Fermeture de l’usine Yara à Pardies : la crainte de « l’effet domino »


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Fermeture de l'usine Yara à Pardies : la crainte de « l’effet domino »

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/03/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette

Ce mauvais coup porté au bassin industriel de Lacq n’est pas le premier du genre. En 2009, l’usine Acetex Chimie qui appartient au groupe américain Celanese et emploie 350 personnes à Pardies, où elle produit de l’acide acétique et de l’acétate de vinyle, met la clé sous la porte.   

Cette fermeture est lourde de conséquences pour ses voisins de Yara qui perdent là leur plus gros client.

Comme neige au soleil

Spécialisée dans les produits chimiques azotés qu’elle livre sur les marchés industriels français et espagnol (1) :  Yara voit ses effectifs fondre comme neige au soleil. Ces derniers passent de 150 salariés à moins de 100 personnes tandis que sa production d’ammoniac agricole doit être arrêtée.

Au cours des années qui suivent, l’entreprise poursuit toutefois son activité en dépit de quelques déconvenues. Telle la difficulté qu’elle éprouve à faire transiter son nitrate d’ammonium par le port de Bayonne. Car la présence de ce produit entrant dans la composition d’engrais et d’explosifs effraie les élus basques. Un autre acheminement devra être trouvé via… Port-la-Nouvelle.

Un investissement conséquent, de l’ordre de 1,8 million d’euros est même engagé en 2016 à Pardies sur un nouvel atelier de production de nitrate de calcium (on s’en sert notamment pour combattre les odeurs dans les égouts).

Mais, alors que les effectifs ont encore été réduits de 12 postes au cours de la même année, le couperet va finir par tomber. La fermeture de l’usine de Pardies est annoncée en ce début de semaine par la société norvégienne « pour des raisons économiques ».

Des millions d’euros de pertes annoncés

Le groupe possède quatre usines en France. Elles sont implantées en Gironde à Ambès, en Loire-Atlantique, en Seine Maritime et au pied des Pyrénées. Mais, en ce qui concerne Pardies, « un tableau très noir est dressé pour les cinq années à venir ». Les pertes envisagées se montent à 6 millions d’euros. 

Pour la seule année 2016, un résultat négatif de 1,7 million d’euros est annoncé, explique Jean-François Derolez, secrétaire du comité central d’entreprise et délégué central CGT. Des chiffres que contestent les représentants des salariés. « A partir du 11 avril, une expertise va être lancée par le CCE ».

La méthode est également dénoncée. « Aucune solution alternative n’a été recherchée avec nous. L’argent qui va être mis dans la fermeture devrait plutôt être investi pour éviter cette même fermeture ». Et le syndicaliste de souligner « l’écoeurement » d’un personnel qui a déjà consenti de « gros efforts après la réduction d’effectifs de l’année dernière, sans que la production soit réduite ».

Réuni hier matin, le personnel a entamé une grève de 24 heures

« On a pris une sacrée claque »

L’incompréhension est d’autant plus grande que le nouvel atelier de nitrate de calcium ne tourne pas à plein. « On a une capacité de 30 000 tonnes dans un outil neuf et on ne nous en donne que 12 000 tonnes à produire » constatent les salariés. Avant de rappeler que l’usine de Pardies se retrouve en concurrence avec une autre unité de Yara, située en Norvège et alimentant le nord de la France. « On pourrait très bien approvisionner nous-mêmes cette région. Mais on nous répond que cela n’est pas possible ».

Bref, le choc est sévère dans les Pyrénées-Atlantiques. « On a pris une sacrée claque » confie un membre du personnel. Ce dernier insiste également sur le nouvel « effet domino » que la fermeture de l’usine risque d’entrainer sur le bassin de Lacq.

Des liens étroits existent entre Yara et sa voisine d’Air Liquide , dit Jean-François Derolez. Sans parler des emplois induits qui existent chez les sous-traitants et dans les services de gardiennage. « Près de 150 emplois sont impactés au final ». De même, l’unité de Pardies fournit un péroxyde d’azote très pur à l’usine Arkema qui est implantée à Mont. « Que va-t-il se passer si on arrête ? ».

Réuni mercredi matin, le personnel a décidé d’entamer un mouvement de grève. Thierry Loyer, le président de Yara France, a pour sa part annoncé qu’un plan social débuterait à la mi-avril.

(1) Il s’agit aujourd’hui d’ammoniac, d’acide nitrique, de nitrates techniques, de peroxyde d’azote et de nitrate de calcium.

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