Grippe aviaire : en aval, de lourdes pertes aussi


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Grippe aviaire : en aval, de lourdes pertes aussi

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Publication PUBLIÉ LE 18/02/2016 PAR Julie Ducourau

Une cinquantaine de professionnels de la filière aval se sont réunis jeudi à la Chambre de commerce et d’industrie des Landes pour faire le point, dire leurs inquiétudes et tenter d’anticiper la reprise. Selon les premiers résultats de l’enquête de la CCI, la centaine d’entreprises artisanales landaises de transformation où le canard est souvent l’unique activité, a prévu une perte de 70 à 100% durant cette période troublée, estimant à 150 à 200.000 le nombre d’heures d’activités partielles qui en découle. PlumesCanardsPour les 32 fabricants de matériel avicoles, la perte dépasse les 50%. Quant aux quatre entreprises landaises de collecte, traitement et transformation de plumes, elles sont sur du -20 à -30%. Bernard Trémont de la société du même nom (42 employés, CA : 6 M€) a souligné que l’arrêt temporaire de sa holding La Plume de Pomarez après les derniers abattages fin avril était « traumatisant pour tous », avec un problème de stock assez important pour une société travaillant beaucoup vers l’Asie qui a depuis cessé d’importer. « Nous devons rassurer nos personnels sur la compensation du manque de salaire », a-t-il dit, se voulant positif alors que le coût des 22 à 25.000 heures chômées dans son entreprise est évalué à 50.000€.

Report de charges possiblesL’artisan conserveur Raymond d’Artigues, de Pomarez (20T de foie gras transformé et 60T de viandes de canards et magrets) passe aussi « beaucoup de temps à réconforter les salariés alors que nous mêmes nous ne le sommes pas ». Pour ses 8 employés, il aura également recours à l’activité partielle plutôt que le chômage total durant la fermeture de l’atelier par manque de matière première du fait du vide sanitaire. « En septembre on arrivera démuni de stock avec Noël à quelques semaines… des clients m’ont déjà dit qu’il se tournaient vers l’Alsace… On sent l’empathie des pouvoirs publics mais rien de concret, la première aide directe qu’il faudrait c’est de dégréver des charges ».
Dominique Destribots des Transports Dauga à Hagetmau et ses 26 salariés spécialisés dans le transport de palmipèdes ont encore du travail jusqu’à fin avril mais avec une activité partielle pour tous les employés et « une crainte au niveau des cotisations sociales et fiscales », d’autant que la reprise d’activité est encore floue.
Une solidarité de filièrePour les rassurer, la préfète des Landes, Nathalie Marthien, a rappelé les mesures à utiliser par la filière aval : formations pour les salariés et compensations financières pour ceux en activité partielle mais aussi report possible des charges sociales et fiscales pour les patrons, voire dans certains rares cas leur exonération. Au-delà des aides départementales ou régionales, « le ministère de l’Agriculture travaille aussi avec l’Europe pour voir si un dispositif financier exceptionnel est possible », a-t-elle souligné, rappelant le numéro vert unique (05 58 06 58 58) mis en place pour tous, entre détails des aides et soutien psychologique.
La filière montre en tout cas une certaine solidarité dans l’épreuve. Fabien Chevalier de la maison Lafitte à Montaut (80 producteurs Label rouge, 170 employés, CA: 30M€ dont 15% à l’export) a ainsi expliqué que « des entreprises d’habitude concurrentes ont réussi à se regrouper pour aller porter nos problèmes devant les autorités de l’Etat, du département, de la région, du ministère, avec quelque chose d’audible », « c’est positif ».
Reste maintenant à assurer une discipline collective durant le vide sanitaire et après. En mai, il y aura à nouveau des canards partout, a rappelé Christophe Debove de la Direction départementale de la cohésion sociale et la protection des populations : « le risque de réinfection est loin d’être négligeable », « on ne sait pas comment va évoluer le virus », et « en moins d’un mois par le biais du transport, on peut recontaminer toute la zone », il faut donc « faire en sorte que les mesures de biosécurité et des systèmes de lavages efficaces qui n’existent pas aujourd’hui, se mettent en oeuvre à la lettre pour sauver toute la filière ».

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