Les initiatives se trouvent une Maison


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Les initiatives se trouvent une Maison

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2017 PAR Romain Béteille

Une inauguration, d’habitude, ça a quelque-chose d’un peu pompeux. Des remerciements en enfilades, quelques messages d’espoir, voire des citations philosophiques pour remercier les uns et les autres d’avoir donné de l’argent. Celle de la Maison des Initiatives de Floirac, inaugurée officiellement ce mardi 2 mai, avait quelque-chose de singulier. D’abord parce qu’elle fait écho à une grande opération de rénovation urbaine, celle du quartier Dravemont (faisant partie du Grand Projet de Ville 2014-2020) dont le dernier montant des travaux connu a été évalué en 2016 à 8,3 millions d’euros. Cette Maison des initiatives, c’est donc un petit bâtiment en dur situé à côté du terminus du tram A et d’une petite zone commerciale à l’allure sérieusement défraichie, au pied des tours de HLM.

Un pied sur l’accélérateur

Au delà de la coupe du ruban et du silence des résidents des cages d’escalier situées juste en face, Gilles Macheroux, responsable du service vie locale à la mairie de Floirac, voit l’idée comme un premier coup d’accélérateur. « Ce lieu là va permettre à des initiatives individuelles, collectives ou associatives de pouvoir se rencontrer, travailler avec des partenaires. Le vrai but sera de voir comment évolue le projet de quartier et de s’y intégrer pleinement. C’est un lieu vivant, un peu plus réduit mais au profil similaire à la m270, qui permettra de partager les choses. Dans les futurs conseils de quartier, j’espère pouvoir y associer aussi cet endroit », pense-t-il. Cette dynamique pourrait même participer à accélérer le montage de la rénovation du quartier, pour lequel une équipe pluridisciplinaire a été conduite par la métropole en septembre dernier afin d’en superviser les différentes étapes. « Sur Dravemont, le projet de rénovation est en projet depuis pas mal d’années, principalement stoppé par des soucis financiers. Mais je pense que là, on est dedans. Cette inauguration est aussi un peu symbolique, elle veut dire aux gens que le projet arrive. Il faut bien commencer par quelque chose », se persuade ainsi Gilles Macheroux.

L’économie en ligne de mire

Mais alors, qu’y fera-t-on de plus que se croiser, dans cette maison de quartier ? Plusieurs choses, bien plus concrètes que tous les discours d’inauguration du monde. D’abord, elle sera un nouveau pied-à-terre pour le Social Lab, initiaitive déployée sur toute la Rive Droite depuis un an, et installée dans la Maison depuis deux semaines déjà. Son rôle, c’est sa jeune responsable et chargée de projet CitésLab, Ebène Hames, qui nous l’explique. « Son but, c’est de faire en sorte que les structures d’accompagnement à la création d’activité économique se déplacent sur les quartiers de la Rive Droite pour accompagner les porteurs de projet. J’interviens aussi comme référente de parcours pour les personnes qui veulent monter leur entreprise, autant pour des questions financières qu’immobilières, par exemple, en les mettant en lien avec des partenaires. »

Ebène intervient dans les quatres communes de la Rive Droite : à la Maison de Projet du Bois Fleuri de Lormont, au Rocher de Palmer de Cenon et au Kiosque Citoyen de Bassens. Et quand on lui demande si les « projets » aboutissent, elle a aussi une réponse. « Quelques projets sont en train d’émerger. Une entreprise de nettoyage industriel, un food-truck qui va se créer bientôt, le démarrage de l’activité d’une sophrologue. C’est assez varié, il y a un peu plus de femmes que d’hommes. Sans parler des sociétés existantes qui sont venues me voir, il y a eu onze nouvelles immatriculations depuis la création du lab il y a un an ». Avec cette nouvelle entrée Floiracaise, Ebène tiendra un accueil individuel chaque lundi après-midi (entre 14h et 18h), ouvert à tous sur rendez-vous. Le Social Lab sera aussi l’occasion pour les partenaires spécialisés d’animer des ateliers ou de tenir des permanences plus ou moins régulières. 

