Eric des Garets revisite François Mauriac


Lors de l'Escale du livre, Éric des Garets a présenté le 6 avril son (Petit dictionnaire) Mauriac, paru en mars chez les éditions Le Festin. L'écrivain bordelais Michel Suffran, ami de François Mauriac, était présent également. C'est un regard origi

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Eric des Garets revisite François Mauriac

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2008 PAR Léo Peresson

C’est à Éric des Garets que l’on doit, en 1997, la restauration du domaine de Malagar, tour d’ivoire mauriacienne de Saint-Maixant. Avec ce nouvel ouvrage, le directeur adjointdu Conseil Général de la Gironde continue l’ouverture au public du monde de Mauriac, un écrivain qu’il « aime profondément », selon ses mots. « Je me suis toujours effacé derrière Mauriac. Je n’ai pas la prétention de dire plus de choses que les autres sur lui. » Mais les dire différemment, certainement. Et sans prétention. La forme, un dictionnaire, modestement qualifié de « petit », est nouvelle. Elle propose au lecteur une libre découverte de François Mauriac, par l’exploration des rencontres, des lieux et des évènements qui ont jalonné sa vie.

« On parle trop du Mauriac journaliste »
« L’ouvrage est bâti autour des textes », continue des Garets. Son dictionnaire cite en effet souvent l’écrivain, surtout le fameux « Bloc-Notes », la chronique que Mauriac rédigea à titre de journaliste de 1952 à 1970 pour La Table Ronde, L’Express et Le Figaro Littéraire. »On parle trop du Mauriac journaliste », déplore pourtant des Garets en un paradoxe apparent. Mais selon lui, « Mauriac est d’abord un écrivain, homme de théâtre, poète, essayiste, et bien sûr romancier, qu’on retrouve complètement dans « Bloc-notes ». Cette chronique se rapprocherait plus des Essais de Montaigne que de l’article de journal, toutes proportions gardées ».

 (Petit dictionnaire) Mauriac, Eric des Garets, Editions Le Festin, 20 euros
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« Un homme multiple »
L’oeuvre de François Mauriac mélange les genres ; sa vie également. Car Mauriac, polémiste repenti, catholique sensuel, est « un homme duel, multiple, comme ses personnages », d’après des Garets : « il a vécu dans un conflit permanent entre la nature et la grâce ». Et Michel Suffran de citer l’écrivain à l’appui : « ma mère religieuse et mon père agnostique n’ont jamais cessé de combattre en moi ».Un déchirement que l’on retrouve dans nombre de ses prises de position, à contre-courant de sa famille de pensée, sur des sujets comme l’antisémitisme, par exemple. « Rarement voix catholique aura parlé avec un ton si juste, si humain de cette abjection, ce mal absolu qu’est l’antisémitisme », écrit des Garets. « Les rebelles nous sont nécessaires. Il faut des dissidents. Et Mauriac a été l’un d’eux », résume Michel Suffran.

« Un poète qui écrit des romans »
« À Malagar, je l’ai vu embrasser l’écorce du gros chêne », se souvient Suffran. C’est aussi « un écrivain des saisons », que nous dépeint des Garets dans ce dictionnaire, parfois loin de l’image d’intellectuel engagé que l’on peut se faire de l’homme de lettres. L’auteur insiste, ici, sur les rencontres littéraires, souvent poétiques, qui ont marqué Mauriac.Maurice de Guérin, poète méconnu de la première moitié du 19ème siècle, « amoureux de la nature » lui aussi, y est présenté comme « le double pur de Mauriac ». « Lire Maurice de Guérin, c’est goûter à une part de la vraie vie, une vie qui ne s’en est jamais allée, et qui chasse, par intermittence, le bruit du temps », écrit des Garets, qui nous rappelle ainsi, si besoin était, qu’il est lui aussi un écrivain au contact du monde sensible. Les pages consacrées à Baudelaire s’ouvrent d’ailleurs sur un alexandrin blanc paraphrasant Mauriac : « Au sortir du collège survint Baudelaire », en clin d’oeil, sans doute, à l’auteur des Fleurs du Mal. Les définitions proposées par ce (Petit dictionnaire) Mauriac pourraient peut-être se lire comme de petits poèmes en prose…

« Petit dictionnaire Mauriac », Eric des Garets, Editions Le Festin, 20 euros

Léo Peresson
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