Ecobuages en Pyrénées-Atlantiques : les leçons du feu


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Ecobuages en Pyrénées-Atlantiques : les leçons du feu

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/01/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Il est des réalités que l’on ignore parfois. Terres d’élevage, les Pyrénées-Atlantiques concentrent à elles seules la moitié des espaces naturels où l’écobuage est organisé en France. Ce qui représente à peu 150 000 hectares d’estives et de landes.

Cette pratique a un but précis, explique Jean-Michel Anxolabehere, le président de la Chambre d’agriculture. « Elle consiste à entretenir tous les deux ou trois ans les espaces de pâtures en y brûlant les végétaux qui n’ont pas été consommés par les troupeaux. Ce qui permet de régénérer la végétation et d’obtenir un fourrage plus appétant ».

Réalisés de manière bénévole par les bergers, les écobuages réalisés dans la partie occidentale des Pyrénées ont un coût de 3 € à l’hectare, poursuit-il. Rien à voir avec les 1 000 euros à l’hectare demandés dans d’autres régions.

Quant à leur utilité, elle est évidente : « Il faut que l’opinion publique comprenne que, si on ne fait pas appel à cette technique de manière régulière, l’embroussaillement des pentes rend les choses plus compliquées et présente des risques. Car la végétation à éliminer devient plus dense ».

Plus de cent communes mobiliséesAfin d’éviter que se reproduise le drame survenu voici une quinzaine d’années à Esterençuby, au Pays Basque, où 5 randonneurs avaient été piégés par les flammes,  tout une organisation a été mise en place sur le terrain.

Depuis 15 ans, de nombreuses communes se sont organisées pour éviter les Un schéma départemental a été élaboré avec l’aide de tous les acteurs concernés : services de l’Etat, sapeurs-pompiers, élus de montagne, chambre d’agriculture. Il indique aujourd’hui de manière précise la manière dont ces feux doivent être déclenchés  et contrôlés.

Sur le plan local, des commissions d’écobuage, autorisées par le préfet et placées sous l’autorité des maires, autorisent ou non les mises à feu. Tandis qu’un comité de pilotage constitué au niveau départemental délivre des consignes techniques et permet de coordonner l’ensemble de ces actions. Tout cela étant, bien sûr,  accompagné d’une veille météo.

« Actuellement, plus d’une centaine de communes des Pyrénées-Atlantiques sont dotées d’une commission locale d’écobuage » rappelle le député Jean Lassalle, qui préside l’association des élus de montagne (ADEM).  « L’objectif est de maîtriser au mieux les opérations d’écobuage mais également de réduire les surfaces susceptibles d’être touchées de manière accidentelle par le feu et les incendies de forêt ».

Des règles qui portent leurs fruits La méthode a du bon. Car les choses progressent au fil du temps. Même si des incidents demeurent. Un exemple : l’an passé, pour des raisons diverses, 25 hectares de forêt ont été attaqués par les flammes. En 2002, on en dénombrait 5 000 hectares.

D’autres chiffres parlent également d’eux-mêmes. Sur les 120 interventions effectuées par les sapeurs-pompiers en toute fin d’année dernière, 57 ont concerné des communes de plaine ou de coteaux qui ne se trouvaient pas dans la zone d’intervention du comité de pilotage.

« Une vingtaine de feux, survenus le plus souvent dans des jardins où l’on brûlait des végétaux ou des papiers mis en tas ». Par contre 18 feux « d’origine malveillante » ont été allumés en forêt, tandis que 11 feux pastoraux n’ont pas été précédés d’un appel téléphonique passé aux pompiers le matin de leur déclenchement.

Les « débordements » d’écobuages autorisés et organisés de manière réglementaire, eux, se résument à … 0.

Des zones blanches et des maires à convaincreTous les problèmes ne sont pas réglés pour autant. Car des trous demeurent dans le dispositif. Des communes  n’adhèrent pas au schéma mis en place dans les Pyrénées-Atlantiques. « Certains de leurs habitants ont encore du mal à comprendre pourquoi on met le feu. Les maires, eux,  sont tiraillés entre les éleveurs qui veulent que la montagne soit nettoyée, et une partie de l’opinion qui ne le souhaite pas ».

Dans les mois qui viennent, des contacts vont donc être noués par les membres du comité de pilotage avec les élus locaux qui manquent encore à l’appel. La possibilité de donner une plus grande souplesse d’intervention aux maires de communes difficiles d’accès est également à l’étude. Tout comme on envisage de sensibiliser les associations d’usagers de la montagne à l’utilité de l’écobuage.

L’Etat, lui, durcit le ton. En décembre dernier, plus de 200 hectares de landes ont été détruits par des écobuages non autorisés, rappelle-t-il. « L’inconscience de leurs auteurs sera regardée avec la plus grande sévérité » annonce la préfecture. « Des enquêtes judiciaires, menées par le Parquet, sont en cours pour déterminer les responsabilités dans ces événements ».

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