Urbanisme participatif

Au niveau du projet urbanistique en lui-même, des « mercredis du projet » vont être organisés avec les habitants, le premier se tiendra le 17 mai prochain. On a demandé à Flavien Bezy, urbaniste travaillant avec le bailleur Aquitainis sur le projet du « nouveau » Dravemont, de nous en dire un peu plus. « Dans notre mission d’accompagnement et de réalisation du projet urbain sur l’ensemble du quartier, on a une volonté revendiquée de concertation avec les habitants. On a donc proposé de venir tous les mercredis sur cinq semaines dans des formats différents au plus près des habitants. On sera ici avec des tables rondes thématiques, des ateliers, des scénarios de projets, on va aller dans les cages d’escalier pour essayer d’impliquer les gens », déclare-t-il, ajoutant que « tout ce travail va permettre de tenir, plutôt à la rentrée prochaine, une réunion publique qui aura tenu compte de ces rencontres ».  

L’architecte de métier, en revanche, ne se voile pas la face : s’il ignore encore quelles demandes seront effectuées par les habitants, il les préfigure déjà. « On sait déjà qu’on sera sur des besoins de base : habiter bien ou mieux, pouvoir accéder à des commerces de qualité en toute sécurité, traverser un espace public agréable et sécurisant, avoir des équipements qui fonctionnent bien. Avoir un parc, des équipements pour les enfants, des cages d’escalier améliorées, ce sera un plus », précise-t-il. Tout reste donc encore à faire, et notamment convaincre le plus largement possible les quelque 1680 habitants du quartier autour duquel les études opérationnelles ont déjà été lancées, en vue d’un conventionnement avec l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine en 2018.

La « méthode Rive Droite »

Ces « maisons de projets », il en existe une dans chaque commune de la Rive Droite, bien qu’elles portent chacune des noms différents tout en gardant une même sémantique. Présent en tant que Président du GPV, le vétéran maire de Bassens, Jean-Pierre Turon, nous a éclairé un peu sur son « kiosque citoyen », qui a la particularité d’être fait des morceaux d’un même bâtiment démantelé ayant notamment servi à Lormont où lors de la biennale « Panoramas » de sa commune. « Ces quatre pôles répondent au même objectif : créer ou renforcer la dynamique économique des quartiers dans lesquels ils s’inscrivent. C’est tout l’enjeu « social lab » s’inscrivant dans l’objectif métropolitain de création de 75 000 emplois d’ici 2030, tout cela en lien avec l’opération de renouvellement urbain », informe Jean-Pierre Turon, avant de nous préciser qu’à Bassens, « le kiosque citoyen a ouvert en mars. Aujourd’hui, nous avons des permanences presque tous les jours, en particulier du social lab mais aussi de notre médiatrice et du conseil citoyen qui y tient des réunions. On a déjà prévu d’y faire des réunions d’urbanisme et d’autres évènements, ça va au-delà de ce que l’on pouvait imaginer au départ ».

Il répond, là encore, à une vaste opération de renouvellement urbain celui de la zone Prévert-Le Mourat, qui comprend une réhabilitation et une vaste opération de démolition et de reconstruction, le tout là aussi avec une implication des habitants dans le processus. Cette dernière avance à pas réduits, mais avance quand même. « On est en train de travailler et de chercher, à l’extérieur du périmètre du quartier, de quoi construire quelques logements qui vont servir pour une opération tiroir (prévue pour accueillir ses premiers habitants en fin d’année prochaine), permettant de reloger les habitants avant de démolir. On va également introduire de la mixité sociale de façon à mélanger les populations à l’intérieur des quartiers politiques de la ville ». Le projet urbain de Bassens prévoit aussi, tout comme Floirac, le développement économique dans ses attributions, via la création de commerces ou d’entreprises. « Concernant la Cité Beauval, qui va être complètement réhabilitée, les permis de construire sont en train d’être déposés, le début d’année prochaine sera un point de départ très concret », conclue Jean-Pierre Turon. Voici donc quelques pistes pour cette Rive Droite, pour laquelle les « maisons de projets » sont, plus que des bureaux vides, un symbole en dur des vastes chantiers à venir. 

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