Ménigoute : Moteur pour la 35e édition du Festival International du Film Ornithologique


FIFO
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 30/10/2019 PAR Julien PRIVAT

Ce mardi 29 octobre. Ménigoute est en pleine effervescence. Sous le chapiteau du forum de 3 000m2, les 200 bénévoles s’affairent pour les derniers préparatifs, notamment dans les stands des exposants. Dominique Brouard, est toujours là, motivé comme chaque année. Le fondateur du Festival International du Film Ornithologique (FIFO) de Ménigoute et directeur de l’association organisatrice Mainate, s’apprête à vivre la 35e édition. « Vous voyez autour de nous, ça s’agite. Il y a beaucoup de jeunes qui donnent énormément d’énergie pour que tout soit prêt ». Car dans un peu moins de quatre heures, le festival va ouvrir et animer jusqu’au dimanche 3 novembre ce village de l’Est des Deux-Sèvres. L’an dernier, près de 25 000 personnes étaient venues assister à ce festival animalier unique en France :  cette semaine, les organisateurs espèrent en accueillir autant. 

Lieu emblématique de l’événement : la salle de projection de 1 100 places ! Où « tout est à voir » selon le directeur de l’association. Soit 48 documentaires, dont 10 courts-métrages. Tous ont un point commun, ils parlent de la nature et des espèces animales qui la composent. Parmi les films en compétition, il y a celui d’un habitué, déjà primé à trois reprises, Jan Haft, One in thousand (séance du 31 octobre à 21 heures), qui parlera d’écosystèmes ; des documentaires d’anciens élèves de l’IFFCAM (Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier de Ménigoute) comme La mécanique du coucou, réalisé par Nicolas Cailleret ou encore celui diffusé en d’ouverture Fort CaracTerre, de Hugo et Nathan Braconnier.

Un film qui raconte le bocage                                                

De quoi les flatter un peu, ces frères originaires de Soudan (Deux-Sèvres). « C’est chouette, confirme Hugo, le coréalisateur. Nous allons montrer un film sur notre nature. Habituellement, dans les films animaliers, les gens voyagent… mais là ce sera local » À moins de 20 kilomètres de Ménigoute, le documentaire aborde l’histoire d’une terre bocagère de 25 kilomètres carré. Un petit endroit où se mélangent activités agricoles et vie sauvage. « L’hiver, la terre y est gorgée d’eau et, l’été, sèche ». Les deux frères ont choisi de raconter leur histoire du point de vue de la terre. Eux qui ont la culture de l’élevage : leur mère est agricultrice. Elle élève des chèvres pour le lait et des moutons pour la viande. Même si Nathan est déjà aide exploitant familial, Hugo, qui donne parfois des coups de main, projette de rejoindre l’exploitation familiale à la retraite de sa mère dans quatre ans. Leur film, a demandé quatre années de travail . « L’idée était de filmer aussi bien les animaux sauvages que domestiques et les agriculteurs. Ceux qui se partagent ce bocage. Nous avons pris le temps d’expliquer à tout le monde, agriculteurs, gens du village notre projet. Certains ce sont même mis après coup à observer la nature avec leurs jumelles », poursuit Hugo Braconnier. « Nous sommes contents du résultat. Nous l’avons fait pour qu’il soit vu et qu’il tourne en région ou même en France ». Cependant, Hugo et Nathan Braconnier ne courent pas forcément après les prix… leur réalisation est un mélange poétique, sensible et engagé. Ils sauront toutefois si leur travail est récompensé samedi 2 novembre au soir lors de la proclamation des prix. « Il y a plein de choses à voir, le programme est remarquable comme chaque année » promet Dominique Brouard. 

Expos et randonnées 

Des expositions sont également programmées, à la fois sous le chapiteau et à la chapelle Boucard. Cette année, l’invité d’honneur est le photographe local, Laurent Baheux. Ses clichés en noir et blanc  sont exclusivement consacrés à la nature et à la faune. Il parvient à saisir des instants de la vie des bêtes. Des conférences sont également organisées et puis quand on demande au fondateur du festival, Dominique Brouard de nous donner quelques conseils il nous guide vers les sorties découvertes. Du mercredi 30 octobre au dimanche 3 novembre, quatorze sont proposées dans le département des Deux-Sèvres et même jusqu’en Charente-Maritime (Iles de Ré et d’Oléron). Mais, ses deux conseils concernent une sortie sur Les Trognes, arbres paysans,  animée par un spécialiste, l’auteur et dessinateur, Dominique Mansion (tarif de 10 euros, rendez-vous samedi 2 novembre à 10h devant la mairie de Ménigoute). « J’ai préparé la sortie avec lui et il raconte l’histoire de notre paysage. Finalement, nous nous rendons compte que tous les arbres ont une histoire. » Autre sortie à ne pas manquer, celle sur les fougères, animée par Michel Bonnessée, botaniste (tarif de 10 euros, rendez-vous dimanche 3 novembre à 10h devant la mairie de Ménigoute). « Elles sont si petits et insignifiantes et pourtant importantes dans notre éco-système », commente Dominique Brouard. Un festival « actif » qui permet aussi de découvrir un peu plus la nature de la région.

Dominique Brouard n’est pas seulement directeur de l’association Mainate et fondateur du festival. Parfois, il passe à l’écriture. Il est le co-auteur du Cas de castor réalisé par Basile Gerbaud. Ce documentaire (hors compétition, diffusé le 1er novembre à 14h30) montre l’exemple du retour sur la plupart des rivières d’une espèce qui a failli disparaître en France. « C’est une belle histoire. Des castors, il en restait seulement au niveau du delta du Rhône vers la Camargue. Ils sont revenus progressivement dans la vallée du Rhône et ses affluents. Il a été réintroduit dans les années 1970 du côté de Blois à la reconquête du bassin de la Loire. Maintenant, il arrive même chez nous en Deux-Sèvres vers Thouars, Airvault ou encore Parthenay où il est présent autour de certains cours d’eau », explique avec passion Dominique Brouard. 

Des ateliers participatifs 

En partenariat avec l’Agence Française pour la Biodiversité, des ateliers participatifs vont être tenus. « Notre public est souvent intéressé par la nature, la biodiversité. Ils y sont initiés alors que certains refusent de regarder la réalité en face et contestent le réchauffement climatique. Le sens du festival est d’essayer de contribuer à apporter des solutions », justifie Dominique Brouard. Ce jeudi 31 octobre de 14h30 à 16h30, il sera question des imaginaires de la biodiversité. Ce sera une sorte d’atelier d’écriture collective autour de la question du futur, de l’évolution de la nature, de la place de l’homme. Il sera possible d’écrire des lettres, des articles de journaux ou tout autre chose originale. Le vendredi 1er novembre sera proposé un biolab. Un laboratoire avec des discussions, des échanges sur la biodiversité et les problèmes environnementaux. Ces échanges seront repris pour le congrès mondial de la nature de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) organisé à Marseille du 11 au 19 juin 2020. 

En attendant, pour découvrir cette nature et ceux qui la composent, il suffit de se rendre au festival international du film ornithologique de Ménigoute jusqu’au dimanche 3 novembre. « Voir un film animalier sur grand écran, c’est rare et appréciable », sourit Dominique Brouard. 

Plus d’infos : www.menigoute-festival.org

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