Guillaume, venu de la ville pour les vaches et les chèvres


Guillaume Lacoste a grandi à la ville, près de Pau. Enfant, il rêvait déjà devant les vaches laitières d’un cousin. Ce "hors cadre familial" a réalisé son projet à Garos, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il élève chèvres et vaches.

Guillaume Lacoste dans sa chèvrerie entouré d'une chèvre et d'un boucSolène MÉRIC | Aqui

Guillaume Lacoste, non issu du milieu agricole est éleveur à Garos depuis 3 ans d'un troupeau de vaches allaitant et de chèvres dont il transforme le lait en fromage.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/05/2023 PAR Solène MÉRIC

Pour la deuxième année, Guillaume a retrouvé il y a quelques jours, sa fromagerie, installée dans son jardin. Une manière d’allier vie professionnelle et vie de famille. « Je peux garder un œil sur mon fils pendant que je fais mes fromages ! ». Il y fabrique des crottins et tommes à partir du lait de ses chèvres. Elles sont sur l’exploitation, à 5 minutes en voiture. A leur coté, un troupeau de vaches bazadaises. Alors que les mises bas se sont terminées il y a peu, c’est une nouvelle période intense qui s’ouvre pour Guillaume : soin aux animaux, traite des chèvres, fabrication du fromage, transformation de la viande, commercialisation « tout en vente directe » , sans oublier la part administrative du métier. Pour la vente des fromages sur les marchés, sa maman l’aide avec entrain.

Bien loin du monde agricole

« Faire les marchés, ma mère adore ça, ça a été une révélation pour elle! » s’amuse-t-il. Ce choix de l’agriculture a pourtant été difficile à accepter pour des parents qui évoluaient bien loin de ce monde-là. Résultat : « l’école, c’était la cata pour moi. Arrivé en 3ème technologique à Mont dans une MFR, tout s’est bien passé. »  Il poursuit alors par un bac pro Conduite et gestion de l’exploitation agricole, à Montardon puis à Orthez, et un BTS productions animales à Saint-Gaudens (31) suivi en alternance à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques puis à Bovin croissance (réseau de suivi et conseil des élevages). Il enchaîne durant 12 ans en tant que peseur, puis technicien et enfin conseiller à la Chambre… sans perdre de vue, jamais, son souhait d’installation.

Ses premières vaches, il les achète dès 2009, en les mettant « à droite à gauche, chez des copains ». Manière de se « faire la main » grâce à son métier, et de profiter « d’une jeunesse à vivre ». Puis, durant 8 ans, il s’associe dans « une petite SCEA avec un copain ». Mais les associés se séparent. Guillaume n’a alors plus de solution pérenne pour ses animaux, qu’il hésite même à revendre. C’est sans compter sur le destin qui lui apporte sur un plateau une propriété agricole à céder dans son village de Garos.

Le prêt d’honneur en point de départ

« Les étables et la bergerie étaient intactes, 12 ha de terres, et une maison d’habitation largement habitable ». L’opportunité qu’il attendait. Persuadé que la propriété ne vaut pas les 240 000€ demandés, il se rapproche de la SAFER, et lâche son emploi. Avec son caractère décidé, Guillaume joue là son va-tout pour réaliser son rêve.

Ne pouvant être considéré comme un nouvel installé, la dotation jeune agriculteur n’est pas une option. La Safer, qui a renégocié la propriété à 193 000 €, l’encourage à faire une demande de prêt d’honneur Initiative Agri Nouvelle-Aquitaine. Après un entretien avec 14 jurés d’univers professionnels variés, Guillaume, coaché par une conseillère de la chambre d’agriculture, remporte la mise : « 14 000 € à rembourser sur 7 ans, différé d’un an ». L’avantage de ce prêt : un taux à 0 %. Le point de départ aussi d’une stratégie partagée entre les partenaires. Résultat : « Le 7 octobre 2020, chez le notaire, la Safer achète le foncier. Je signe avec Sarah, ma compagne, pour la maison d’habitation et les granges, et la mairie, m’a fait signer des baux sur des terrains communaux. Je récupère aussi quelques parcelles en fermage  ». 

Il faut être résistant et bien entouré

Avec le prêt d’honneur, qui lui permet d’acheter ses 30 premières chevrettes de race poitevine, et le portage, la banque, accepte aussi de le suivre. Le temps que les papiers se fassent, Guillaume part se former au CFPPA d’Aurillac (15) et fait deux stages dans des exploitations pour apprendre à faire du fromage. « Il faut être résistant et savoir bien s’entourer », retient-il de son parcours d’installation, reconnaissant des accompagnements reçus.

Au total, l’EARL de Clavera constitué avec sa compagne qui devrait s’installer sous peu, compte 28 ha dont les 12 ha à racheter à la Safer en 2026 en déduction des fermages payés d’ici là. Il y a aussi entre 12 et 15 mères de race bazadaise, 35 chèvres en lactation, le tout en bio. Des races, « rustiques et ancrées dans leur territoire », qui cadrent avec le projet de Guillaume.

Les vaches en race bazadaise de Guillaume Lacoste se fondent dans le décor béarnais de son exploitation à Garos.

Soucieux de son environnement, il a planté 1,2 km de haies mellifères et des bois isolés. Ses terres sont toutes en prairies. « On fait : herbe, foin, enrubanné et paille, et en concentré j’achète du maïs bio à un voisin, de la luzerne dans le Gers pour les chèvres et un aliment complet que je prends à une coopérative, tout en bio », décrit-il. Rénovée, la maison de l’exploitation est quant à elle actuellement louée.

Des embuches mais des projets

« Si l’histoire est belle, le chemin a été semé d’embûches », précise l’éleveur qui a subit de fortes pressions liées à des problèmes de voisinage autour de l’exploitation. Ces évènements qui l’ont profondément marqué, se résorbent peu à peu, mais d’autres défis se font jour. « La sécheresse a mis une claque à la trésorerie, c’est dur financièrement, et c’est difficile aussi car ça impacte directement les animaux. »

Mais Guillaume regarde l’avenir avec confiance, porté par le succès des ventes de ses fromages et viandes, et conscient de la tâche. Pas question d’agrandir le troupeau de vaches pour l’instant. « Je ne veux pas m’empêcher de voir mon gosse », lâche le jeune papa qui, avec sa compagne ne manque pas de projets pour la ferme. Parmi ceux-là, la transformation de la maison d’habitation en gîte permettant à Guillaume et Sarah de réaliser un autre souhait : l’accueil à la ferme.

Le rendez-vous de l’installation et de la transmission est organisé au cours du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux, le 16 mai 2023.
Cette journée sur le thème « Agriculture: à chacun son installation » est une réalisation partenariale entre Aqui.fr, le Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le Crédit Agricole, Jeunes agriculteurs Nouvelle-Aquitaine, La Coopération agricole, les CUMA, la SAFER, la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAAF et le réseau RÉANA.

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