Emmaüs Connect se branche à Bordeaux


RB

Emmaüs Connect se branche à Bordeaux

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 11/06/2017 PAR Romain Béteille

En France, on connaît surtout Emmaüs pour son rôle de récupération, de remise en état et de distribution d’objets issus de dons. C’est sa formation historique, mais elle n’est bien évidemment pas exclusive, tant l’association fondée en 1954 par L’Abbé Pierre recouvre de branches différentes. En Gironde et sur la métropole bordelaise, par exemple, elle en compte trois : les branches communautaire, action sociale et logement et enfin celle de l’économie solidaire et de l’insertion. Le 8 juin dernier, un nouvel acteur d’ordre national, Emmaüs Connect, a inauguré officiellement l’ouverture de son agence bordelaise, située dans le quartier « politique de la ville » des Aubiers. Ouverte en réalité il y a trois mois, il s’agit en réalité de la neuvième agence en France dirigée par cette branche particulière du mouvement Emmaüs, après des implantations notamment à Paris, Grenoble, Lyon ou Marseille. Son objectif est simple et clair : favoriser l’insertion en luttant contre l’exclusion numérique. 

Fonctions et système

Il s’agit évidemment d’un sujet qui préoccupe de nombreuses associations et organismes publics aujourd’hui, rendant difficile les objectifs de dématérialisation des démarches aux quelques 13 millions de français se déclarant en difficulté avec le numérique. Pour autant, on l’a dit, Emmaüs Connect n’a pas la même construction que l’antenne départementale, notamment parce qu’elle fait aussi appel aux financements d’entreprises privées. La responsable de l’antenne bordelaise, Alice Chupin, nous en dit d’avantage sur sa construction locale. « L’association a été créée en 2014 et son objectif est de transmettre des compétences numériques de base aux personnes en difficulté et en situation de précarité pour les rendre plus autonomes sur cette question », dit-t-elle en guise de pitch de départ. Mais alors, par quoi passe cette adaptation ? « Essentiellement par de la formation mais aussi des coups de pouce sur de l’équipement ou la vente de recharges ». Fait notoire à souligner, le partenaire historique d’Emmaüs Connect est l’opérateur mobile SFR, les autres étant pour l’instant absents de l’équation. L’entreprise apporte un soutien en finances mais aussi en équipement (elle propose par exemple à tous ses abonnés de souscrire à une « option solidaire » d’un euro par mois reversé à l’association. 

Soutien local

Mais il n’est pas le seul acteur à avoir contribué à cette arrivée bordelaise, qui a par ailleurs des visées bien plus régionales que locales. « Pour Bordeaux, la mairie nous a aidé dans notre implémentation depuis deux ans et le local a été mis à disposition par un bailleur (Domofrance). Le fait d’être dans un quartier politique de la ville a bien sûr plus de sens pour nous, mais notre action ne lui est pas pour autant uniquement dédiée », commente Alice Chupin. Une affirmation confirmée par Alexandra Siarri, adjointe au maire de Bordeaux en charge de la cohésion sociale et territoriale. « Ce n’est pas destiné uniquement au public des Aubiers. Cela dit, nous avons choisi d’aider Emmaüs Connect à s’implanter ici car je trouve qu’il y a une bonne dynamique avec des gens qui travaillent beaucoup sur la jeunesse et le numérique. Ça faisait vraiment sens pour Emmaüs Connect de se loger ici par rapport au projet de renouvellement urbain ».

« On rentre tout à fait dans la fonction du Pacte, notamment sur la manière dont les solidarités peuvent se nouer à l’échelle d’un quartier et le lien entre les différentes associations, le Node ou Aquinum. Le numérique peut-être un levier pour accéder à des droits, mais à travers ce maillage il peut être bien d’avantage ». Le Pacte de Cohésion Sociale et Territoriale, lancé en 2014, a d’ailleurs présenté en mai dernier les 177 projets de sa troisième vague, pour un budget total de 595 00 euros. Budget dont fait partie Emmaüs Connect, soutenu à la fois par la ville (10 000 euros dans le cadre du Pacte) et la métropole (un peu plus de 22 000 euros en tout), et ce sans compter les subventions privées. 

Objectif : déploiement

Pour ce prix là, que vise-t-on ? Nous avons obtenu quelques éléments de réponse sur les objectifs de l’association à Bordeaux. « On va vraiment mettre l’accent sur la formation pour éviter d’être uniquement sur de l’accès. On a vraiment vocation à s’intégrer dans l’écosystème existant. Le but, ce n’est pas de faire tout seul, le problème est très vaste », commente Alice Chupin. « Actuellement, on propose deux types d’ateliers : l’initiation qui dure deux heures et demie et qui est un atelier en groupes de six à huit personnes et les permanences connectées, qui elles durent une heure et demie. On va prochainement développer les « Appli Hour », qui seront de petits ateliers permettant de savoir utiliser des applications mobiles de base que les gens ne connaissent pas forcément ». Des ateliers, donc, mais aussi un coup de main dans la gestion des impayés et d’autres actions plus larges, comme le confirme Margault Phelip, directrice adjointe de l’association.

« On veut que ça soit un levier d’insertion supplémentaire pour un public déjà suivi par un centre social. Actuellement, on dispose de huit bénévoles et de deux personnes en service civique. On a pu confirmer que les jeunes avaient beaucoup de choses à apprendre aux autres, l’erreur ça aurait été de les recruter parce que ce sont des geeks. Quasiment un sur deux devient bénévole, c’est le meilleur indicateur d’intérêt et ça peut contribuer à leur projet professionnel. J’espère qu’on en aura d’avantage bientôt en faisant appel aux gens du quartier et de la ville pour venir donner un coup de main ». Y compris par le biais de la présence de « mascottes » ou, moins péjorativement, de « porte-parole » comme les Girondins de Bordeaux. « C’est un soutien symbolique et un engagement à soutenir notre cause qui dédramatise un peu le sujet et permet d’aller chercher des jeunes en difficultés, qui ne poussent pas forcément notre porte pour demander de l’aide, de manière différente ». 

Depuis son ouverture il y a trois mois, l’antenne bordelaise d’Emmaüs Connect affirme accompagner environ une centaine de bénéficiaires et travailler avec une vingtaine de structures sociales (associations, centres sociaux, ect.) « pour orienter les habitants vers des parcours d’initiation au numérique). Elle voudrait en accueillir 1000 d’ici 2018, pas impossible en sachant qu’au niveau national, elle en a accueilli entre 28 et 30 000 dans ses huit autres antennes. Les permanences, animées plusieurs fois par semaine, visent donc un public plus large mais bénéficiera évidemment aux habitants du quartier des Aubiers qui souhaiteraient se refaire une santé numérique. L’objectif évident d’Emmaüs Connect, c’est de grandir et de toucher le plus de monde possible, et visiblement les subventions publiques et privées ne suffiront pas à l’atteindre. L’association a lancé, via la plateforme Hello Asso, une campagne de financement participatif, notamment pour « créer une équipe mobile » afin d’initier les plus isolés. Lancée il y a quelques jours avec un objectif de 20 000 euros, elle en a pour l’instant récolté 2930. 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle !
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles