Euralis fait le dos rond et « serre les boulons »


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Euralis fait le dos rond et « serre les boulons »

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/12/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Comme d’habitude, les comptes qu’Euralis présentera d’ici peu à ses adhérents ont été  clôturés à la fin août 2016. Cela dit, une chose est  certaine : « Peu de choses sont allées comme il le fallait » reconnait le président Christian Pèes en évoquant les nuages qui se sont accumulés au cours de l’année écoulée.

Qu’il s’agisse de la baisse du marché des semences (-7% pour le maïs hybride), des effets de change dans les greniers mondiaux à céréales que sont l’Ukraine et la Russie, tout comme de l’impact que les attentats terroristes ont eu sur le secteur de la restauration.

Sans parler des difficultés auxquelles se heurtent les éleveurs laitiers et de bovins viande. Ni du pot-au-noir que la grippe aviaire a fait traverser aux activités canard gras.  A elle seule, cette dernière crise a amputé de 22 millions d’euros le chiffre d’affaires du groupe (5 millions pour l’alimentation animale, 17 pour le foie gras). Bonjour l’ambiance !

Des économies pour rester compétitif

Pas question pour autant de baisser le pavillon. Depuis quelques années, Euralis a mis en place un « plan d’amélioration continue » destiné à lui permettre de réduire ses frais de fonctionnement. L’objectif est d’économiser 9 millions d’euros par an. Le recours aux nouvelles technologies fait partie des armes que l’on utilise et chaque détail compte. « Les référents du pôle agricole disposent par exemple d’un système informatique embarqué qui leur permet de prendre commande en direct. C’est une mesure parmi d’autres » explique Pierre Couderc, le directeur général.

Quand les marchés sont bons, l’argent ainsi épargné est réinvesti pour accélérer la croissance du groupe.  » Cette année, on met ça entre parenthèses. Les économies réalisées viennent consolider le résultat du groupe ».

La bataille de l’international

D’autres combats sont menés sur d’autres fronts. A l’international, Euralis renforce sa présence commerciale en Russie. « Les ventes de semences de maïs et de tournesol ont augmenté de 20% sur ce marché stratégique ».

Les ventes de foie gras Rougié continuent pour leur part à progresser au Canada, aux Etats-Unis et au Mexique. En trois ans, elles ont fait un bond de 40% dans cette partie du monde. Quant au foie gras que la même marque développe en Chine (l’Empire du Milieu refuse d’importer ce produit), il voit ses volumes monter en flèche : + 88%. Un chiffre de bon augure pour un marché encore modeste  qu’Euralis veut hisser au 2e rang mondial, après la France.

Innover pour résister

Dans le même esprit, l’accent est mis sur la recherche et le développement. Pas moins de 26 millions d’euros sont consacrés à cette activité qui voit son budget augmenter de 4%.

Les résultats suivent. « Le flux génétique performant d’Euralis dans le maïs stabilise les ventes sur un marché orienté à la baisse » note le groupe. Tout en évoquant les bons scores affichés par les ventes de colza, en hausse de 15% grâce à l’arrivée de nouvelles variétés comme l’Império.

Ajoutez à cela les 10 000 hectares de couverts végétaux semés l’année dernière (dont près de 800 par hélicoptère) afin de réduire l’érosion des sols et constituer un engrais végétal. Ou encore la « bûche de foie gras » qui a permis à Montfort de conquérir 6% de parts de marché. La marque Jean Stalaven ayant pour sa part lancé une gamme de saucissons secs « de villages », certifiés « Le Porc Français ».

Dans une période de turbulences, le groupe coopératif souligne également  l’importance du soutien technique apporté à ses adhérents pour les aider à développer « des productions à valeur ajoutée ». Que ce soit au sein de filières longues contractualisées (maïs, légumes, semences, canards, volailles) ou  par le biais des circuits courts. « La Table des Producteurs » mise en place dans les magasins Points Verts offre un débouché à près de 500 agriculteurs.

Tout en renforçant sa présence dans le vignoble du bordelais, Euralis a enfin mis en valeur une filière soja du Sud-Ouest. « L’une des cultures les mieux adaptées au climat de notre région ».

Foie gras : « Nous ne sommes pas devins »

« Plutôt que de parler des difficultés, nous voulons nous projeter vers l’avenir » résume le président Pèes. L’économie du numérique qui avance à grands pas et la modification des pratiques agricoles devraient ainsi tenir une place de choix lors de l’assemblée générale qui sera organisée en février prochain.

Sans vouloir jouer les esprits chagrins, une question de taille se pose d’ici là : comment le consommateur réagira-t-il au nouvel épisode de grippe aviaire qui touche la région ?

On le sait, les précautions accrues prises par la profession auront un impact sur les prix. Celui-ci est estimé entre 10% et 20%.  » Cela représente environ  40 centimes d’euro de plus par tranche de foie gras  » notent les professionnels, qui tiennent à relativiser les choses. De même, le discours tenu sur la non-transmissibilité du virus à l’homme semble avoir été entendu par les acheteurs.

L’influenza de 2016 pourrait-elle cependant être la crise de trop ? « Aujourd’hui, les signes sont plutôt positifs » répond Pierre Couderc, en constatant que les grandes surfaces et les consommateurs ne paraissent pas sur le recul. « Cela dit, nous ne sommes pas devins. On sait aussi que l’opinion publique peut changer du jour au lendemain ». Bref, il est difficile de dire où l’on en sera le 31 décembre.

« Pour les éleveurs, la situation est extrêmement difficile à vivre : économiquement et psychologiquement » constate pour sa part Christian Pèes, persuadé que cette crise aura un impact sur l’avenir. « Des gens qui ont fini de payer leur amortissement vont-ils réinvestir ? Des jeunes vont-ils se réengager dans cette filière ? C’est un vrai sujet ».

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