Foncier rural : Le marché des forêts décolle fortement


Le prix du foncier agricole stagne depuis des années autour de 3 000 € l’hectare en Haute-Vienne. Le marché des forêts s’est distingué, en 2022, avec une demande plus importante sur les petits lots d'après le bilan d'activité de la SAFER 87.

des hommes assis à une tribuneCorinne Merigaud | Aqui

Le marché du foncier rural est relativement stable en Haute-Vienne avec cependant, une demande en hausse sur les forêts de moins de 4 hectares.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/11/2023 PAR Corinne Merigaud

Organisée par la SAFER, la conférence départementale du foncier rural s’est déroulée le 24 novembre au lycée agricole des Vaseix à Verneuil-sur-Vienne en présence d’une quarantaine de participants d’horizons variés : agriculteurs, élus, représentants de l’État ou de collectivités, responsables d’associations ou de structures agricoles ou foncières. La SAFER a dressé le bilan de son activité pour 2022 et du marché du foncier rural en Haute-Vienne. Une conférence débat a ensuite permis d’évoquer la reconquête de la qualité de l’eau, un enjeu qui concerne pléthore d’acteurs.

2,5 % des surfaces agricoles changent de main ici chaque année

Le nombre de ventes a diminué de 4%, l’an dernier, pour un total de 4 261 ventes soit 12 539 ha (+1%) et une valeur de 304 millions (+3%). Si les agriculteurs ont acheté 52% des surfaces, 80% des transactions reviennent à des non agriculteurs. « Le marché est stable annonce Nathalie Lebas directrice départementale, c’est en moyenne 2,5 % des surfaces agricoles qui changent de main ici chaque année contre 1,5 % au niveau national. »

Le marché du foncier rural se divise en cinq secteurs avec le marché agricole, le plus important, qui s’est maintenu avec 8 682 ha, comme en 2021, soit 1052 ventes (-11%) pour 60 millions € (-2%). L’hectare s’est négocié entre 2 860 € et 3 410 € selon la localisation, moins élevé au nord du département. « Le marché est stable d’année en année car on n’a pas de pression foncière indique-t-elle, il est moins sollicité par l’urbanisation. » Si la moyenne se situe autour de 3 000 € ha, le foncier peut osciller de 2 000 € à 6 000 € dans les secteurs où il y a plus de pression.

Deux fois plus de forêts vendues

Le marché des forêts progresse avec 392 ventes (+26%) soit 2 099 ha pour 13 millions d’euros (+20%). « C’est l’un des marchés qui évolue le plus en surfaces cette année, nous avions plutôt 800 à 1 000 ha en vente, ce sont essentiellement des lots de moins de 4 ha. Il y a plus de pression de la part des particuliers sur le bois de chauffage alors que ces petits lots n’intéressaient personne voilà quinze ans. Et dans le même temps, nous avons plus de cédants. »

Le marché des maisons à la campagne recule en nombre avec 1438 ventes (-10%) soit 969 ha pour 204 millions € (+6%) avec 55% d’acquéreurs haut-viennois et 12% de néo-aquitains. Quant au marché lié à l’urbanisation, en repli de 33%, il concerne 30% des ventes avec 183 transactions pour 133 ha soit 10 millions € (-45%). « Il n’existe pas de problématique forte sur le département » remarque-t-elle.

Enfin, le marché des parts sociales, plus réglementé depuis avril 2023, et la loi Sempastous, a donné lieu à 70 opérations de transferts de parts sociales pour 10 500 ha et une valeur de 30 millions. « Cela concerne essentiellement des GAEC et des EARL en Haute-Vienne dans le cadre familial majoritairement lorsque des parents cèdent leurs parts à leurs enfants lors de la transmission de l’exploitation. Nous n’avons pas eu de surprise, c’est conforme à ce qu’on voyait avant cette loi.»


Directrice de la SAFER 87, Nathalie Lebas a dressé le bilan d’activité de la SAFER.

38 jeunes installés

Concernant l’activité de la Safer, les acquisitions ont baissé de 7% en 2022 soit 1 625 ha dont 946 ha portés et stockés au profit de jeunes agriculteurs ainsi que 577 ha en location via un contrat de mise à disposition de un à six ans renouvelable une fois. 954 ha ont été attribués au profit de 38 jeunes agriculteurs pour préparer leur installation. Dix-sept ont bénéficié du FASCINA pour un montant de 24 916 €, un fonds mis à disposition par la Safer régionale pour payer une partie des frais de notaire. La Safer a réalisé 128 acquisitions (+8%) dont 16 préemptions. Quelque 70 % concernaient des lots de moins de 10 ha dont 91% avaient une valeur inférieure à 180 000 €. « Les préemptions restent très marginales avec seulement 201 ha et nous essayons toujours de privilégier l’amiable » précise la directrice.

Quant aux attributions, la surface s’élève à 1 778 ha dont 1 206 ha pour des porteurs de projet avec un intérêt environnemental et 92 % en lien avec une activité agricole. Le comité technique de la Safer a examiné 188 candidatures et retenu 146 candidats sachant que 39 % des surfaces ont été attribuées à des projets en agriculture bio.

La reconquête de la qualité de l’eau

Ces enjeux ont été abordés dans un deuxième temps de la réunion par différents intervenants.

Au chapitre de l’abreuvement du bétail et de l’irrigation, la Chambre départementale d’agriculture souhaite faciliter l’autonomie en eau des exploitations pour les rendre plus résiliantes. 249 ont été accompagnées et 550 agriculteurs formés, permettant de réaliser 2 068 aménagements dont 1 965 abreuvoirs et 142 forages pour alimenter 227 bâtiments et approvisionner plus de 8 100 ha de champs. « Pour le territoire c’est une économie de 142 119 m³ d’eau potable par an », signale Johannès Knies, l’élu en charge de l’eau. Concernant l’irrigation, 29 exploitations ont créé 35 retenues d’eau où sont stockés 676 500 m³ ce qui a permis de sécuriser ou de diversifier 519 ha. Ces opérations ont été aidées par la Région à hauteur de 3,8 millions d’euros.

Le Conservatoire des espaces naturels mène pour sa part des actions pour préserver les zones humides et d’élevage en restaurant les milieux. En Haute-Vienne, le CEN gère 600 ha et en détient 1 730 ha répartis sur 143 sites. « Nous enregistrons une très forte dynamique depuis 3 ans grâce à Néo Terra et 98% des sites sont acquis à l’amiable avec la Safer » remarque Erwan Hennequin, le directeur. Le but est de recréer des surfaces agricoles utiles pour préserver de l’élevage extensif et une véritable activité. « Cinquante exploitants sont partenaires sur nos sites dans ce département. Nous aurons bientôt une commune sur deux avec au moins un site du Conservatoire, des sites pilotes pour intégrer la biodiversité dans l’économie rurale. »

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