes les associations locales pour proposer une manière d’utiliser l’Ideas Box. Durée minimale du projet : trois mois si on se base sur les règles. Fin mars dernier, une grande soirée de présentation a eu lieu au Marché des Douves. Anne Brézillon, adjointe à la mairie de Bordeaux, nous raconte ce qu’elle y a vu et ce qu’elle pense de l’idée. « Ca s’intégrait bien dans notre politique autour de l’équité culturelle. Pour le lancement, la Banque Alimentaire était là, par exemple, parce qu’elle organise une distribution l’été et elle accueille des familles dans une salle municipale que l’on met à disposition. Elle était très intéressée pour travailler avec d’autres acteurs culturels pour monter un projet en commun. Ce sont des associations qui ne seraient jamais rencontrés sans cette idée. Les projets vont s’adapter au territoire. J’espère qu’on aura des projets multi-associations ». 

Une pierre à l’édifice

L’idée pourrait potentiellement toucher les quelque 8000 associations et 80 000 bénévoles que compte le secteur associatif bordelais, mais il n’y aura malheureusement que peu d’élus : entre deux et quatre projets seront sélectionnés par un jury composé de membres des trois partenaires, et une décision rendu au début du mois de juin. Pour Estelle Gentilleau, conseillère déléguée à l’équité culturelle, l’Ideas Box ne compte pour autant pas se substituer à des dispositifs déjà existants mais plutôt s’y ajouter. « La chance que l’on a à Bordeaux, c’est d’avoir un réseau de lecture public dans les quartiers. La politique de la ville a été révisée depuis, mais toutes les bibliothèques de quartier étaient dans des quartiers politiques de la ville. On a continué à développer cette action là en créant des bibliothèques hors-les-murs, comme le Quai des Sports ou celle du Lac. Là, en plus, on va pouvoir permettre de venir compléter ce maillage », précise-t-elle. 

La ville de Bordeaux loge actuellement 164 associations, « souvent dans des conditions difficiles car les immeubles ne sont pas toujours en bon état », précise Anne Brézillon. « On est en train d’avoir une réflexion globale et de monter un groupe de travail sur ces sujets pour ouvrir dans Bordeaux des espaces de travail et d’accueil pour les associations. Actuellement, il existe trois LABB (Lieu des Associations et des Bénévoles Bordelais). On inaugurera celui de Caudéran et du Marché des Douves en mai. C’est une solution qu’on souhaite implémenter à raison d’au moins un LABB dans chaque quartier. Nous allons aussi ouvrir un grand espace qui fera office de maison des associations, pour répondre à leurs demandes ponctuelles ». Des demandes ponctuelles qui devront donc répondre à un prêt de matériel qui l’est tout autant.

Le coût de l’idée

Pour exemple, celle de Calais était composée de quatre modules (bibliothèque, cinema, administration et informatique) et déployable en moins de trente minutes. On pouvait y trouver une connexion internet, cinquante liseuses électroniques, vingt tablettes, 250 livres et même un ateliers théâtre. Elle permettait d’accueillir un maximum de cent personnes. Reste que l’équité culturelle, surtout dans le cadre d’un partenariat public-privé comme celui-ci, à un coût. Sur cette question, la responsable de la fondation Cultura botte en touche, assurant « ne pas avoir en tête » ni « vouloir donner le chiffre exact ». La mairie de Bordeaux n’a rien prévu de débourser (tout juste une aide logistique : prêts de locaux, de matériel; et de sporadiques subventions), l’objet en lui même, designé par Phillippe Stark, n’a évidemment rien de gratuit.

Si on se réfère à celle installée à Calais, on parlerait alors d’un coût global de 80 000 euros TTC (67 850 euros hors taxe) équipement inclus (hors livres papier). Si ces chiffres s’appliquent à Bordeaux, cela resterait tout de même moins cher qu’un nouveau bibliobus. Il ne reste donc plus qu’à découvrir la nature exacte des projets proposés à Bibliothèques Sans Frontières. Mais les associations ne devraient pas être mises devant le fait accompli : les 22, 23 et 24 mai, plusieurs animateurs seront présents au Marché des Douves afin de leur détailer les différentes utilisations qui pourront en être faite. D’ici là, l’Ideas Box bordelaise est encore un kit main libre, et les candidatures peuvent être déposées via le site web www.bibilosansfrontieres.wixsite.com jusqu’au 12 mai prochain. 

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